labrys, études féministes/ estudos feministas
janvier /juin 2011 -jameiro /junho 2011

Partir…

Isabelle Vayronde La Moureyre.

Tournée Explo, 2009

Lorsque j’étais petite, je rêvais de parcourir le monde, d’aller voir ailleurs comment les gens vivent, je voulais PARTIR. Persuadée qu’ailleurs, c’était forcément plus intéressant qu’ici. Ici, c’était Lille, une jolie ville, mais souvent sous la pluie. Une ville où la nature environnante ressemblait tellement peu aux images exotiques que je découvrais dans les reportages : des images de forêts, d’océans, de steppes, de montagnes. Des images de vies différentes, complètement différentes : tribus nomades, huttes en terre, maisons isolées, architectures étonnantes. Oui, décidemment, comme dit Zénon dans l’Oeuvre au noir, il faudrait être fou pour ne pas faire le tour de sa prison.

Avec les années, cette envie d’ailleurs s’est faite plus impérieuse. Mais j’ai écouté sagement les conseils qu’on me donnait : « passe ton bac, obtiens des diplômes, on verra après. »

Lors de mes études de journalisme, d’immenses crises de doute m’ont ébranlée. J’ai senti que le métier de reporter était un métier convoité, difficile, précaire. On m’a suggéré de faire d’abord mes armes dans la presse locale. Mais j’ai constaté que même dans la presse locale, mes amis peinaient pour trouver un emploi. C’était déjà la crise et j’ai compris que, quel que soit le métier qu’on choisisse, c’est compliqué de trouver du travail. Alors j’ai décidé, quitte à me battre, de lutter pour faire ce que je voulais, ce qui me faisait vibrer.

Choisir

Étant passionnée par les chevaux, je voulais rejoindre ceux qui travaillent à cheval, dans les pays du bout du monde. Mais comment faire sans argent ? J’ai appris qu’il existait des bourses de l’aventure. J’ai rempli les dossiers tout en doutant : Et si je ne gagne pas ces bourses ? Où aller  et comment faire sur place ? Y arriverai-je ? J’ai failli abandonner, convaincue que mes rêves étaient bien trop égoïstes pour qu’on m’aide à les réaliser... J’ai choisi de ne pas laisser les doutes remporter la partie.

Parallèlement, j’ai trouvé un stage dans une agence photo et, comme je brûlais de partir, le rédacteur en chef a accepté que j’accompagne un photographe qui voulait réaliser un sujet sur le Gange, en Inde. Une fois sur place, le photographe a décidé de payer un mendiant pour l’emmener des sources du Gange jusqu’à Bénarès et il a exigé que j’écrive le récit – bidonné – du « Pèlerin du Gange. »

« Les gens ont besoin qu’on leur raconte une histoire et on n’a pas le temps de trouver un vrai pèlerin qui fera ce pèlerinage à notre ryhtme. Cesse d’être naïve, ce qu’on lit dans les magazines, ce n’est pas toujours exactement la réalité. »

J’ai écrit ce faux témoignage, et le rédacteur en chef, sachant que tout était inventé, m’a d’abord sermonnée sur mon manque de déontologie, devant le photographe hilare. Puis, en voyant ma mine déconfite, il m’a tapé dans le dos : « Allez Isabelle, bienvenue dans le monde du journalisme ! »

Ce n’était pas du tout la vision que j’avais du reportage, et heureusement, ce n’est pas la réalité, pas toujours. Mais j’ai décidé que dorénavant, je partirai sur mènerais moi-même mes projets, pour réaliser les reportages que j’avais envie de vivre, et qu’ensuite, seulement, je chercherais à les publier.

Réaliser

Peu après, j’ai gagné la Bourse de l’Aventure de la Mairie de Paris, et la bourse Défi Jeunes. Grâce à cela, j’ai pu m’acheter mon premier « vrai » appareil photo, un EOS 5 argentique, et partir réaliser ce rêve : photographier les cow-boys du Pacifique, galoper avec eux et montrer comment ils vivent.

Ce voyage a dépassé tout ce que j’avais imaginé. Dès le premier jour, j’ai décidé de faire confiance au hasard, et les hasards me l’ont bien rendu. En Nouvelle-Calédonie, en faisant du stop, j’ai entendu parler d’une tribu qui vivait volontairement à l’écart du monde, et, après moult péripéties pour m’y rendre, je me suis retrouvée sur un cheval fraîchement capturé, avec 5 cavaliers kanaks qui frayaient leur chemin dans la jungle. Le soir, ils pêchaient des écrevisses à la sagaie, ou chassaient un cerf pour avoir de la viande. La journée, ils descendaient parfois de selle pour coller leur oreille au sol et deviner ainsi où se cachait le bétail. Comment aurais-je pu rêver de vivre cela ? Je n’avais pas non plus imaginé qu’en Australie, je tiendrais 12 secondes, au rodéo, sur un taureau de 1200 kilos nommé « Assassin ». Grâce à cette performance, j’ai pu être accueillie dans un ranch tellement immense que le propriétaire est venu me chercher en avion, en me donnant rendez-vous à la station-service la plus proche.

Découvrir, et se découvrir

Mais le plus important, bien sûr, se situe au-delà de toutes les anecdotes. Le plus important, c’est d’être stupéfait soi-même de voir à quel point tout cela est facile. À quel point, une fois lancé, on trouve l’énergie pour avancer joyeusement, dopé par toutes ces découvertes, enrichi par les rencontres, l’étonnement, la manière dont les solutions apparaissent dès qu’un problème se pose.

Bien sûr, aimer partir à l’aventure, c’est aussi une question de tempérament. Mais c’est surtout le choix inégalable de ceux qui en ont fait l’expérience, et qui ont pu voir à quel point les surprises de l’inattendu valent bien le confort des voyages organisés. Par ailleurs, dans les pays qui nous fascinent, on pourrait presque tracer la frontière invisible entre les zones où les touristes débarquent en groupe, et les lieux moins connus, moins accessibles, où les habitants vous perçoivent comme un autre humain, et non comme un portefeuille sur pattes. Mais cela, c’est un autre débat.

Si jamais mon expérience pouvait servir à d’autres, j’aimerais d’abord qu’elle donne de la force à ceux qui veulent partir, au moment précis où ils en ont le plus besoin, c’est-à-dire avant le départ, lorsque tout nous paraît difficile, compliqué, insurmontable. Une fois lancés, la force, ils la trouveront en eux, j’en suis sûre je ne me fais pas de soucis. Le plus dur, c’est toujours avant de partir.

Peur et danger

À force de discuter avec d’autres voyageurs, je finis par être persuadée que lorsqu’on est en route, une sorte d’instinct se développe, pour nous aider à réagir dans les situations compliquées, dangereuses.

Personnellement, comme toutes les femmes sans doute, la vie m’a appris à savoir éconduire poliment les hommes qui me voient comme une proie appétissante, mais lorsqu’on est au bout du monde, ou, plus simplement, dans un endroit isolé des regards, tout peut se transformer très vite en cauchemar. Et, à mon propre étonnement, je me suis vue réagir « comme il fallait » à des moments où il aurait suffit que je montre ma peur, ou que je tarde à réagir, pour que ce soit trop tard. Pourtant, la peur était bien là : j’ai même pu l’entendre, en Iran, dans une chambre où le maître de maison venait de me réveiller en soulevant ma couverture : sans même réfléchir, je me suis immédiatement mise à hurler, vociférer, l’insulter en français jusqu’à ce qu’il sorte de la pièce… Après son départ, j’ai entendu mes dents claquer de trouille, le bruit résonnant dans toute la chambre.

Une autre fois, en faisant du stop, je me suis retrouvée coincée dans une voiture, en pleine nuit, seule avec un homme qui avait arrêté son moteur pour commencer à me tripoter toucher. Là, j’ai senti qu’il fallait m’armer de patience, remettre sa main sur le volant, inlassablement, car crier risquait de l’affoler et le pousser à me frapper. Pendant une demi-heure, j’ai donc refusé fermement qu’il me touche, furieuse, mais calme, jusqu’à ce qu’enfin, il s’excuse et redémarre.

Ces deux hommes ont un point commun : ils sont persuadés que les femmes occidentales n’ont aucune vertu, et qu’ils peuvent donc abuser d’elles. Beaucoup pensent cela. Mais ce ne sont pas des criminels, il suffit de réagir immédiatement et résolument, et le risque est passé. Une fois de plus, ce sont les voyages, bien plus que ma routine citadine, qui m’ont donné cette confiance et cette capacité de réaction.

Alors, parfois, on me dit : « mais tu es naïve, quand même, tu as eu de la chance qu’il ne te soit rien arrivé ! » Personnellement, je suis persuadée qu’il ne m’est rien arrivée parce que je suis (faussement) naïve, et que je préfère partir du principe que j’ai confiance plutôt que de choisir de me méfier.

Les hommes sont parfois comme les chiens : si vous montrer votre peur à quelqu’un d’agressif, alors il vous attaque, car vous vous désignez comme victime. Peut-être que c’est facile à dire, que la peur ne se maîtrise pas, mais la peur est avant tout une petite voix qui nous paralyse peu à peu sous prétexte de nous éclairer sur le danger : l’expérience m’a appris à déconnecter cette petite voix pour me concentrer sur la manière de réagir, de ne pas montrer la moindre ambiguïté dans mon attitude. Et s’il ne m’est rien arrivé, c’est sans doute parce que je n’ai pas croisé la route d’un psychopathe ou d’un criminel, mais dieu merci, il n’y en a pas plus ailleurs qu’ici, et il n’y en a pas tant que cela !

J’ai passé des années à m’entendre dire que « l’homme est un loup pour l’homme », et pourtant, j’ai été accueillie partout, ou presque, avec douceur et générosité. Puis j’ai traversé des dizaines de frontières en entendant : « de l’autre côté, c’est dangereux, ils ne sont pas comme nous, n’y allez pas. » De l’autre côté, pourtant, les belles rencontres s’enchaînaient. Même si certains conseils sont bons à écouter, les préjugés sont bien plus dangereux que les hommes.

Douleur universelle

Lorsque j’ai commencé à travailler pour « 6 Milliards d’Autres », le magnifique projet lancé (entre autres) par Yann Arthus-Bertrand, j’avais l’impression d’avoir décroché le gros lot : être payée pour partir poser des questions essentielles à des gens complètement différents, aux quatre coins du monde. Que rêver de mieux ?

J’ai travaillé sans relâche, captivée par ce que j’entendais, dans l’empathie et l’échange. Et au bout d’un an, j’ai pris conscience que j’accumulais une immense douleur, dont je ne savais que faire, et que je n’avais jamais le temps de digérer : revenir des USA, d’Afrique du Sud ou du Mexique, où tant d’interviewés me parlent de violence, d’alcool et de pauvreté, pour repartir dans les Balkans, où les victimes de guerre racontent avec pudeur le massacre qui les a frappées dans l’indifférence internationale, pour filer ensuite au Japon, où des hommes me confient comment ils peinent à communiquer avec leurs propres enfants, puis repartir, encore et toujours, entendre d’autres douleurs, d’autres souffrances, infimes ou insoutenables, mais toujours ravageuses pour celui qui les vit ; Accumuler toutes ces confessions ne laisse pas indemne.

Certes, parfois, les interviews étaient légères et joyeuses… mais bien souvent, en proposant cet étrange voyage intérieur, l’entretien exhumait « du lourd ». Et l’interviewé se rendait compte qu’il n’avait jamais parlé de tout cela à qui que ce soit. « A qui aurais-je pu en parler ? »

Toute cette douleur, et l’incroyable variété de manières de la surmonter, m’ont poussée à m’interroger : pourquoi certains rayonnent-ils, alors qu’ils ont vécu des cauchemars, et pourquoi d’autres ne se remettent-ils jamais d’une souffrance qui pourrait sembler dérisoire ? Il n’existe pas de réponse infaillible, mais c’est indéniable que, tant qu’on n’a pas fait la paix, en soi, qu’on n’a pas digéré ses propres douleurs, elles risquent de rejaillir sur les autres, par le biais de paroles destructrices ou sous forme de violence directe.

J’en suis convaincue, et ce n’est pas une découverte, car c’est déjà ce que disait Confucius, il y a 25 siècles :

« Pour mettre de l’ordre dans le monde, nous devons d’abord mettre la nation en ordre ; pour mettre la nation en ordre, nous devons d’abord mettre la famille en ordre ; pour mettre la famille en ordre, nous devons cultiver notre vie personnelle. Et pour cultiver notre vie personnelle, nous devons clarifier nos cœurs. »

Après dix années de voyages, dix années de rencontres, des milliers de rencontres, j’ai ressenti le besoin de me poser, pour digérer justement, faire un peu le point de ce que j’avais cru comprendre, et de ce qui, peut-être, pourrait servir à d’autres.

Je sais avant tout que, malgré des périodes de doutes destructeurs, de déprimes, de vaches maigres, malgré les moments durs, je bénis le ciel d’avoir écouté mes rêves, et de m’être donné les moyens de les réaliser. Depuis toute petite (peut-être parce que j’ai failli mourir d’une chute grave, à 5 ans), j’ai toujours eu peur de passer à côté de ma vie, de regretter un jour de ne pas avoir fait les bons choix. Cette conscience aiguë me pousse à me demander : « est-ce que je fais ce que j’ai envie de faire ? »

N’est-ce pas une question essentielle ?

Jusqu’ici, cela me paraissait évident, comme à Zénon, qu’il me fallait « aller voir ailleurs », voyager. J’ai compris très récemment à quel point c’était une nécessité vitale, chez moi, pour guérir une blessure enfouie ( ? ). Et je suis aujourd’hui persuadée que si je n’avais pas comblé ce besoin, j’aurais fait payer mes frustrations à mes proches, consciemment ou inconsciemment.

Quoi qu’il en soit, aujourd’hui, je me sens apaisée côté voyage, mais bouillonnante, décidée à agir, à combattre le fatalisme : si j’ai été bouleversée par toute la douleur entendue, sur les cinq continents, j’ai aussi été frappée par l’étendue des dégâts écologiques. Partout. En Afrique, en Europe, aux Amériques, en Asie, en Océanie, partout, j’ai constaté ou entendu la même chose : déforestation (entraînant l’érosion et des changements microclimatiques), problèmes d’eau potable, terres épuisées nécessitant toujours plus d’engrais, extinction d’espèces… J’ai fini par me procurer le DVD du remarquable exposé d’Al Gore, « Une vérité qui dérange », pour comprendre ce qui nous arrive, à nous tous, tous ces 6 Milliards d’Autres qui peuplons la Terre.

Agir

Yann Arthus-Bertrand m’a demandé, en juillet 2009, d’aller faire des interviews sur le changement climatique au Bengladesh, pour comprendre justement ce que signifie le « changement climatique », dans les pays qui sont frappés. D’autres équipes étaient envoyées dans d’autres pays très touchés, sur les six continents (Antarctique compris).

Ces interviews sont destinées notamment à la conférence de Copenhague, où les pays membres de l’ONU doivent prendre les mesures qui s’imposent pour éviter la catastrophe écologique mondiale.

Au Bengladesh, j’ai cru m’enfoncer dans un scénario de science fiction. J’ai vu des régions de rizières devenir stériles (c’est irréversible) à cause du sel marin qui pénètre les terres à chaque typhon. J’ai appris la multiplication des catastrophes naturelles, à cause du réchauffement des mers (l’évaporation démultiplie la violence des vents en cas de tempête). J’ai constaté que les fermiers, devenus chômeurs, vendaient du bois au bord des routes, pour survivre, et ce bois vient des Sunderbans, la plus grande réserve de mangrove du monde, qui aujourd’hui se meurt. Les derniers tigres du Bengale, dont les proies ont été décimés par ces mêmes ex-fermiers, s’attaquent aux hommes à une fréquence inouïe.

J’ai appris qu’après chaque catastrophe, les trafiquants d’êtres humains viennent proposer du travail bien payé aux jeunes, promettant monts et merveilles à leurs parents : les filles finissent dans les bordels de Calcutta, ou d’ailleurs, et les garçons sont vendus comme main d’œuvre à très bas prix, pour ne pas dire « esclaves ».

J’ai entendu, partout dans le pays, les habitants m’expliquer à quel point les saisons ont disparu, et avec elles, la possibilité de planter des récoltes adaptées : pluies violentes pendant la saison sèche, manque d’eau pendant la saison humide : les caprices du climat détruisent la bonne volonté des paysans. Beaucoup m’ont dit à quel point ils craignaient la sécheresse, car ils la sentent devenir plus oppressante année après année. Lorsqu’on entend cela les pieds dans l’eau, dans le pays le plus inondé du monde, cela fait froid dans le dos.

Enfin, j’ai rencontré, dans les bidonvilles de Dhaka, ces fameux « réfugiés climatiques », ces familles dont la maison a été engloutie à cause des catastrophes naturelles.

L’ONU prévoit 250 millions de réfugiés climatiques pour 2050. Prenons-nous conscience de l’ampleur de ce chiffre ?  Les hauts responsables bengladais veulent désormais demander aux pays producteurs de gaz à effets de serre d’accueillir les 30 millions de réfugiés climatiques bengladais. Ce n’est pas par provocation, mais parce qu’ils n’ont pas le choix : le Bengladesh est le pays le plus densément peuplé du monde. On ne peut pas empiler les réfugiés les uns sur les autres. Et les catastrophes naturelles qui entraînent l’exode de ces millions de réfugiés ne sont pas dues aux Bengladais, mais à nos pays développés. Assumons les responsabilités de notre développement, et de notre consommation effrénée.

On peut nier la responsabilité de l’homme dans les bouleversements climatiques, si on le souhaite, mais pas si on s’informe. On peut également, une fois informé, penser que tout cela changera par la volonté politique, et quand « les autres » s’y mettront. On peut donc, en toute conscience, décider de ne rien modifier à nos comportements.

Personnellement, je suis atterrée par le fatalisme, l’immobilisme, l’inertie. Je comprends que nos petits actes paraissent dérisoires, face à l’immensité du problème, mais comment vouloir attendre des autres les changements que l’on sait indispensables ?

Aucun homme politique ne prendra de décision courageuse tant qu’il ne sentira pas ses électeurs réellement prêts au changement.

Certes, « si ce n’est pas moi qui prend cet avion, ce sera un autre », mais désormais, peu m’importe le comportement des autres dans les choix de consommation que je fais, car à mes yeux, c’est une question morale : j’essaye de m’interdire de prendre l’avion pour mes loisirs, j’essaye de prendre le vélo plutôt que la moto, à chaque fois que c’est possible, j’essaye de revenir à des produits d’alimentation locaux, et de manger moins de viande, j’essaye, et dieu sait si c’est dur, de ne plus acheter de produits jetables, bref, j’essaye vraiment de peser la conséquence de mes actes de consommation, quels qu’ils soient.

Et je ne le vis pas comme une privation, au contraire. J’ai besoin de sentir que je participe au changement, que je vais dans le bon sens, que mes enfants ne pourront pas me reprocher de n’avoir rien fait. Je suis ravie de boycotter les entreprises dont la politique écologique ou sociale me dégoûte débecte, bref, j’ai besoin de sentir que je ne nuis pas à la communauté humaine qui m’entoure.

Car ce qui importe, ce n’est pas de sauver la planète, qui existait bien avant nous, et qui existera bien après nous. L’important, c’est de ne pas laisser l’espèce humaine se fabriquer un enfer, dans un monde où les ressources naturelles auront été pillées, et dans lequel il faudra se battre pour partager les dernières gouttes, ou miettes. Avons-nous vraiment envie d’en arriver là ?

Chacun de nous, par ses choix de consommation, participe, ou non, à la construction de cet enfer. Voilà pourquoi chaque geste compte, chacun de nos choix compte,… voilà pourquoi il ne faut pas baisser les bras !

 

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