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Labrys LE FÉMINISME COMME PENSÉE DE LA DIFFÉRENCE Valeska Wallerstein Traduction : Marie-France Dépêche Résumé Si l´on pense de manière féministe, une différence doit obligatoirement apparaître. Cependant, le féminisme ne paraît pas être une pratique ou une forme de pensée dérivées du post-modernisme, du post-structuralisme ou de tout autre mouvement de pensée contemporain – tous revendiquant le statut de celui qui pense la différence. Même si la dette n´est pas reconnue, grand nombre de questions soulevées par les féminismes avant l´éclosion des discours post-modernes, reposent sur un sol commun. Dans ce sens, le mode de pensée féministe représente une sorte de mouvement d´avant-garde. Mots-clefs:féminismes, différence, avant garde En guise de début... Féminisme est un mot pluriel. Je soutiens que c´est du féminisme que vient cette pluralité des perspectives, des prises de position, des pratiques et des postures qui ensemble font qu´il se dissémine, se multiplie, se pluralise, se différencie. J´utilise ici le verbe « différencier » pour bien montrer que le féminisme comporte, accueille et retient en soi la différence, c´est-à-dire qu´il articule de manière positive la différence. Aujourd´hui, mon lieu de parole est celui de la philosophie ; c´est la raison pour laquelle j´essaierai de montrer comment le féminisme a surgi comme pensée de la différence. Si l´on se propose de faire l´histoire de la différence, il ne fait aucun doute que le féminisme aura sa place. La notion de différence que j´utiliserai vient du post-structuralisme et de sa branche communément appelée post-modernisme ; elle est une différence sans pareil, singulière, sans modèle régulateur, une différence qui n´a pas besoin de référence. Il ne s´agit pas d´une différence par rapport à. C´est une différence intransitive. Plusieurs auteurs-es comme Rosi Braidotti, Judith Butler, Julia Kristeva, Joan Scott, Gayatri Spivak, Gilles Deleuze, Michel Foucault, entre autres, se sont attachés à ne plus entrer dans les vieilles querelles qui tentent hiérarchiser la différence par rapport à une identité. Le féminisme est loin d´être « post » dans sa
totalité. Je le répète : il est pluriel. Plusieurs tentances et positions
sont liées à des mouvements politiques qui essaient de récupérer l´image
des femmes de leur oubli. Afin de les ramener des profondeurs de leur
effacement, il est nécessaire que ces groupes travaillent à Au long de ces quelques lignes, j´aimerais montrer que le féminisme représente l´une des voies de ce que j´appelle la pensée de la différence, sans pour autant être un dérivé du post-modernisme. Je reprendrai pour cela quelques points qui se réfèrent aux deux mouvements, où le féminisme contribue à une certaine critique de notre temps et tente de répondre à la question de Nietzsche : « comment devenons-nous ce que nous sommes ? ». La pensée féministe est-ellet fille du post-modernisme ? J´aimerais ici faire la défense du féminisme en ce qui concerne une « accusation » un peu trop fréquente, à savoir que la pensée féministe est fille aînée du post-modernisme.[1] Lorsque Lyotard évoquait le terme « post-moderne » afin de penser la condition qui serait celle des individus vivant au présent, il avait en tête quelques éléments comme : 1- une méfiance à l´encontre des méta-narratives ; 2- un manque de croyance en la légitimité des sources traditionnelles qui imposent leur autorité sur la connaissance (comme par exemple de la science et de l´État) ; 3- une incrédulité vis-à-vis des significations universalisantes ; 4- la croyance en une crise de la représentation qui remet en question la différence entre le réel et le simulacre : 5- la fragmentation et la décentralisation des identités sociales, culturelles et individuelles. Il est évident que Lyotard n´a pas créé la post-modernité, mais qu´il a seulement lancé le terme correspondant à un mouvement de l´époque. Créer un terme n´est pas seulement créer un mot, mais c´est aussi introduire un élément que l´on a coûtume d´appeler réel. Si Lyotard n´a pas créé la post-modernité, il a cependant créé un certain type de condition post-moderne en lançant ce terme. Cependant, tout ceci est très récent. Les années 70 ont connu les moments les plus forts de l´explosion des discours à l´origine des discussions sur la post-modernité. Alors que ce mouvement se développe de manière désorganisée et fragmentaire, les mouvements féministes s´étaient déjà organisés depuis longtemps. Je pourrais dire que toutes ces choses que Lyotard avaient en tête, en écrivant La condition post-moderne, faisaient déjà partie des thèmes et préoccupations des féministes qui, pour de nombreuses raisons (politiques principalement), ne s´étaient pas alliées à la post-modernité. J´aimerais rappeler ici quelques exemples qui montrent que les féministes, de toutes tendances, se sentaient concernées par ces questions, bien avant que Lyotard n´en commence la discussion. 1- Lors de leurs lectures critiques du patirarcat, des auteures comme Germaine Greer (1971), Kate Millet (1969), Robin Morgan (1984) et Carole Pateman (1993), ont pris soin de ne pas transformer ce patriarcat en une structure naturalisante. Elles décrivent cette structure patriarcale comme étant forgée au profit de certains intérêts, et affirment que les sociétés n´ont pas toujours fonctionné de cette manière. Si d´un côté le patriarcat, en tant que catégorie d´analyse, semble apporter une tentative d´explication au niveau de certaines relations sociales, il est loin toutefois d´être une explication « totalisante » ou même « universalisante » du monde ; et c´est ici qu´apparaît la méfiance vis-à-vis des méta-narratives. 2- Un rapide regard sur le premier volume de Le Deuxième sexe, permet de voir que cette posture d´incrédulité était un élément déjà bien installé chez Simone de Beauvoir (1980a). Ses discussions partant d´un point de vue non-sacralisant, sur la biologie, la psychanalyse et le matérialisme historique, monrent bien une relation tendue entre la pensée de Beauvoiriste et l´autorité de la science et illustrent sa méfiance vis-à-vis de celle-ci. D´une certaine manière, cette dernière laisse présager l´une des thèses chères à Michel Foucault qui va éclore dix ans après, à savoir que pouvoir et savoir sont intimement imbriqués dans un réseau aux multiples faces. 3- Toute théorie pretend toujours à l´universalité, même si ses objets sont singuliers. Les féministes ont découvert à quel point ceci est nocif, tant du point de vue théorique que de celui de la militance. Judith Butler et Joan Scott affirment que la théorie est un terme grandement contesté au sein du discours féministe (Butler, Scott. 1992, xiii). Le fait d´être un femme ne signifie pas la même chose si l´on est d´Amérique Latine, d´Afrique ou bien une Nord-américaine de classe moyenne (cf. Davis : 1981). En conséquence, il n´existe aucune théorie féministe qui puisse embrasser tout ce qui se dit sur la femme et les femmes, pas plus qu´un énoncé du discours féministe ait la prétention d´avoir une validité universelle. 4- La question de la représention est directement liée au « couple essence-apparence », où l´essence est ce qui est représenté. Au début de Le Deuxième sexe on trouve la question célèbre : « Qu´est-ce qu´une femme ? » Pourquoi donc se poser une telle question qui paraît si évidente ? Pourquoi se poser des questions sur quelque chose que les sciences ont déjà résolu, qui possède déjà toute une physiologie, une psychologie et une gynécologie ? Alors qu´elle se demande qu´est-ce qu´une femme, elle découvre que la femme n´a pas d´essence. Pour cette auteure, il existe deux motifs à cela : le premier, est que la femme a toujours été tenue comme l´opposé, « l´autre » de l´homme, c´est-à-dire qu´elle se définit par rapport à lui ; le second est que personne ne naît femme. (de Beauvoir : 1980a) Être femme est un processus en mouvement. Après cette dernière constatation, quelle serait le motif pour cette absence d´essence de la femme ? C´est alors que dans le second volume de Le Deuxième sexe, de Beauvoir commence à observer certaines représentations de la femme, depuis un point de vue phénoménologique : la petite fille, la jeune-fille, la lesbienne, la femme mariée, la mère, la prostituée, l´amante, la femme d´âge avancé et finalement la femme indépendante. Réprésentations de quoi ? D´un devenir, d´un processus et non d´une essence ? (de Beauvoir : 1980b). 5- La fragmentation des identités sociales et individuelles pourrait bien être le point de rencontre entre discours féministes et discours post-modernes. Mais la première grande scission, voit le jour avec les débats où les féministes affrontent la psychanalyse. Juliet Mitchel (1975), Simone de Beauvoir (1980b), Shulamith Firestone (1976), Gayle Rubin (1975), entre autres, représentent l´avant-garde de ces échanges controversés. Si d´un côté la psychanalyse naturalise les structures établies culturellement au cours de l´histoire, de l´autre, elle divise le sujet. La subjectivité se retrouve éclatée. L´identité de la femme est emportée par le vent, tout comme l´essence féminine – liée à la passivité, la fragilité, la maternité et autres « ...ités » qui ont contribué à l´oppression des femmes-. Au sein des discours féministes, les critiques marxistes, existentialistes et post-structuralistes ont imprimé de nouvelles directions à ces débats qui ont résulté en un sujet fragmenté, historicisé, un sujet qui souhaite être nomade (quand il ne l´est pas déjà !). Après avoir relevé chacun de ces points, il n´existe aucune raison pour que l´on puisse affirmer que le féminisme doit son existence au post-modernisme. On peut voir entre les deux un lien d´amitié et une commune problématisation. Il est certain que nous pourrions affirmer que le post-structuralisme et le post-modernisme en général, doivent beaucoup au féminisme. Bon nombre de renversements des évidences, d´ébranlements des certitudes et d´attaques à la vérité établie comme éternelle, non-historique et immuable, est dû à l´effort inlassable de femmes qui ont sû rechercher d´autres espaces pour elles-mêmes dans la société. Et la différence ? Les discussions autour de la différence ont fortement marqué les époques post-structuraliste et post-moderne. Les sciences ne traitent que ce qu´elles jugent être normal, constant, universel, prévisible, ce qui revient à dire toujours le même. Dans ce cadre, le féminisme se montre être l´une des places fortes de cette différence, puisque différent. Nous voyons déjà apparaître un féminisme qui ne lutte plus seulement au nom des femmes, mais bien pour la différence, et non pas une différence hiérarchisée. Il n´y a hiérarchisation entre le différent et le même que si l´on établit un quelconque paramètre qui puisse mettre les deux en comparaison. Il n´existe aucune opposition entre le différent et le même, mais seulement la rencontre de variétés différentes. L´un des grands courants de pensée du féminisme fait critique au binarisme, instauré par le patriarcat qui divise le monde en deux : un « dominateur » (le masculin) et un-e dominé-e (le féminin). Cette critique faite au binaire est fondamentale dans l´histoire occidentale et sera à l´origine d´un « effet dominos » qui se reproduira tout au long de cette même histoire occidentale (nature/culture, vrai/faux, raison/sensibilité, etc...). Carol Gilligan (1982), par exemple, va montrer que d´un point de vue psychologique, femmes et hommes sont construits au niveau de l´éducation, qui n´a rien à voir avec une structure psychologique d´origine. Le fait que cette déconstruction des structures binaires traverse toute la pensée occidentale, déstabilise les structures de la connaissance qui sont fondées sur le binaire. Peut-être pouvons-nous avancer que, comme le féminisme l´a déjà prouvé, il existe dorénavant une épistémologie de la différence. Il est nécessaire de prendre certaines précautions lorsqu´on parle d´une épistémologie de la différence, afin de ne pas réifier la différence pour la rendre connaissable. Les épistémologies d´influence féministe, au contraire, essaient de montrer que vouloir connaître le monde n´implique pas de le réduire à un ensemble minimal de propositions – ce qui revient au binaire basé sur le « couple vrai/faux ». Avec, entre autres, les excellents travaux de Sandra Harding (1986), Carol Gilligan (1982), Donna Haraway (1986), l´épistémologie féministe a montré que le monde humain, construit en grande partie par les femmes et les hommes eux-mêmes, est un monde aux nombreuses facettes, pluriel et multiple. Il est inconcevable qu´une théorie de la connaissance puisse réduire le monde à un ensemble minimal de catégories pour le comprendre et encore moins de choisir le même comme référent. Connaître le monde au moyen de la réduction à une différence déjà viciée par le même, n´est pas non plus recommandable. Selon les épistémologies féministes, il s´agit de connaître le monde en le pluralisant, voir les différences comme des amalgames, sans pour autant les réduire à un quelconque référent. Connaître le monde est immerger dans les différentes différences et à partir de celles-ci, appréhender le monde non plus comme unité de sens, mais comme étant produit par de multiples matrices de compréhension. De ce point de vue, il n´est plus question de connaître en trouvant la représentation adéquate, mais bien de multiplier les regards. Il s´agit ici d´une multiplication politisée des regards. C´est justement à cause de cette posture polititique qu´il n´existe pas de relativisme absolu dans les épistémologies féminines. Cette épistémologie politisée qui est apparue avec le féminisme, va combattre les formes d´oppression originaires d´un certain type de science, qui utilise la connaissance comme arme de contrôle. La connaissance doit éviter la violence et non pas la fomenter. Il ne suffit pas de combattre l´oppression faite aux femmes, mais bien de combattre toute oppression fondée sur n´importe quel type de hierarchie des différences. Toute hierarchisation représente un rapport de forces qui n´est pas justifié en soi : elle vient d´une volonté de dominer de la part de certaines personnes. Si nous arrivons à concevoir un humanitarisme hors de l´idéal masculin, le féminisme se présente comme un mouvement humanitaire construit sur le multiple. L´une des principales conséquences du post-modernisme a été l´apparition d´une certaine apathie politique, qui a surgi précisément à cause de la relativisation de la vérité et des regards sur le monde. S´il n´existe pas de critères, ni de garanties, ni de certitudes, la seule chose possible est de passer d´agence en agence, sans pouvoir dire quelles sont les meilleures. Ceci crée un certain conformisme politique chez des penseurs comme Jacques Derrida. Toutefois, ce problème n´est pas très important pour le féminisme. Car, il y a initialement un point politique qui est non-négociable : l´oppression faite aux femmes (et autres « différents ») qu´il faut absolument combattre. Ce n´est pas une vérité, mais un postulat politique, un point de départ pour l´action, un présupposé qui vient de l´expérience de la souffrance, de la douleur et de la mort que les femmes ont subi au cours de l´histoire occidentale. Il n´existe aucun moyen de pouvoir minimiser ce point de départ ou de dire qu´en certains cas l´oppression contre les femmes puisse être intéressante. Une posture politique affirme ce parti et la pensée post-moderne présente un certain nombre de problèmes à ce sujet. Mais le féminisme n´en reste pas moins auto-critique. Le fait de ne pas vouloir revoir le principe du combat à l´oppression des femmes, ne veut pas dire que la manière dont les choses se sont passées jusqu´à maintenant, ne soit pas matière à critique de la part des féministes elles-mêmes. Ce que l´on a appelé la deuxième vague du féminisme en est un exemple. En ce sens, le féminisme n´apparaît pas comme une pensée ou ayant une posture dogmatique, sans pour autant être obligé de ne plus être considéré comme une pensée de la différence, du fait qu´il part d´un point de vue politique. Au contraire, le féminisme est une tentative de penser le monde différemment, en l´absence de toute oppression. Ainsi, en aucun cas le féminisme ne pourrait-il souffrir de l´accusation de conformisme, dont il fait l´objet de la part du post-modernisme. D´un autre côté, en tant que pensée, le féminisme est une figure d´impasse. Tout d´abord, parce qu´historiquement les femmes ont été déconnectées de la pensée. Les femmes sont la passion et les hommes la raison. Kant, dans son texte fameux sur la Aufklärung, affirme que l´Illuminisme représente pour l´homme la porte de sortie de sa minorité dont il est lui-même coupable. Je pense que pour lui, la femme ne faisait pas partie de l´humanité, puisqu´ en se référant aux femmes, il parlait de « tout le beau sexe » comme composante de cette minorité volontaire. Ce qui caractérise cete « minorité » est bien l´absence de l´utilisation autonome de la raison. Et d´une certaine manière, cette image illuministe de la raison liée à l´homme, poursuit jusqu´à nos jours la science, la philosophie et la culture en général. Que le féminisme se soit affirmé comme un mouvement de pensée est une impasse, une coupure faite à l´image des femmes qui « n´ont pas été faites pour penser ». En recherchant dans les annales de l´Histoire de la Philosophie, nous n´avons rencontré aucune philosophe-femme. Est-ce que ceci veut dire qu´elles n´ont jamais existé ? Oui, d´une certaine manière, puisque tout ce qui n´a pas été enregistré par l´Histoire, est considéré comme inexistant. Mais en aucun cas, nous ne pouvons affirmer que les femmes ne se soient intéressées à la philosophie. Les manuels d´Histoire de la Philosophie ont simplement ignoré, entre autres, toutes les penseures de l´école pythagoricienne, les travaux de Sappho, Aspasie, Hypatie, Asiotée, Hildegarde, Héloïse, Christine de Pisan, Mary Wollstonecraft. Quelle est notre impression lorsque nous ouvrons un livre qui raconte l´histoire de la philosophie où l´on ne trouve aucune femme ? On se dit « qu´elles ne pensent pas ». Mais jamais on se donne le temps de penser si l´auteur du livre a fait des choix et que si ces choix, aux côtés d´une tradition dite canonique, excluait les femmes car elles n´avaient aucune affinité avec l´acte de penser. Les femmes, comme Simone de Beauvoir l´a bien montré, ne sont socialement que leur corps. Puisque les corps ne pensent pas, ils ne peuvent se trouver dans un livre de philosophie. Le féminisme met cette attitude en impasse. La pensée féministe est critique, dans la mesure où elle se méfie des choses qui semblent être naturelles, afin d´essayer de réinventer le monde. Dans cette réinvention du monde, on a même revu les principales notions critiquées auparavant, comme le principe même du concept de genre. La propre critique que le féminisme fait aux binarismes, fait tomber celui de sexe-genre. (voir Butler : 2003). C´est ici la preuve évidente que le féminisme est une posture auto-critique vis-à-vis de la pensée et de l´action. Dans un monde ré-inventé, sans dieu, sans normes qui puissent garantir un pouvoir suprême, sans vérité absolue, sans garanties, nous devenons responsables de nos actions. Il nous sera alors impossible de faire appel à la nature humaine afin de nous dérober à nos responsabilités. Un monde où femmes et hommes n´existent plus comme tels, mais que les femmes existant, on ne peut plus accepter la référence masculine. Sans hiérarchies, sans domination oppressive, sans déterminations violentes enracinées dans des connaissances permettant d´agir sur les actions des autres et d´en prendre possession. Un monde où l´hétérosexualité n´est pas la norme, un monde où sexe et reproduction ne peuvent avoir un lien univoque. Un monde différent...Un rêve et une conquête des femmes qui, par leurs combats sans répit, construisent peu à peu notre histoire. En guise de non-conclusion La pensée féministe en tant que pensée de la différence est, avant tout, une pari politique. Pari du changement, de la dissolution des différences postulées par le même. Le lien entretenu entre le féminisme et les mouvements écologiques montre que, loin d´être un mouvement ou un discours du ressentiment, c´est un mouvement de l´inclusion. Il n´existe pas de guerre visant la suprématie de l´identité féminine ; c´est bien ici un combat pour la fin des identités rigides. Le féminisme n´est pas une guerre des femmes pour les femmes. En tant que mouvement et pensée de la différence, le féminisme est peut-être une manière de combattre l´importance qui ait donnée au fait d´être femme et homme. Être différent est justement ce qui ne fait aucune différence. Au contraire. Le féminisme est une lutte contre le leurre des discours et des pratiques qui nous font penser qu´il y a un avantage à être homme ou femme. Sur l´auteure Née en Autriche en 1970, naturalisée brésilienne, l´auteure vit à Vitória, Espírito Santo, où elle a grandi et suivi le cours de Lettres et Philosophie. Elle a fait sa Maîtrise en Philosophie politique à l´Université Fédérale de Rio de Janeiro et fut une aventurière féministe sur les parcours féministes. Elle enseigne la Philosophie contemporaine et l´Introduction à la Philosophie dans diverses institutions supérieures de l´État du Espírito Santo. L´un de ses principaux objectifs de recherche est de donner visibilité aux femmes dans l´histoire de la Philosophie. [1] Lors d´un séminaire qui traitait du corps et des significations sociales à l´Institut des Sciences médicales de l´Université de Rio de Janeiro, j´ai entendu un professeur de philosophie dire que « le féminisme devait tout au post-modernisme... ». C´est cette affirmation qui a déterminé ma recherche pour cet article, puisqu´il semble qu´un bon nombre de gens ait cette même impression.
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