labrys, estudos feministas, études féministes
agôsto/ dezembro 2004- août / décembre 2004
número 6

 

 

Quand le sexe prend de l’âge

Line Chamberland

Résumé

Comment s’inscrire dans la circulation du désir lesbien – dans le double sens de se sentir désirable et d’être désirante - quand on a 50 ans et plus? Comment démêler l’enchevêtrement qui a pétrifié mon désir : la rupture qui laisse en plan, la ménopause, le regard miroir des autres, les angoisses – déjà anciennes - face au vieillissement, le repli, voire la désagrégation des réseaux de lesbiennes politisées de mon groupe d’âge, qui amplifie l’impression d’occuper un “ no-lesbian land ” entre d’un côté les plus jeunes générations qui s’affirment à leur manière et de l’autre, l’invisibilité sociale des plus âgées.?

Le désir pétrifié

 

Dans quels espaces physiques, dans quels imaginaires ce désir peut-il couver, s’entretenir, rebondir? Sociologue de métier, j’ai cherché des réponses à ces questions toutes personnelles dans des écrits sur les lesbiennes vieillissantes, dénichés pour la plupart dans le cadre d’une recherche en cours sur l’adaptation des services sociaux et de santé aux besoins des lesbiennes âgées menée en collaboration avec le Réseau des lesbiennes du Québec[i]. Mes propos d’aujourd’hui voguent donc entre le questionnement intime et les constats fragmentaires tirés de ces études, sans prétendre à l’exhaustivité ni d’un côté, ni de l’autre. 

Les études consultées, principalement américaines, se basent sur de bien petits échantillons : toute généralisation serait abusive, précisons-le une fois pour toutes. Elles découpent généralement des tranches de vie, par exemple la période de 40 à 65 ans, celle du mitan de la vie, caractérisé par les accomplissements, la maturité, une meilleure connaissance de soi, une réévaluation de ses priorités à tous égards, mais aussi par la résurgence d’angoisses liés au sentiment de finitude, au morcellement persistant du moi, aux craintes du vieillissement, sans compter les changements induits par la ménopause.

Je n’ai pas trouvé de terme adéquat pour nommer celle que les Américaines appellent les midlife lesbians. Quant au vieil âge, il est bien sûr associé à la sérénité, à la connaissance de soi et du monde, y compris dans une certaine imagerie féministe qui tente de (re)donner vie à l’archétype de la Vielle Femme Sage que toutes et chacune de nous pourrait incarner. Certaines ont créé des rituels pour marquer les Temps de Passage vers un tel couronnement tout en contrant l’ignorance et l’hostilité envers les femmes vieillissantes.[ii]

Dans les études psycho-sociologiques, le vieil âge est posé comme celui des défis qu’implique l’adaptation au processus de vieillissement, aux changements d’activités, aux difficultés et aux pertes qu’il entraîne. On parlera alors de lesbiennes âgées (“ old ”) ou le plus souvent, usant d’un léger euphémisme, de plus âgées (“ older ”). Quand j’étais jeune lesbienne féministe, l’expression slightly older lesbians, utilisée dans les groupes militants anglophones, désignait celles autour de la trentaine. Entre le slightly et le older, trente ans se sont glissés… C’est tout dire de la relativité des âges.

Selon les sources, ce découpage chronologique peut différer, s’estomper ou s’affiner. Quoi qu’il en soit, il comporte toujours une large part d’arbitraire eu égard à la variabilité des trajectoires et des subjectivités individuelles. À partir de quel âge devient-on une “ vieille lesbienne ”? À 50, 60, 70, 80 ans? Ce genre de catégorisation selon l’âge me pose également problème dû à la multiplication des classements produits par des discours régulateurs concurrents poursuivant chacun leur logique (gérontologique, économique, politique, etc. ) et leurs intérêts propres

. Ainsi, en est-il des discours médicaux sur la ménopause qui font passer celle-ci d’une étape relativement circonscrite à une phase qui peut s’allonger sur une trentaine d’années, allant de la péri- et la pré-ménopause jusqu’à la post-ménopause, laquelle prélude la vieillesse. La prise d’hormones devient un moyen non seulement de soulager des malaises mais également de prévenir les maladies féminines liées au vieillissement, tout en s’intercalant dans un ensemble de recommandations concernant le maintien de la forme physique et d’attitudes saines, lesquelles définissent les nouveaux standards d’un vieillissement actif et en santé pour les femmes.[iii]

Je partage l’ambivalence de Suzanne de Lotbinière-Harwood qui, tout en reconnaissant qu’il fallait s’en parler entre femmes, entre lesbiennes, pour générer et transmettre notre hystoire, craignait les effets insidieux des nombreux discours sur la ménopause, lesquels insinuent constamment que les femmes prennent de l’âge, alors que le vieillissement des hommes demeure invisible. [iv] Finalement, si j’ai horreur des clichés qui banalisent la vieillesse (du genre “ avoir l’âge de son cœur ”), je ne souhaite pas non plus me laisser encarcaner[v] par un catalogage a priori qui risque d’orienter le regard vers les effets soi-disant inéluctables de l’avancée en âge (le déclin, les difficultés…) et qui, le plus souvent, met l’accent sur les dimensions physiques et psychologiques du vieillissement tout en obscurcissant ses aspects sociaux et culturels.

Car mon désir pour les femmes, dans toute sa subjectivité, est social et politique. Lorsque j’essaie de démêler l’écheveau des facteurs, que je sais multiples, ayant contribué à son amenuisement, je poursuis plusieurs directions que j’aborderai ici successivement : la ménopause, la sexualité chez les lesbiennes dites âgées, ou ce qui m’attend après la “ tempête ” de la ménopause, le rapport de séduction et la construction d’un nouvelle relation de couple.

Première zone grise : la ménopause

À l’instar d’autres lesbiennes de ma génération qui dénonçaient le réductionnisme biologique et la surmédicalisation du corps des femmes, je n’avais pas anticipé son impact, en particulier sur ma sexualité. Les effets des changements hormonaux étaient grandement surestimés, croyions-nous, masquant à dessein la crise existentielle engendrée par la perte de fertilité, le nid vide, la baisse du pouvoir de séduction, l’infidélité du conjoint, et j’en passe, toutes choses qui ne s’appliquaient évidemment qu’aux femmes hétérosexuelles. La ménopause se conjuguait au féminin alors que nous nous identifiions comme lesbiennes. Comme l’exprimait l’une d’elles lors d’une table ronde sur le sujet, “ J’ai toujours pensé que pour les lesbiennes, la ménopause n’était qu’un mythe; j’étais sûre que j’étais tellement lesbienne que moi, j’en aurais pas de ménopause. ”. [vi]

Les plus sceptiques n’avaient qu’à lire les deux pages consacrées au vieillissement dans The Joy of Lesbian Sex – un classique américain des années 1970 - pour se convaincre que la ménopause ne diminuait aucunement la sexualité, voire qu’elle l’augmentait souvent[vii]. Les quelques complications pouvant surgir se résoudraient aisément : l’amante sensible veillerait à compenser pour la sécheresse vaginale, la lesbienne sans partenaire aurait la possibilité et le droit de se masturber, la retraite éventuelle donnerait plus de temps à passer au lit et il suffirait d’un décor empli d’objets anciens pour mettre en valeur la beauté d’un corps âgé. De toutes évidences, les auteures cherchaient à légitimer la sexualité lesbienne, à tout âge, avec un optimisme qui me laisse aujourd’hui pantoise.

Les sources plus récentes que j’ai consultées abordent la question à partir de perspectives distinctes  : Susan Morgan se base sur l’expérience acquise à travers sa participation au courant alternatif féministe en santé des femmes tandis qu’Ellen Cole et Esther Rothblum font état d’observations s’appuyant sur une étude réalisée auprès de 41 lesbiennes dont la moyenne d’âge est de 51 ans. De son côté, Joan Wurmbrand, selon ses propres mots, met son expertise en médecine familiale au service des lesbiennes en répondant à leurs questions sur le site Internet Classic Dykes s’adressant aux lesbiennes âgées. [viii]

Ces expertes, chacune à leur façon, ne nient pas l’impact de la ménopause sur la sexualité lesbienne. Elles font état de transformations physiques tout en insistant sur la variabilité de leurs effets, pas toujours négatifs, discutent des conséquences sur les pratiques sexuelles et les plaisirs qui en découlent, et insistent pour parler de changements plutôt que de problèmes. En termes clairs, certaines lesbiennes ont autant de désir sexuel, d’autres plus et d’autres moins. Même chose pour la sécheresse vaginale, la sensibilité du clitoris, et ainsi de suite.

 Dans l’ensemble, la majorité des lesbiennes trouveraient leur sexualité aussi bonne ou meilleure qu’avant la ménopause. Les changements négatifs rapportés résulteraient des modifications physiologiques et de la perte ressentie par rapport au pouvoir d’attraction alors que les changements positifs sont attribués à la capacité d’ajuster les pratiques sexuelles selon les modifications observées et, plus fondamentalement, à la qualité de la relation amoureuse.[ix] En somme, les conclusions concordent : primo, il faut éviter toute généralisation; secundo, plusieurs éléments entremêlés affectent la quantité et la qualité des expériences sexuelles. Voilà deux constats qui ne m’aident guère à désembrouiller mon absence de désir. Quant à adapter les pratiques, encore faut-il que pratiques, il y ait.

J’y apprends aussi que les orgasmes multiples demeurent non seulement physiquement possibles mais deviennent même plus fréquents chez certaines femmes. L’optimisme me revient : je pourrai faire du rattrapage une fois que j’aurai réuni les conditions préalables, soit retrouver mon désir, reprendre confiance en moi comme amante, dénicher, que dis-je, séduire, une partenaire, établir une relation harmonieuse avec elle, disposer de beaucoup de temps libre, me libérer de la fatigue et du stress, et me procurer de la gelée lubrifiante de la marque la plus recommandée, au cas où… C’était quand même plus simple à 20 ou 30 ans. 

Sans discuter de tous les tenants et aboutissants de la prise d’hormones, me le conseille-t-on comme stimulant de l’appétit sexuel? Sur ce point, les avis divergent : l’absorption d’hormones androgènes suscite la controverse tandis que les effets régénérateurs des œstrogènes ne semblent pas démontrés, bien que les médecins les incluent toujours dans la panoplie des solutions proposées.[x] Il y a fort à parier que ces effets varient, eux aussi.

 De son côté, Susan Morgan avance qu’une activité sexuelle continue maintient le niveau d’hormones tout autant que l’inverse et suggère des alternatives (exercices, réductions des stimulants, renouvellement des scénarios sexuels, etc. ). C’est aussi l’avis de l’experte patentée en sexualité lesbienne, Joann Loulan.[xi] “ Use it or lose it ”, comme disent les Américaines avec leur sens de la formule choc.

Mais comment restaurer l’équilibre perdu?

Dans leur étude, Cole et Rothblum constatent que les lesbiennes, comparé aux femmes hétérosexuelles, semblent plus satisfaites de leur vie sexuelle après la ménopause, moins préoccupées par leur “ fonctionnement sexuel ” ou par la crainte de décevoir leur partenaire. Elles suggèrent plusieurs pistes d’explication à ces différences : échantillon biaisé puisque composé de volontaires (les insatisfaites auraient été moins nombreuses à répondre à l’appel), moindre importance attachée aux performances sexuelles dictées par les attentes masculines, impact réduit des changements physiologiques sur les pratiques sexuelles car celles-ci sont moins centrées sur la pénétration et finalement, l’avantage comparatif des lesbiennes par rapport aux modèles imposés de la beauté-jeunesse. Qu’en est-il chez les lesbiennes plus âgées?

La sexualité des lesbiennes âgées

Les recherches sur les lesbiennes âgées – et celle à laquelle je collabore ne fait pas exception - ont souvent comme objectifs d’attirer l’attention des pouvoirs publics, des fournisseurs de services aux personnes âgées et de la “ communauté lesbienne ” sur les difficultés propres au vieil âge. Si bien intentionnées soient-elles, elles risquent, ce faisant, de renforcer l’image misérabiliste des lesbiennes âgées, tout comme la recherche gérontologique sur les femmes.[xii]

La sexualité est un thème rarement abordé dans ces études et ne se retrouve jamais, du moins de manière explicite, dans la liste des manques ou des besoins à satisfaire. Les rares mentions se bornent à quelques constats repris à travers les différentes écrits consultés. Tout d’abord, si sexualité il y a, celle-ci se vit à l’intérieur d’une relation affective stable. Les lesbiennes âgées valorisent la sexualité et demeurent sexuellement actives avec leur partenaire, nous dit-on, même après plusieurs décennies de vie commune.[xiii] L’observation se veut rassurante mais aucune autre précision n’est fournie, que ce soit sur les pratiques ou la satisfaction sexuelles. L’étude de Monika Kehoe fait exception. L’auteure, elle-même âgée lorsqu’elle a entrepris sa recherche, dénonce vivement les tabous sur la sexualité des femmes et des lesbiennes âgées et a tenté d’obtenir plus d’informations sur la vie sexuelle des participantes à son étude, soit une centaine de lesbiennes de 60 à 86 ans. Les deux tiers d’entre elles se définissent comme sexuellement actives mais plus de la moitié n’ont eu aucun rapport sexuel durant l’année précédente, la plupart du temps faute de partenaires. La vaste majorité considèrent la sexualité comme une composante importante, mais non la principale, d’une relation amoureuse. Elles valorisent davantage l’amitié, l’intimité, le compagnonnage et l’engagement mutuel à l’intérieur d’une relation monogamique stable. La vie de couple après 60 ans est décrite comme plus calme, plus stable, moins intense. Peut-être par pudeur, les répondantes se sont montrés avares de détails sur leur sexualité. Compte tenu du moment où la recherche a été menée, soit la première moitié des années 1980, il est possible que la dimension émotive de la relation ait toujours été plus centrale que la sexualité pour la génération de lesbiennes interviewées, tout le long de leur vie. Cependant, des témoignages plus récents abondent dans le même sens.[xiv]

Le fait d’être ou non en couple apparaît comme la variable-clé si l’on souhaite avoir une vie sexuelle passé la soixantaine. Ou plus précisément, ce facteur continue d’être déterminant, tout comme pendant les années précédentes, mais son effet devient encore plus décisif et plus difficile à contourner/obvier. Or selon certaines études, la majorité des lesbiennes âgées vivent en couple alors que d’autres avancent le contraire.[xv]

Pour celles qui vivent seules, dont on peut raisonnablement présumer qu’elles n’ont pas de vie sexuelle active, sauf exceptions, la principale difficulté serait de se trouver une nouvelle partenaire, même lorsqu’elles maintiennent un intérêt pour la sexualité et qu’elles ont des attentes réalistes. En outre, le sentiment de perte suite à une rupture du couple ou au décès d’une amante est accentué par la crainte de ne pouvoir se trouver une nouvelle conjointe.[xvi] Pour couronner le tout, les recherches convergent pour identifier l’isolement, la solitude, l’absence de lieux de socialisation qui leur conviennent, comme faisant partie des problèmes les plus couramment rencontrées par les lesbiennes âgées, bien que l’on ne puisse en évaluer l’ampleur avec précision. Tout en se préoccupant peu de la sexualité comme telle, ces mêmes études concluent que la présence ou non d’une conjointe constitue l’une des principales sources du bien-être ressenti par les lesbiennes âgées et un bon prédicateur de leur ajustement à la vieillesse.[xvii]

Avec l’arrivée des cohortes de lesbiennes politisées et visibles socialement, on peut espérer une atténuation de ces difficultés. Mais rien n’est donné et la question me hante : disparaîtrons-nous après 60 ans, tout comme les générations qui nous ont précédées, repliées dans nos vies privées, invisibles l’une à l’autre en dehors de nos réseaux d’amies intimes, dé-sexuées aux yeux des autres? On peut également croire que l’information sur la sexualité des lesbiennes âgées deviendra plus abondante et accessible. Signalons d’ailleurs pour les intéressées que le site Internet Classic Dykes offre un lien avec celui de Toys in Babeland, lequel propose un assortiment de jouets, de gelées naturelles et vitaminées. Aucune image de lesbiennes âgées toutefois dans les vidéos proposés, à une exception près. En ce qui me concerne, le message est clair et la voie m’est tracée : me trouver une blonde (amante).

La recherche d’une blonde (amante)

Qu’est-ce que je recherche comme blonde (amante)? Comment savoir que c’est “ elle ” qui me comblera? Où la rencontrer? Comment l’approcher? Comment lui plaire? Quelles sont mes attentes par rapport à une relation de couple? Quelle place faire au couple dans ma vie déjà débordante d’activités? Suis-je prête à tout recommencer? Le couple, à quel prix? Pour combien d’années cette fois? La liste s’allonge et l’angoisse me reprend.

Selon une étude de Rose et Zand, l’amitié qui se transforme en relation amoureuse constitue le scénario le plus courant chez les lesbiennes jeunes et moins jeunes.[xviii] Avantages : l’intimité émotive et le compagnonnage, déjà acquis, offrent une base solide pour un engagement qui tend vers la permanence, sans toutefois y parvenir dans la majorité des cas. Les auteures examinent également d’autres scénarios, donc celui où la relation débute immédiatement par un contact sexuel. Pourtant largement utilisé, surtout dans la vingtaine et la trentaine, ce scénario est l’objet d’une évaluation mitigée de la part des participantes à leur étude : il permet l’exploration mais débouche rarement sur une relation stable. Quant aux lesbiennes d’âge moyen (40-65 ans), elles préféreraient le livret romantique, au cours duquel des fréquentations, même de courte durée, font éclore à la fois l’amitié et l’attrait sexuel. On aime ou pas, selon que l’on se sente à l’aise ou non dans les jeux de la séduction. Mon propre scénario, y compris pour mes deux plus longues relations, a toujours reposé sur le désir : commençons par faire l’amour, on verra après pour le reste. Donc, premier et incontournable obstacle : ce désir qui n’est plus.

Que s’est-il passé? Disons sommairement qu’entre mon ex et moi, le désir s’est désynchronisé. À force de ne pas se sentir désirée, on ne se sent pas désirable; à ne plus satisfaire son amante, on perd l’un des souffles de son propre désir; à ne pas désirer assez, on se sent inadéquate; et après trop d’insuccès, on tire le rabat. Sans compter la ménopause, les périodes de déprime tantôt chez l’une, tantôt chez l’autre, l’attiédissement de la relation après plusieurs années, etc. La rupture m’a obligée à nommer l’absence de désir.

Commençons par la première direction : se sentir désirable. Les lesbiennes, pratiquement par définition, se distancient à des degrés variables de l’injonction omniprésente de plaire aux hommes. Plus critiques vis-à-vis des modèles culturellement définis fixant les normes de la beauté féminine (jeune, svelte, sexy, etc.), elles seraient moins affectées que les femmes hétérosexuelles par le processus de vieillissement corporel et la crainte de perdre leur pouvoir d’attraction. Selon des chercheures, la question reste ouverte de savoir jusqu’à quel point leur socialisation comme femmes et leur position sociale et économique les amènent quand même à se référer aux standards hétérosexuels pour jauger de leur propre apparence et de celle des autres lesbiennes.[xix] J’ajouterais que la conscience des effets stigmatisants de l’âgisme envers les femmes ne garantit pas que l’on soit hors de sa portée.

De leur côté, les communautés lesbiennes créent et recréent leurs propres normes de beauté, lesquelles expriment une identité collective et leur permettent de s’identifier les unes aux autres. Avec la visibilité d’un nombre toujours croissant d’entre elles, les styles se sont diversifiés et l’on a vu émerger le phénomène de la commercialisation de nos cultures. Quels sont les nouveaux codes culturels qui définissent une lesbienne attirante et comment se construisent-ils? La question est trop complexe pour être abordée ici mais assurément, ce n’est plus ma génération ni ma tendance politique qui en ont l’initiative. Notre look minimaliste n’a plus la cote, ni dans les magazines, ni dans les bars. Contrairement à ce qu’affirment Joann Loulan[xx] et d’autres sur nos allures des années 1970, qu’elles qualifient d’androgynes et de désexualisées, j’ai toujours pensé, à l’époque et encore maintenant, que notre audace politique, corporelle et vestimentaire, nous rendait “ sexys ”, désirables. Il reste que pour diverses raisons, mon apparence extérieure s’est en quelque sorte neutralisée, traduisant un retrait des jeux de la séduction tant hétérosexuelle que lesbienne. Mon corps montre des signes de vieillissement et requiert de l’entretien. Le nier serait se bercer d’illusions et l’admettre n’équivaut pas à se laisser enferrer dans la logique du dépérissement fatal.

J’ai retenu de l’ouvrage de Simone de Beauvoir sur la vieillesse – lu à 35 ans – que c’est toujours le regard des autres qui nous renvoie à notre âge. Je dirais plutôt que de la part des jeunes lesbiennes, et des moins jeunes (ou slightly older), c’est l’absence de regard qui nous le rappelle. Ou encore, l’appellation : “ Madame ”, “ La prof ”, “ C’est ma boss ”… Leurs formules de politesse dressent une clôture symbolique qui m’exclut du champ du désir. Qu’importe? Mes attentes, pour imprécises qu’elles soient, ne se dirigent pas vers elles. Voyons voir du coté des lesbiennes plus âgées. Celles-ci se disent libérées des pressions sociales communes à toutes les femmes et ne plus se sentir obligées de se conformer aux codes vestimentaires de la communauté lesbienne pour s’identifier ou se faire reconnaître comme lesbiennes. À la recherche d’une amante, elles affirment accorder moins d’importance à l’apparence physique, ou plutôt moduler différemment leurs critères d’appréciation en considérant l’autre plus globalement.[xxi] L’attrait physique compte moins que la possibilité anticipée de nouer une relation durable sur une base d’affinités et de respect mutuel.[xxii] Je m’y reconnais. Mais encore faut-il la flamme, à tout le moins l’étincelle!

Ce qui me renvoie à l’autre face : désirer, agir à partir de mon propre désir, ce qui est à la source de mon identité lesbienne. Même dans les meilleures circonstances, je ne sens pas la braise couver, prête à s’allumer pour peu qu’on l’avive. Mon désir, je le sais, naît entre autres de la circulation du désir lesbien dans des espaces collectifs. Or je manque de pratique et de lieux. Ceux de ma génération n’existent plus, ceux d’inspiration queer m’intimident et les bars ne m’attirent guère pour des raisons très concrètes telles que le bruit, la fumée, les heures tardives, etc. Je manque de “ modèles ” aussi car les images de lesbiennes vieillissantes et non a-sexuées n’abondent pas. Comment nourrir mon imaginaire? Comment me réapproprier la langue du désir alors que les codes culturels m’échappent ou m’évacuent carrément? Dans un très beau texte, Joan Nestle raconte comment elle a décidé d’explorer de nouveaux territoires érotiques après la quarantaine, entre autres en s’ouvrant aux intérêts sexuels des nouvelles générations et en se vêtant d’un jupon noir lors de ses lectures en public.

“ I wanted the public revelation of my aging body to be a statement for all older lesbians; I wanted to proclaim our image and with it, our knowledge. Sexual self-discovery and issues of self-presentation do not stop at any decade’s door. ” [xxiii]

La connaissance de soi, de sa sexualité est l’une de nos meilleures alliées pour faire face aux défis du vieillissement, car celui-ci modifie indubitablement le terrain érotique; il faut trouver différentes façons de continuer l’exploration de nos désirs, de varier les sources d’inspiration et de stimulation. On a besoin d’en discuter, ce qu’on fait trop peu dans nos communautés, soutient-elle encore, afin de permettre à chacune de valider et valoriser les moments de désirs expérimentés. Ses paroles, ni mieilleuses, ni complaisantes, m’inspirent énormément, beaucoup plus que les conseils médicaux du Dr. Joan ou les propos jovialistes d’une Joann Loulan pour qui tout se résume à un changement d’attitude. Cela dit, le temps de ma bravoure sexuelle me semble bien lointain.

Le désir ne suffira pas. Construire une relation de couple une fois passé la cinquantaine semble à la fois plus facile et plus exigeant. Selon Rose et Brand, les lesbiennes de 40 à 65 ans ont les atouts de l’expérience des fréquentations, de la flexibilité par rapport aux rôles liés au genre (elles seraient donc plus capables d’initier, y compris au plan sexuel), elles connaissent mieux leurs besoins et savent plus clairement ce qu’elles recherchent.[xxiv] Plus sélectives que les jeunes, elles n’amorcent une relation que lorsqu’elles estiment que celle-ci a une chance de s’inscrire dans la durée. Une fois débutée, la relation se développe rapidement, ce qui les distingue des autres groupes d’âge. Les auteures l’interprètent comme le résultat d’une certaine maturité : le temps des explorations est passé et leurs comportements s’orientent vers le but recherché. Elles n’écartent toutefois pas la possibilité que l’angoisse de trouver une nouvelle compagne combinée au nombre réduit d’occasions de rencontre et de partenaires disponibles les incite à accélérer le rythme des fréquentations.

Par ailleurs, la vie de couple n’est pas garante d’une sexualité active ou très active comme l’ont déjà démontré antérieurement plusieurs recherches et de nombreuses blagues lesbiennes. Une explication courante renvoie à la tendance fusionnelle, une autre à la socialisation féminine : trop peu d’initiative de part et d’autre, mauvaise acceptation des refus, baisse d’initiative, et ainsi de suite. Les observations récentes de Rose et Zand nuancent ce constat : les lesbiennes expriment activement et directement leurs attirances sexuelles pendant la période de la formation de la relation.[xxv] Que se passe-t-il par la suite?

Une étude perspicace sur la dynamique de couples de 35 à 50 ans menée par Marny Hall identifie les sources de tensions qui peuvent se répercuter à la longue sur la sexualité : tensions entre travail et vie amoureuse, entre dépendance et autonomie, entre vie sociale et intimité de couple, entre besoins personnels et activités partagées, sans compter les écarts de statuts et de revenus. Les lesbiennes interrogées – c’est aussi mon cas - investissaient énormément dans le travail, source de gratifications à la fois psychologiques, monétaires, sociales et symboliques. Tous les couples sauf un ont mentionné la faible fréquence des relations sexuelles comment étant un problème, tout en l’attribuant au stress et à la fatigue : le temps de travail, les discussions autour du travail, le “ débriefing ” de la journée de travail, tout cela envahit la relation de couple qui doit procéder à des réarrangements constants pour rétablir un climat favorable à l’intimité amoureuse et sexuelle.[xxvi] Un gros défi m’attend, dois-je en comprendre, d’autant plus que j’ai compensé la fin du rapport de couple par une intensification de la part du travail. D’un autre côté, ils se trouve des lesbiennes quinquagénaires et sexagénaires qui ont choisi, du moins temporairement, de demeurer hors du couple : elles justifient leur choix en affirmant que cela est préférable à des relations insatisfaisantes, trop tumultueuses, à renégocier constamment, ou encore qui briseraient l’équilibre entre leur vie sociale et le travail.[xxvii]

Ce n’est pas la première fois que mon désir s’éclipse et avec lui, mes repères identitaires. Où est-ce l’inverse? Pour des raisons qui tantôt m’appartiennent, tantôt relèvent du contexte socio-historique, les couches de sens qui s’amalgamaient en lui se fragmentent, les axes qui en configuraient le terrain ne coïncident plus (corps, couple, jouissance, transgression, identité sociale, culture lesbienne, combat politique). Cette fois-ci, la situation est plus critique à cause des angoisses liées au vieillissement et de la désagrégation des réseaux politiques des lesbiennes de ma génération. En parcourant un certain nombre de témoignages et de recherches auprès des lesbiennes prenant de l’âge, j’ai trouvé des images de ma propre condition qui m’aident à y voir plus clair, des propos stimulants et d’autres trop complaisants et lénifiants pour me rassurer véritablement. Pour le moment, je ne veux ni pilule, ni qu’on me dore la pilule.

Pour ce qui est des recherches sur les lesbiennes vieillissantes, leur sexualité, leur vie amoureuse, elles me laissent très insatisfaite. Celles sur les plus âgées tracent un portrait tantôt trop sombre – on veut tirer la sonnette d’alarme- , tantôt trop rose – on veut abattre le stéréotype de la lesbienne âgée seule et malheureuse - . Dans les deux cas, les intentions sont par trop évidentes et biaisent les résultats. La plupart ignorent la sexualité. Celle qui abordent ce sujet veulent également prouver quelque chose : qu’on peut demeurer “ jeune ” et sexuellement active, que la sexualité diminue mais qu’elle n’a pas d’importance, ou qu’elle n’a plus l’importance qu’elle avait, ou que les lesbiennes préfèrent l’intimité émotive à la génitalité, et ainsi de suite. Elles manquent de rigueur mais surtout de réflexion théorique et politique. Quelques-unes font exception, comme celle de Marny Hall sur l’équilibre entre travail et vie de couple qui avance des hypothèses intéressantes, dont je ne peux rendre compte ici, pour expliquer le sur-investissement des lesbiennes dans leur travail, en tenant compte de leurs identités, de leurs valeurs et de leur place dans les rapports sociaux. Cependant, ces études plus fines reposent sur de échantillons si minces qu’il est difficile de valider leurs analyses.

Alors que la sexualité se trouve à la base même de nos identités individuelles et collectives, pourquoi ne parvient-on pas à jeter un regard plus lucide sur la sexualité en vieillissant? Par peur de devoir se reposer les questions : qui suis-je? Qui sommes-nous? Par peur que nos identités s’effondrent? Que les résultats ne dérangent nos présupposés? Après avoir évacué les dimensions sociale et politique de nos identités, soit le refus du social imposé, le rejet des hommes dans nos vies privées, dans notre intimité, pour les réduire à une seule question de différence ou d’orientation sexuelle, il ne reste que la sexualité, dont on devra à tout prix démontrer qu’elle est encore là, sous une forme ou une autre. Si une pensée rigoureuse et qui rend compte du réel doit s’élaborer, elle devra réintégrer ces dimensions trop souvent passées sous silence dans la recherche sur les lesbiennes.

Références

ADELMAN, Marcy, “ Stigma, Gay Lifestyles, and Adjustment to Aging : A Study of Later-Life Gay Men and Lesbians ”, Journal of Homosexuality, Haworth Press, Binghamton (NY), vol. 20, no 3/4, 1991, p. 7-32.

ADELMAN, Marcy (dir.), Midlife Lesbian Relationships : Friends, Lovers, Children, and Parents, Harrington Park Press, New York, 2000.

AUGER, Jeanette A.,“ Living in the Margins : Lesbian Aging ”, Canadian Woman Studies/Les cahiers de la femme, vol. 12, no. 2, 1992, p. 80-84.

BEELER, Jeff A., Todd W. RAWLS, Gilbert HERDT et Bertram J. COHLER, “ The Needs of Older Lesbians and Gay Men in Chicago ”, Journal of Gay and Lesbian Social Services, Haworth Press, Binghamton (NY), vol. 9, no 1, 1999, p. 31-49.

CAHILL, Sean, Ken SOUTH et Jane SPADE, Outing Age. Public Policy Issues Affecting Gay, Lesbian, Bisexual and Transgender Elders, Policy Institute of the National Gay and Lesbian Task Force Foundation, 2000. Disponible sur Internet à l’adresse URL suivante : http://www.ngltf.org.

COGAN, Jeanine C. et Joanie M ERICKSON (dir.), Lesbians, Levis and Lipstick. The Meaning of Beauty in Our Lives, Harrington Park Press, New York, 1999.

CRUIKSHANK, Margaret, “ Lavender and Gray : A Brief Survey of Lesbian and Gay Aging Studies ”, Journal of Homosexuality, Haworth Press, Binghamton (NY), vol. 20, no 3/4, 1991, p. 77-87.

“ Dossier : La ménopause ”, revue Treize, vol. 13, no 2, 1996, p. 10-19. Numéro épuisé.

JACOBS, Robin J., Lucinda A. RASMUSSEN et Melinda M. HOHMAN, “ The Social Support Needs of Older Lesbians, Gay Men, and Bisexuals ”, Journal of Gay & Lesbian Social services, vol. 9, no 1, 1999, p. 1-30.

JAY, Karla (dir.), Dyke Life. A Celebration of the Lesbian Experience, Basic Books, New York, 1995.

KEHOE, Monika, Lesbians Over 60 Speak for Themselves, Haworth Press, Binghamton (NY), 1989.

KÉRISIT, Michèle, “ Les figures du vieillissement en gérontologie ”, dans Sylvie FRIGON et Michèle KÉRISIT (dir.), Du corps des femmes. Contrôles, surveillances et résistances, Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, 2000, p. 195-228.

SANG, Barbara, Joyce WARSHOW et Adrienne J. SMITH (dir.), Lesbians at midlife : The Creative Transition, San Francisco, Spinster Book Company, 1991.

SISLEY, Dr. Emily L. et Bertha HARRIS, The Joy of Lesbian Sex, Pocket Books, New York, 1977. Ouvrage épuisé.

 

Questionnaire

Quand le sexe prend de l’âge

Ce questionnaire, mi-sérieux, mi-badin, s’adresse aux lesbiennes de 50 ans et plus. En prenant de l’âge, notre rapport à la sexualité, à la beauté, à la séduction se transforme. Il y a peu des forums pour s’en parler, d’où l’idée de ce questionnaire. J’y emploie indifféremment les termes « vieillir » (je suis tannée des euphémismes) et « prendre de l’âge » (j’ai 51 ans, la « vraie » vieillesse est encore à venir). À vous de trancher!

Vous pouvez cocher une ou plusieurs réponses, ajouter vos commentaires, vos questions… Merci à Jacqueline Julien pour son inspiration, un gros merci à vous toutes et plein de jouissances d’ici à la fin de vos jours!

Est-ce que vous êtes vieille ?  Oui                  Non

À quel âge une lesbienne est-elle vieille ?

Connaissez-vous de vieilles lesbiennes (selon votre propre définition) :

v      Vivantes                 combien ?

v      Mortes                   combien ?

Qu’est-ce qui peut vous attirer dans le fait d’être une vieille lesbienne?

q       Savoir quoi faire pour séduire/courtiser une autre femme, c’est pas la première fois…

q       Être plus confiante dans son pouvoir de séduction

q       Le repos de la séduction (avoir le droit de se coucher de bonne heure, etc.)

q       Le savoir et sa transmission

q       Le fait d’être toujours plus jeune que les hétéros au même âge

q       Avoir des attentes plus réalistes face à son amante, pouvoir faire des compromis

q       Mieux connaître ses propres besoins, ses angoisses… ne plus les projeter sur son amante

q       La fierté d’avoir vécu sa vie comme lesbienne

q       L’expérience et la maturité acquises comme lesbienne

q       Autre :

q        

Qu’est-ce qui vous fait redouter d’être une vieille lesbienne?

q       Ne pas être désirante

q       Ne pas être désirable

q       Avoir mal partout

q       S’ennuyer avec les jeunes

q       Ennuyer les jeunes

q       Être ghettoïsée avec celles « de son âge »

q       Être dé-sexuée et avoir l’air d’une vieille hétéro

q       Avoir peur de l’oubli

q       Avoir peur de mourir seule

q       Avoir peur de mourir avant sa dernière chérie

q       Avoir peur de mourir après sa dernière chérie

q       Autre :

q        

En prenant de l’âge, la beauté, c’est :  

q       Se sentir belle à l’intérieur

q       Avoir encore l’allure jeune

q       Faire de l’exercice pour se garder en forme

q       Un investissement (lunettes à la mode, teinture et coupe de cheveux…)

q       Avoir l’apparence que je veux (avec ou sans poils, quel que soit mon poids, etc.)

q       Ne plus se poser la question

q       Se souvenir des nos amours d’enfance pour de vieilles femmes (nos profs, nos grands-mères) et se trouver belle

q       Se comparer et se trouver pas si pire…

q       Autre :

En prenant de l’âge, la sexualité :

q       Prend moins de place dans ma vie

q       Prend moins de place dans mon identité comme lesbienne

q       M’obsède de plus en plus

q       Me manque

q       Devient moins importante que ma sécurité amoureuse

q       Je suis résignée à ne plus en avoir

q       Je suis ouverte au risque, toujours prête à essayer de nouveaux trucs

q       J’espère encore découvrir mon point « G »

q       Devient plus routinière, je sais ce que j’aime

q       Autre :

Quand je fais l’amour,

q       J’ai des orgasmes plus profonds

q       J’ai plus d’orgasmes successifs

q       Ça me prend plus de temps pour arriver à l’orgasme

q       J’aime mieux les orgasmes clitoridiens

q       J’aime mieux les orgasmes utérins

q       L’orgasme n’a jamais compté pour moi et je ne les ai jamais comptés

q       Autre :

La fameuse sécheresse vaginale

q       C’est quoi ça? Je n’ai pas vu de différence.

q       Eh oui, je mouille moins! Mais quoi, il y a des lubrifiants (naturels, artificiels…)

q       Ça me manque, c’était le langage de mon désir, pour moi et pour l’autre

q       Ça me gêne pour ma partenaire, j’ai peur qu’elle pense que je ne la désire pas

q       Je ne suis pas encore ménopausée

Le désir…

q       Est plus fréquent              moins fréquent             pas de différence

q       Est plus intense                  moins intense               pas de différence

q       Est plus fragile, il s’éclipse à la moindre contrariété

q       Ne s’envisage plus en dehors d’une relation amoureuse (quelle qu’en soit la durée)

q       Autre :

Âge :         ans             En couple OU Célibataire                     Niveau d’éducation :

MERCI!


 

[i] Cette recherche reçoit le soutien financier de l’ARIR ou Alliance de recherche entre l’Institut de recherches et d’études féministes de l’Université du Québec à Montréal (IREF/UQAM) et Relais-femmes, un regroupement de plusieurs organismes de femmes. Elle en est encore à une phase de démarrage.

[ii] Voir l’article de Sappho J. Morissette, “ Rituels de couronnement ”, dans “ Dossier : La ménopause ”, revue Treize, vol. 13, no 2, 1996, p. 18.

[iii] KÉRISIT, Michèle, “ Les figures du vieillissement en gérontologie ”, dans Sylvie FRIGON et Michèle KÉRISIT (dir.), Du corps des femmes. Contrôles, surveillances et résistances, Ottawa, Presses de l’Université d’Ottawa, 2000?, p. 195-228. Les discours autour de la ménopause caractérisent cette période par un manque, le déficit d’œstrogènes, qu’il faut combler. En outre, en l’associant à toute une série de dangers (par ex., ostéoporose, atrophie vaginale, dépression, etc. ), ils insèrent le corps des femmes “ dans une logique de prévention extrêmement contraignante et contrôlante ” (p. 211). L’idéal du corps jeune et productif de la “ super-mammie ” présume évidemment l’hétérosexualité des femmes et marginalise toutes celles qui ne peuvent l’atteindre, soit la majorité d’entre elles.

[iv] LOTBINIÈRE-HARWOOD, Suzanne de,  “ Paysages climatériques ”, dans “ Dossier : la ménopause ”, revue Treize, vol. 13, no 2, 1996, p. 10-11.

[v] Encarcaner : canadianisme signifiant mettre un carcan, c’est-à-dire une entrave ou une attache au cou à un animal.

[vi] “ Table ronde sur la ménopause ”, propos recueillis par Nicole Lacelle, dans “ Dossier : La ménopause ”, revue Treize, vol. 13, no 2, 1996, p. 12-17. Dans un article publié au début des années 1990, Susan Morgan déplorait le fait que plusieurs lesbiennes ne se sentaient pas concernées par les questions relatives à l’hystérectomie et aux changements touchant la sexualité chez les lesbiennes plus âgées, lesquelles se retrouvent mal informées et sans soutien. Voir MORGAN, Susan, “ Menopause, Hysterectomy and Sexuality ”, dans SANG, Barbara, Joyce WARSHOW et Adrienne J. SMITH, Lesbians at midlife : The Creative Transition, San Francisco, Spinster Book Company, 1991, p. 173-179.

[vii] SISLEY, Dr. Emily L. et Bertha HARRIS, The Joy of Lesbian Sex, New York, Pocket Books, 1977. Voir l’entrée “ Growing Older ” (p. 88-89) et le très court paragraphe sur la ménopause (p. 130).

[viii] Voir MORGAN, Susan, op. cit.; COLE, Ellen et Esther ROTHBLUM, “ Lesbian Sex at Menopause : as Good as or Better Than Ever ”, dans SANG, Barbara, Joyce WARSHOW et Adrienne J. SMITH, op. cit., p. 184-193; WURMBRAND, Joan, “ Ask Dr. Joan ”, dans le site Internet Classic Dykes, adresse URL http://www.classicdykes.com, consultation en ligne le 21 mars 2002.

[ix] COLE et ROTHBLUM, op. cit.

[x] Ainsi, l’équipe de spécialistes auxquels fait appel le Dr. Joan Wurmbrand dans sa chronique sur Internet fait toujours bonne place à la médication pour remédier aux problèmes soumis par les lesbiennes qui s’adressent à elle.

[xi] LOULAN, Joan, “ “ Now When I Was Your Age ” : One Perspective on How Lesbian Culture Has Influenced Our Sexuality ”, dans SANG, WARSHOW et SMITH, op. cit., p. 10-18.

[xii] KÉRISIT, Michèle, op. cit., p. 222.

[xiii] Voir JACOBS et al. 1999, CRUIKSHANK 1991, KEHOE 1989. Les deux premiers ouvrages reprennent les observations faites dans d’autres recherches.

[xiv] ADELMAN, Jeanne, “ We Never Promised you Role Models ”, dans Karla JAY (dir.), Dyke Life. A Celebration of the Lesbian Experience, Basic Books, New York, 1995, p. 77-94.

[xv] ADELMAN 1991, AUGER 1992, BEELER et al. 1999, Jacobs et al. 1999, KEHOE, 1989. Ces données contradictoires s’expliquent probablement par les caractéristiques des échantillons constitués. Des études récentes à New York et Los Angeles établissent que plus des trois quarts des lesbiennes et gais âgés vivraient seul.e.s (CAHILL, SOUTH et SPADE 2000, p. 10).

[xvi] JACOBS et al. 1999, AUGER, 1992, CRUIKSHANK 1991.

[xvii] CAHILL, SOUTH et SPADE 2000, JACOBS et al. 1999. Les deux autres prédicateurs d’un bon ajustement au vieillissement sont l’accès à des ressources financières et un niveau élevé d’éducation.

[xviii] ROSE, Suzanna et Debra ZAND, “ Lesbian Dating and Courtship from Yong Adults to Midlife ”, dans Marcy R. ADELMAN (dir.), Midlife Lesbian Relationships : Friends, Lovers, Children, and Parents,

Harrington Park Press, New York, 2000, p. 77-104.

[xix] MYERS, Anna, Jennifer TAUB, Jessica F. MORRIS et Esther ROTHBLUM, “ Beauty Mandate and the Appearance Obsession : Are Lesbian and Bisexual Women Better Off? ”, et COGAN, Jeanine C., “ Lesbians Walk the Tight Rope of Beauty ”, dans COGAN, Jeanine C. et Joanie M ERICKSON (dir.), Lesbians, Levis and Lipstick. The Meaning of Beauty in Our Lives, Harrington Park Press, New York, 1999, p. 15-26 et p. 77-89; WEINSTOCK, Jacqueline S., “ Lesbian Friendships at Midlife : Patterns and Possibilities for the 21st Century ”, dans Marcy R. ADELMAN (dir.), op. cit., p. 1-32; ROTHBLUM, Esther, Beth MINTZ, D. Brookes COWAN et Cheryl HALLER, “ Lesbian Babyboomers at Midlife ”, dans JAY, Karla, op. cit., p. 61-76.

[xx] LOULAN, Joann, op. cit., p. 11.

[xxi] MYERS, Anna, Jennifer TAUB, Jessica F. MORRIS et Esther ROTHBLUM, op. cit., p. 22-23; THOMPSON, Kim M., Nancy BROWN, Joan CASSIDY et Jacqueline H. GENTRY, “ Lesbians Discuss Beauty and Aging ”, dans Jeanine C. COGAN et Joanie M. ERICKSON (dir), op. cit., p. 37-44.

[xxii] ROSE, Suzanna et Debra ZAND, op. cit., p. 99.

[xxiii] NESTLE, Joan, “ Desire Perfected : Sex After Forty ”, dans SANG, WARSHOW et SMITH, op. cit., p. 180-183. La citation est aux pages 181-182.

[xxiv] ROSE et ZAND, op. cit., p. 98-99.

[xxv] ROSE, Suzanna et Debra ZAND, op. cit., p. 96.

[xxvi] HALL, Marny avec Ann GREGORY, “ Subtle Balances : Love and Work in Lesbian Relationchips ”, dans SANG, WARSHOW et SMITH, op. cit., p. 122-131.

[xxvii] COSS, Claire, “ Single Lesbians Speak Out ”, dans SANG, WARSHOW et SMITH, op. cit., p. 132-146.

Professeure de sociologie au Collège de Maisonneuve, Line Chamberland a publié Mémoires lesbiennes : le lesbianisme à Montréal entre 1950 et 1972 et dirigé en 1997 un numéro de la revue Sociologie et sociétés intitulé « Homosexualité : enjeux scientifiques et militants ». Actuellement professeure associée à l’Institut de recherches et d’études féministes de l’Université du Québec à Montréal,IREF, elle donne le cours « Homosexualité et société » et mène des recherches sur diverses facettes de l’histoire et de la vie des lesbiennes au Québec. Elle a collaboré à l´encyclopédie Lesbian Histories and Cultures (Garland Publications, 2000)  et ses publications les plus récentes sont : (2001) « Lesbianisme, parentalité et vieillissement », avec Louise Brossard, dans Danielle Julien (dir.), Parentalité gaie et lesbienne : familles en marges?, Association canadienne pour la santé mentale et Association de recherche IREF/Relais-Femmes; (2001) « La place des lesbiennes dans le mouvement des femmes », dans Francine Descarries et Elza Galerand (dir.), Le féminisme comme lieu pour penser et vivre diversité et solidarité, Actes du colloque de l’Association de recherche IREF/Relais-femmes; (2000).

labrys, estudos feministas, études féministes
agôsto/ dezembro 2004- août / décembre 2004
número 6