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labrys, études féministes/ estudos feministas
juillet / décembre 2010 - julho/dezembro 2010

 

L’IREF, déjà 20 ans ! Une belle réussite

Christine Corbeil

2001-2006

 

Lorsque j’acceptai le mandat de directrice de l’IREF, j’étais quelque peu inquiète de ne pouvoir être à la hauteur des collègues qui m’ont précédée et qui ont contribué à faire de l’Institut un lieu de convivialité, d’échange, de réseautage et de solidarité. Mes hésitations à me lancer dans cette fabuleuse aventure n’ont guère duré et je puis dire aujourd’hui que je suis infiniment reconnaissante à l’équipe de l’IREF qui m’a permis de connaître les rouages internes de l’Institut, d’être associée étroitement à son développement, à sa vie quotidienne, de participer aux débats sur ses orientations, ses priorités en matière de formation et de recherche, et, enfin, de représenter ses intérêts auprès des différentes instances de l’UQAM.

Il est impossible d’évoquer mon expérience de directrice de l’IREF sans faire référence au rôle essentiel joué par l’Alliance de recherche IREF/Relais-femmes (ARIR) sous la direction universitaire de Francine Descarries et la coordination de Lyne Kurtzman, dans la dynamisation et la reconnaissance des études féministes tant à l’université qu’au sein du mouvement des femmes. En effet, grâce au soutien matériel, financier et intellectuel de l’ARIR, nombre de projets ont gravité autour de l’IREF et permis que se tissent des liens de solidarité peu communs entre chercheures, étudiantes et praticiennes du mouvement des femmes. À commencer par cette mémorable chaine humaine à laquelle nous nous sommes jointes sous la bannière de l’ARIR, lors de la manifestation devant les bureaux de l’ONU à New York organisée par la Marche mondiale des femmes de l’an 2000 ; sans oublier ce fameux séminaire sur la question de la diversité que nous avons tenu dans l’autobus nolisé par l’ARIR pour faire le trajet Montréal-New York. Dans la foulée de cette mobilisation historique des femmes, l’IREF, en concertation avec l’ARIR et le Protocole UQAM/Relais-femmes du Service aux collectivités, a multiplié les occasions de collaboration avec le mouvement des femmes que ce soit dans le cadre de colloques, de séminaires, de journées d’étude ou de projets de recherche et de formation.

Comment caractériser l’IREF si ce n’est à travers le dynamisme et l’engagement de ses étudiantes, tous cycles confondus, à faire des études féministes un milieu vivant et fécond tant du point de vue du renouvellement des savoirs que des pratiques. Je pense, entre autres, aux multiples initiatives destinées à faire entendre leurs voix, communiquer leurs préoccupations, leurs désirs de changement : la revue FéminÉtudes, dont la qualité, l’originalité et la profondeur des articles ne cessent de croître, en témoigne, de même que leur participation à des comités d’action sociale et politique, leur implication dans l’organisation de colloques et de forums d’études féministes, sont autant de manifestations tangibles de leur grande capacité de mobilisation, d’action et de réflexion. Sans exagération et prétention, je peux affirmer que l’IREF a toujours eu le souci d’intégrer les étudiants-es lors d’événements marquants dans le milieu universitaire féministe. À preuve, cette participation nombreuse des membres de l’IREF dont plusieurs étudiantes au 3e Congrès international sur les recherches féministes francophones qui s’est tenu à Toulouse (France) en septembre 2002 sur le thème Ruptures, Résistances et Utopies. Grâce à l’initiative et au soutien financier de l’ARIR, une vingtaine de chercheures et d’étudiantes québécoises ont pu mêler leur voix à celle de féministes francophones d’outre-mer et discuter ensemble des enjeux et des défis des recherches féministes.

Je retiens de mon expérience à l’IREF cette chance exceptionnelle d’avoir pu  travailler côte à côte avec des professeures, des chargées de cours et des étudiantes issues de tous les horizons disciplinaires ce qui m’a permis de connaître de près les rouages et les avantages de la multidisciplinarité. Car, réunir des gens en provenance de sept facultés universitaires dans le cadre d’une discussion sur des enjeux féministes, d’un projet de publication, d’un comité de travail, d’une expérience de formation, d’une révision de programme, etc., peut se révéler extrêmement exigeant, mais les retombées d’une telle approche sont sans conteste extrêmement positives pour les études féministes : ouverture à la différence, fréquentation de nouveaux univers théoriques et pratiques, moins d’isolement disciplinaire et multiples expressions de solidarité. En continuité avec cette recherche d’ouverture, je dois souligner une initiative prise au printemps de 2006, par les différents instituts en études des femmes et études féministes francophones du Québec et de l’Ontario, de tenir une Journée d’échanges et de réseautage interuniversitaire afin de réfléchir sur les enjeux actuels des études féministes tels que le financement des Instituts, la relève étudiante et professorale, la visibilité et la reconnaissance des études féministes dans nos institutions ainsi qu’à l’échelle nationale et internationale. Encore une fois, le fait de mettre en commun nos stratégies et nos réflexions quant au développement et au rayonnement des études féministes s’est avéré beaucoup plus riche et motivant que de cheminer seules dans nos institutions.

En terminant, j’aimerais rappeler que cet engagement à défendre le dossier des études féministes sur plusieurs tribunes exige entraide et solidarité, écoute et compréhension, disponibilité et générosité, esprit d’équipe et complicité. Je crois bien avoir trouvé ces qualités parmi les membres de l’IREF et je les remercie de m’avoir accompagnée et soutenue au cours de ces années. Je salue et exprime mon affection et ma reconnaissance tout particulièrement à Lorraine Archambault, Céline O’Dowd et Marie-Edmée de Broin avec qui j’ai partagé les hauts et les bas d’une équipe de direction.

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juillet / décembre 2010 - julho/dezembro 2010