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études féministes/ estudos feministas L’IREF de 1993 : lieu inédit d’engagement et d’émergence de nouveaux savoirs Jacqueline Lamothe 1993-1995
De toutes les expériences qu’il m’a été donné de vivre au cours de ces trente ans à l’UQAM, ma collaboration à l’IREF en tant que directrice compte parmi les plus chères. C’est avec émotion que, quatorze ans après avoir assumé la première coordination du GIERF, premier lieu officiel d’études féministes à l’UQAM, je succédais (humblement) à Anita Caron à la direction de ce nouvel Institut. Ce qui a suscité mon enthousiasme comme plus tôt au GIERF, c’était de participer à l’édification d’une organisation toute et entièrement dédiée à l’enseignement et à la recherche féministes, c’est-à-dire reliée au développement de connaissances indissociables de leur implication sociale concernant les femmes et les rapports de sexe, recherche dont le caractère interdisciplinaire favorise l’émergence de problématiques riches et englobantes. Assumer la direction de l’IREF m’a donc permis de vivre à l’intérieur d’une organisation hors du commun de par sa nature particulière et ses diverses fonctions. Lieu de solidarité et d’échange : le type de structure organisationnelle de l’IREF, engageant les efforts non seulement d’une personne mais d’une équipe, ce mandat de direction a constitué une entreprise emballante et assuré un ouvrage collectif. Exigence de la fonction : tous les volets étaient inextricablement liés et nécessitaient vigilance, énergie et créativité. Comment penser au développement des programmes sans établir et maintenir la communication avec les unités départementales concernées ? Comment s’assurer d’un enseignement de qualité sans le recrutement de membres professeures dans les différents départements ? Comment combler les groupes-cours sans développer des outils de promotion afin de prendre contact avec les étudiants-es potentiels-les ? Comment conserver la crédibilité auprès de l’Institution et obtenir l’appui financier sans faire la preuve de réalisations concrètes dans tous les secteurs : formation, recherche et diffusion de la recherche, animation, etc., ainsi que d’élaboration de projets de valeur ? Développement, rayonnement, gestion, représentation… autant de créneaux d’implication de tous les instants. Défilent encore dans ma mémoire des moments reliés à chacun de ces aspects. La création du service de la recherche, les journées d’étude animées en vue de l’élaboration d’un programme de doctorat, l’implantation graduelle de la concentration de 2e cycle, les séminaires de recherche passionnants, les discussions fructueuses de l’exécutif et du conseil, les échanges amicaux avec les membres du personnel, l’initiative des étudiantes jusqu’au lancement du premier numéro de la revue FéminÉtudes, la richesse et la variété des débats, des conférences, des tables rondes, etc. J’évoquerai ici un moment qui m’a particulièrement tenu à cœur, soit l’organisation de la Section d’Études féministes du 62e Congrès de l’Acfas tenu à l’UQAM au printemps 1994.La densité du programme témoigne de la ferveur féministe de l’époque. Quatre séances de communications libres et cinq colloques s’inscrivaient entre autres sous les thèmes suivants : « La violence faite aux femmes », « Les discours de représentation », « Femmes, féminisme et organisation », « Ré/conciliation famille/ travail », « Productions au féminin et nouvelles pratiques littéraires ». J’ai eu le plaisir, lors de la réception des propositions de communications libres, de mettre en relation des chercheures travaillant sur des thèmes connexes sans le savoir. D’autres événements se sont tenus dans le cadre de la Section, soit une table ronde réunissant des professeures des universités québécoises sous le thème général de la section : « Les stratégies d’implantation des études féministes et les perspectives d’avenir ». Une autre table ronde avait été organisée par les étudiantes. En clôture, une conférence : « Sens et portée d’un projet féministe de société ». Des activités connexes se sont déroulées tout au cours du congrès : exposition, projections de films, atelier d’écriture. Par ailleurs, nous avions pu constater que les préoccupations féministes débordaient le cadre de la Section. Plusieurs colloques de grande qualité, à problématique féministe, figuraient également au programme de ce congrès. Enfin, nous avons profité de cette occasion pour célébrer le 20e anniversaire de la naissance des études féministes à l’UQAM par une fête au cours de laquelle nous avons rendu hommage aux coordonnatrices du GIERF en présence des responsables des études féministes des diverses universités. Que de beaux souvenirs ! Pour conclure, je tiens à remercier la personne sans qui tout ce qui précède n’aurait été possible : bien sûr, Lorraine Archambault, l’âme et le cœur de l’IREF. labrys,
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