labrys, études féministes/ estudos feministas
juillet / décembre 2010 - julho/dezembro 2010

 

L’Institut, un point d’ancrage

Micheline de Sève

1998-2001

 

Quand je repense à ma présence à l’IREF, en occuper la direction m’apparaît comme la tâche la plus ardue que j’y aie assumée. Je succédais à une tornade, mon amie Évelyne Tardy, ce qui, en soi, représentait un formidable défi à relever. J’arrivais en outre en pleine période de chamboulement administratif puisque nous passions sous la gouverne de la toute nouvelle Faculté des sciences humaines, ce qui impliquait une révision systématique de l’affectation des ressources trop maigres dont nous disposions précédemment. Cerise sur le sundae, il fallut aussi faire face au grand dérangement que signifie un déménagement, cette fois, de la Place Dupuis au pavillon Thérèse-Casgrain, à notre avantage cependant. Nous sortions de l’exil pour revenir au centre de l’activité du campus.

Heureusement, qui dirige l’IREF n’est jamais seule ! Lorraine Archambault et Céline O’Dowd étaient là pour me seconder au quotidien et les membres de l’exécutif, plus particulièrement ma chère Lori (Saint-Martin), rappliquaient au besoin. Jamais, dans aucun des postes de gestion que j’ai occupés en trente ans de carrière, je n’aurai expérimenté aussi pleinement ce que peut être une équipe de soutien à la direction. Je suis d’autant plus reconnaissante à mes collaboratrices du temps, dont la plupart sont toujours fidèles au poste, d’avoir traversé avec moi ces tribulations presque « normales » pour qui œuvre à l’Institut.

Les ajouts à nos définitions de tâche respectives ne manquaient pas. Par exemple, je me souviens de la mauvaise surprise que me réservait le système informatique de la boîte, passée des années avant moi du WordPerfect, dont je m’accommodais très bien pour mes besoins professionnels jusque là, au Word, nécessaire pour m’adapter au fonctionnement du secrétariat de l’Institut. Céline et Lorraine se virent forcées de former sur le tas une directrice récalcitrante et qui appelait à l’aide en bougonnant plus souvent qu’à son tour. Je n’ai pas encore digéré non plus la longueur de certaines réunions préparatoires aux réunions officielles, des séances obligatoires de concertation qui venaient compliquer la gestion déjà compliquée de mes horaires de prof surchargée et que justifiait, je le reconnais volontiers, le soin du détail requis par l’exercice d’un mode de direction collégial. La patience est une belle vertu que je n’aurai pas toujours cultivée au mieux !

N’empêche que je garde de l’expérience un souvenir attendri. Celui des belles amitiés nouées au fil de ces heures passées en réunion précisément, au téléphone ou à l’occasion des nombreuses activités organisées avec tant de soin par l’un ou l’autre des comités responsables. Celui aussi de ces étudiantes qui trouvaient généralement ma porte ouverte et que j’accueillais avec plaisir pour discuter de leurs projets ou les aider à régler un problème ou l’autre. Leur présence me ramenait à l’essentiel de mon action à l’Institut : le partage avec ces jeunes chercheures que la concentration de deuxième cycle, dont j’avais piloté la création quelques années plus tôt, nous amenait de plus en plus nombreuses.

Je l’avoue, je fus soulagée de retrouver la quiétude relative de mon bureau de prof et l’agrément de mes salles de classe, en particulier celle où j’animais le séminaire multidisciplinaire de deuxième cycle en études féministes, au terme d’un mandat de trois ans que je trouvai écrasant par moment. Ah ! le plaisir de redevenir un simple maillon de la chaîne qui relie les membres de l’Institut, étudiantes, chercheures ou enseignantes (les exceptions masculines me permettront de les inclure dans le féminin !) et d’oublier les exigences de régie de la machine qui turbine derrière à toute vapeur. Chapeau à celles qui continuent de s’en charger si efficacement pour nous toutes ! Chapeau bas en particulier à celles qui le font à long terme, année après année, assurant ainsi la permanence et la vitalité de notre Institut !

 

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