labrys, études féministes/ estudos feministas
juillet / décembre 2010 - julho/dezembro 2010

20 ans pour l’IREF, et 34 pour le GIERF !

Il me semble que c’était hier...

Évelyne Tardy

1996-1998

 

J’aimerais rappeler, à l’occasion des vingt ans de la création de l’IREF, une anecdote qui remonte au tout début de mon mandat comme coordonnatrice du GIERF en 1986, mandat qui commençait par une « audace », comme l’écrivait la journaliste de RÉSEAU, magazine de l’Université du Québec, dans un numéro[1] consacré en grande partie au GIERF sous le titre très emblématique de « Place aux femmes ! ». Cette anecdote, c’est celle du « cadeau » transmis aux membres de l’Académie française. En effet, en novembre 1986, en prévision des fêtes de Noël et du nouvel an, et pour marquer les dix ans du GIERF, sous l’initiative de notre première coordonnatrice, Jacqueline Lamothe, et d’une de nos collègues, Louise Vandelac, nous avons adressé nos meilleurs vœux aux membres de l’Académie française et nous leur avons offert en cadeau... des documents relatifs à la féminisation des titres et à ses règles dans tous les domaines de l’activité humaine ! Ce cadeau a été reçu par les « Immortels », mais il n’a pas eu l’effet souhaité !

Par contre, au même moment, une audace en amenant une autre, j’ai cru bon m’autoriser à changer l’appellation du GIERF. Il était jusqu’alors le Groupe interdisciplinaire pour l’enseignement et la recherche sur les femmes, et les mots « sur les femmes » ne me plaisaient pas, pas plus qu’ils ne plaisaient à mes collègues. C’est ainsi que le GIERF est devenu le Groupe interdisciplinaire pour l’enseignement et la recherche féministes. Cette appellation, ne changeant pas le sigle (GIERF), passa presque inaperçue, mais elle fut retenue par des membres du groupe, puis reproduite dans le magazine RÉSEAU[2], dès mai 1987.

Dix ans plus tard, le GIERF étant devenu un Institut, l’IREF, Institut de recherches et d’études féministes, on m’a proposé d’en prendre la direction pour deux ans. Le souvenir que je garde de ces deux années à la direction de l’IREF est celui d’un très grand travail, impliquant de nombreuses démarches administratives, et d’un bouillonnement d’activités de toutes sortes, sans parler de certains problèmes concernant le secrétariat et, surtout, les bibliothèques de l’UQAM.

Le rapport[3] rédigé au terme des deux années que j’ai passées à la direction de l’IREF comprend 68 pages ; je me contenterai d’en signaler quelques points forts, comme le renouvellement du mandat de l’Institut pour les cinq années subséquentes, la consolidation des concentrations de premier et de deuxième

cycles en études féministes, le projet d’une mineure pluridisciplinaire, le développement de nouveaux champs de recherche comme « l’identité sexuelle » et « femmes et espace », la remise sur pied du comité conjoint du protocole UQAM/Relais-femmes avec la participation active de l’IREF, la mise en place d’un prix alimenté par le Fonds Anita Caron, décerné au meilleur mémoire réalisé dans le cadre de la concentration de deuxième cycle en études féministes, prix qui a été attribué, à l’époque de sa création, à Lise Letarte, étudiante en sexologie, dont le mémoire a paru dans le premier numéro des « Cahiers de l’IREF »[4].

Nous appuyant sur un rapport d’évaluation des cinq premières années de notre institut extrêmement élogieux, en septembre 1996, nous avons, à l’époque, demandé aux autorités universitaires de maintenir et de renforcer l’IREF. Il nous a pourtant fallu organiser de nombreuses prestations auprès des instances administratives de l’UQAM pour défendre notre dossier, et attendre neuf mois, jusqu’en juin 1997, pour obtenir, enfin, un second mandat de cinq ans et l’acceptation des demandes soumises par le Conseil de l’IREF, dont, en particulier, un budget plus important, y compris au chapitre des ressources humaines, de nouveaux bureaux, et l’extension du mandat de la directrice de l’Institut, qui est passé à trois ans.

C’est pendant mon mandat comme directrice de l’IREF que l’on a assisté au grand chambardement informatique de l’UQAM dont la direction voulait absolument emprunter à grande vitesse « l’autoroute de l’information » ! Le Centre de documentation en sciences humaines qui possédait une riche collection d’ouvrages sur les femmes, grâce à la précieuse collaboration de la bibliothécaire Catherine Passerieux, a été fermé malgré nos nombreuses démarches auprès du Service des bibliothèques et auprès du directeur de la Bibliothèque centrale. Après d’épiques batailles, nous avons heureusement pu conserver, à la Bibliothèque centrale, notre base de données « Interfemmes », indispensable outil pour le personnel étudiant et professoral en études féministes.

Je terminerai ce petit « retour en arrière » en vous faisant part d’une remarque que j’ai osé formuler lors de la fête organisée par le Département de science politique, où j’étais professeure, à l’occasion de mon départ à la retraite, il y a neuf ans déjà. Après avoir remercié mes collègues politologues de m’avoir accueillie dans leur département, alors que ma formation se situait en sociologie, je leur ai rappelé que c’est dans le GIERF et l’IREF que je m’étais vraiment sentie chez moi, y ayant trouvé une exceptionnelle stimulation intellectuelle, une convivialité de tous les instants, et un esprit d’entraide qui m’ont donné le goût de rester à l’université, en dépit des invitations à la quitter. Cette convivialité, cette entraide, cette stimulation, venant de mes collègues féministes de l’Institut, ont été pour moi un véritable cadeau et me resteront toujours en mémoire.


 
 

[1] « Place aux femmes », RÉSEAU, magazine de l’Université du Québec, mai 1987, p. 9.

[2] Ibidem.

[3] Institut de recherches et d’études féministes, « Rapport d’activités pour la période du 1er juin 1996 au 31 mai 1998 ».

[4] Lise Letarte, « Quand la violence parle du sexe : analyse du discours thérapeutique pour hommes violents », Cahiers de l’IREF, no 1, 1998, 130 p.

 

labrys, études féministes/ estudos feministas
juillet / décembre 2010 - julho/dezembro 2010