labrys, études féministes/ estudos feministas
julho/dezembro2007- juillet/décembre 2007

Des rôles masculins et féminins aux rapports sociaux de sexe : une trajectoire scientifique et politique

 

Danielle Juteau

            Il est difficile d’indiquer avec précision le début d’un engagement féministe qui s’est effectué de façon progressive et non linéaire. On ne se dit pas non plus un bon matin je vais devenir féministe, d’autant que le mouvement des consciences s’opérait en même temps que le mouvement social dont il faisait partie. Pensons plutôt en termes d’une conjoncture, où se sont conjugués plusieurs facteurs agissant sur les plans collectif et individuel. Le féminisme « occidental » émerge dans le sillon de la décolonisation et des luttes internes aux sociétés industrielles, Civil Rights, nationalismes, révoltes étudiantes, mai 1968. Et puis l’éducation reçue au collège Marguerite-Bourgeois où l’on nous encourageait à devenir médecins et non à en épouser un, la déception de nos mères qui avaient combattu pour le droit de vote puis se sont vues reléguées dans un rôle traditionnel, l’écart entre nos aspirations et les attentes sociétales, tout cela créait un terreau fertile au féminisme.

            Je me suis inscrite au doctorat en sociologie à l’Université de Toronto en 1968, au début du mouvement, mais avant que ne se constituent, que ne se pensent même, les études féministes. Mon doctorat portait sur le passage du nationalisme canadien-français au nationalisme québécois, sur la transformation des rapports de pouvoir constitutifs des frontières ethnico-nationales. Travailler sur les relations entre majoritaires et minoritaires n’était pas, comme Colette Guillaumin me l’a fait remarquer plus tard, le fruit du hasard. En effet, plusieurs féministes, telle Andrée Michel, ont d’abord travaillé sur d’autres situations minoritaires, dont le racisme et l’immigration, avant que ne se construise l’objet de recherche rapports de sexe.

            Je me souviens très bien des débuts du mouvement féministe à Toronto, notamment de la conférence de Joan Johnson, membre d’un groupe féministe radical qui nous en expliquait la raison d’être. Le reporter du journal étudiant Varsity s’est déclaré agréablement surpris de voir sur l’estrade une femme à la voix douce, enceinte de surcroît, et non une amazone avec un fusil à la place du sein gauche ! Lors du Congrès des sociétés savantes tenu à l’Université McGill en 1972, une rencontre fut organisée pour discuter du féminisme dans la sociologie et je tenais à y assister. Pourquoi ? Ce n’est pas clair, mais je m’identifiais à cette cause parce que je sentais qu’elle touchait à l’essentiel. Je ne sais trop si ma mémoire me trahit, mais j’ai le souvenir d’une rencontre où nous étions à discuter assises en cercle sur le plancher, à laquelle assistaient notamment Margrit Eichler et Dorothy Smith, « who was not amused », quand un homme a reproché au mouvement féministe son manque d’humour ! Adresserait-on une telle critique au mouvement des Noirs, rétorqua-t-elle sèchement ? J’ai continué à fréquenter le caucus femmes de la Société canadienne de sociologie et d’anthropologie, où j’ai rencontré Peta Sheriff Tancred qui deviendra la fondatrice du Centre d’études des femmes à McGill. Je me suis abonnée à Resources for Feminist Research publié à l’OISE et qui était alors une « newsletter » et qui demeure incontournable.

            Embauchée à l’Université d’Ottawa en 1972, on m’a confié un cours de Sociologie de la famille parce que j’avais deux enfants, ce qui faisait de moi une experte en la matière. J’en ai profité pour parler des rôles masculins et féminins comme on disait à l’époque et découvrir un univers insoupçonné. Wollstonecraft, une pionnière qui reste si contemporaine ; Stuart Mill, dont l’analyse et le comportement édifiaient ; Martineau, une oubliée de la sociologie ; Woolf et son A Room of One’s Own, renversant, de Beauvoir sur le construit du devenir femmes ; Firestone dont l’analyse reste décapante – il faut relire son chapitre sur l’amour comme idéologie masquant l’inégalité des sexes – ; Mitchell sur l’articulation du patriarcat au capitalisme ; Millett sur les rapports politiques entre les sexes. Se définissait ainsi un projet intellectuel indissociable d’une démarche politique, car il fallait transformer le savoir et le pouvoir, changer nos disciplines et nos départements. J’ai toujours pensé que le féminisme devait s’exercer partout, que le sexisme affectait l’ensemble des femmes, y compris les étudiantes à l’université. D’ailleurs, on rejetait fortement l’image d’une révolution qui opposerait une nuit fatidique et sur un champ de bataille les dominés aux dominants. Il fallait agir partout en tout temps par tous les moyens. Si « le personnel est politique » c’est que les rapports de pouvoir traversent toutes les sphères de la société y compris la famille qu’on pensait à l’abri, sociologues inclus.

            Avec Ann Denis, qui s’est jointe au département en 1973 et qui fut toujours une excellente stratège, j’ai proposé la création d’un nouveau cours, timidement intitulé « Rôles masculins et rôles féminins », qui fut présenté à l’assemblée départementale puis au Conseil de Faculté, qui l’a approuvé, sans trop d’opposition. On a expliqué que c’était un domaine en effervescence, qu’il y aurait plein d’effectifs et que l’Université d’Ottawa serait à la fine pointe ! J’ai offert ce cours pour la première fois à l’hiver 1975, puis ai changé son intitulé à plusieurs reprises, au gré des avancées théoriques ! Avec les étudiantes, on découvrait l’antériorité des luttes féministes, leur occultation, la faiblesse des outils conceptuels et théoriques de la sociologie. Outre les classiques, on lisait Margrit Eichler et Dorothy Smith dont je me dissociais parce qu’elles faisaient du capitalisme l’ennemi principal, jugeant secondaire l’oppression des femmes non prolétaires (donc l’oppression sexuelle). L’on découvrait aussi Têtes de pioche et le Manifeste des femmes québécoises, s’interrogeant sur les liens entre féminisme, nationalisme et capitalisme, et sur la spécificité des franco-ontariennes. Le souffle qui nous animait était d’une puissance extraordinaire, et un travail en profondeur en résulta. Militant ? Scientifique ? Inséparable, comme toute réflexion qui s’élabore du côté des dominés et qui s’en alimente. Un groupe interdisciplinaire s’est formé à cette époque auquel participaient notamment Susan Mann, Marie Laure Swiderski, Naomi Goldenberg et Elisabeth Lacelle, pour mettre sur pied des études féministes à l’Université d’Ottawa. Ce projet fut couronné de succès puisque l’Université possède aujourd’hui une Chaire en études féministes (conjointement avec Carleton), un centre et plusieurs programmes spécialisés.

            Notre activité se déployait aussi en dehors de l’enceinte universitaire. Pour les franco-ontariennes, le féminisme posait la question d’une double oppression, voire triple dans certains cas, qui fut appréhendée (Juteau-Lee et Roberts, 1981) au-delà d’un simple cumul, en fonction de l’articulation de rapports sociaux entrecroisés. La réunion de fondation de l’ICREF à laquelle j’ai assisté en 1976, rassemblait intervenantes, universitaires et politiciennes dans un regroupement transversal voulant prolonger l’action féministe de l’année internationale des femmes.

            Tant restait à faire. Mais notre mission était tracée, une passion nous animait, les étudiantes s’emballaient, des mémoires furent rédigés, des recherches effectuées, l’androcentrisme des sciences sociales remis en question ; bref un champ d’étude se développait. Quelques collègues masculins, surtout marxistes il faut le dire, furent chiffonnés, mais l’administration nous épaulait. On a beaucoup écrit sur le processus qui nous a menées de l’inclusion d’un objet d’étude au déplacement de la ‘variable sexe’, qui d’indépendante devint dépendante. On a compris qu’écrire « le sexe explique la différence de salaire » n’expliquait rien. Quelle était cette « variable sexe » ? D’où venait ce mode de catégorisation ?

C’est alors que s’est opérée ce qu’on a appelé la révolution copernicienne caractérisée par le passage de la variable sexe au genre, – en écrivant « On ne naît pas femme on le devient », de Beauvoir (1949) distinguait le sexe biologique du genre comme construit social – , puis, plus tard, du genre aux rapports de sexe.

            Impossible de retracer ici l’ensemble des débats de l’époque (Juteau et Laurin, 1988), aussi je m’en tiens à mon cheminement. En France et en Grande-Bretagne, des débats théoriques et politiques opposaient féministes marxistes et socialistes aux féministes radicales, alors qu’aux Etats-Unis le féminisme radical fut plutôt confronté aux critiques de féministes des groupes minoritaires dont les femmes noires.

Au Québec, l’opposition entre marxistes et radicales s’est conjuguée à la lutte nationale, si bien que le Manifeste des femmes québécoises associait libération des femmes et libération nationale ; ce qui occasionna une rupture entre québécoises francophones et anglophones, mais aussi entre canadiennes-françaises québécoises et franco-ontariennes. Au colloque de fondation du Regroupement des femmes québécoises en juin 1978, on m’a refusé le droit de m’inscrire au regroupement[i].

            Le capitalisme, me semblait-il, ne causait pas le patriarcat qu’il venait plutôt infléchir, d’où mon désaccord avec le féminisme marxiste. Si je m’identifiais aux radicales nord-américaines, je regrettais l’absence d’une analyse éclairante de la catégorisation sexuelle. Les différences biologiques n’engendrent pas ipso facto les catégories sexuelles, pas plus que la couleur de la peau ne crée les « races », une erreur qu’on commençait à corriger dans les études sur le racisme où l’on entrevoyait les relations et rapports constitutifs des catégories racialisées.

            C’est à l’occasion d’une année sabbatique à Paris que j’ai découvert en 1979 une approche théorique probante dont je ne me suis jamais départie. Ni essentialiste ni marxiste, le féminisme matérialiste, – soulignons ici les travaux décisifs de Delphy, Guillaumin et Mathieu – , théorise les rapports sociaux constitutifs des classes de sexe. Empruntant l’idée de classe aux marxistes, Delphy (1970) avait montré comment l’ennemi principal, la classe des hommes et non le capital, se constitue dans des rapports sociaux propres au mode de production domestique.

Elle s’opposait ainsi tant aux féministes marxistes qu’à l’essentialisme des différencialistes et de la féminitude. Elle s’est engagée dans une polémique avec les féministes socialistes anglaises qui récusèrent son approche, arguant que les femmes ne peuvent former une classe parce qu’elles appartiennent déjà à des classes antagonistes. Or si l’appartenance du prolétariat à différentes catégories sexuelles ne les troublait pas, c’est parce qu’elles n’envisageaient pas les catégories sexuelles comme antagoniques, ou en tout cas ne formant pas la contradiction principale[ii].

            Mathieu (1971) fut à ma connaissance la première – bien avant que Butler ne fasse un tabac – , à s’interroger sur la construction sociale des catégories sexuelles, à théoriser le sexe social comme distinct du sexe biologique et du genre. Car affirmer que le sexe biologique et le genre sont distincts et dissociables ne suffit pas ; encore faut-il comprendre comment se construisent les catégories sexuelles elles-mêmes, qui sont à tort conçues comme biologiquement fondées, même par celles qui rejettent l’impact du sexe biologique sur la construction du genre.

Et c’est ici que l’analyse de Guillaumin (1978) est capitale. Sa théorisation du sexage, ce rapport d’appropriation collective et privée constitutif des classes de sexe, laisse entrevoir le fondement social de catégories dont on dit qu’elles sont biologiques ou culturelles. Si on ne naît pas femmes, on le devient, c’est moins par l’apprentissage des rôles que l’affectation hors salariat au travail d’entretien des êtres humains. En appréhendant les rapports de sexe comme antérieurs au mode de production capitaliste, elle ne s’est pas éternisée sur le mode de production domestique et n’a pas fait de la famille le site premier de l’oppression. Toutes les femmes appartiennent à la classe de sexe, et leur travail, même celui des célibataires, est approprié à l’intérieur de sites multiples.

            J’ai alors compris que les religieuses, auxquelles je réfléchissais et dont la contribution capitale au Canada français restait négligée, appartenaient à la classe des femmes fournissant un travail approprié dans le cadre de l’institution ecclésiale. Et voilà, je pouvais entreprendre avec Nicole Laurin notre vaste étude sur le travail des religieuses au Québec. Car depuis 1981, j’étais à l’Université de Montréal où la place des études féministes fut plus difficile à conquérir. D’autres en parleront mieux que moi : Francine Descarries qui étudiante revendiqua et enseigna le premier cours en sociologie, Nicole Laurin qui fut embauchée dans ce contexte, Marie-Andrée Bertrand qui lutta sans répit pour en assurer la reconnaissance.

Dès mon arrivée au département, je me suis investie avec Nicole Laurin à développer ce champ d’étude. Nous avons donné des cours de baccalauréat et aux études supérieures, ateliers de recherche et cours à thèmes rotatifs, utilisant des sigles existants qui permettaient d’injecter le contenu voulu. Guillaumin fut invitée à offrir un séminaire, nos ateliers regroupaient souvent une vingtaine d’étudiantes, je dirigeais des mémoires et des thèses. Avec Nicole Laurin, nous avons effectué ce projet prodigieux grâce à des subventions importantes ; six assistantes y œuvrèrent pendant trois ans.

De plus, nos débats et réflexions se sont poursuivis dans des articles (1988) et des livres, bref le secteur fut dynamisé. Mais on n’a pas créé de nouvelles structures, de centres, de programmes, de cours avec leurs sigles, ce qui fut à mon avis une erreur. L’absence de visibilité et de formes institutionnelles a entravé le développement durable du champ. Aussi c’est avec empressement que j’ai accepté de me joindre au séminaire PLU organisé par Marie-Andrée Bertrand[iii] en 1988 après beaucoup d’efforts puisque nos supérieurs administratifs craignaient que l’enseignement n’y soit pas scientifique. Sa conviction et sa détermination ont rendu possible ce qui fut une expérience intellectuelle et sororale intense, fructueuse et inoubliable : critique interdisciplinaire de l’androcentrisme, contributions du féminisme aux sciences sociales, reconnaissance de la diversité des rapports sociaux et de leur nécessaire articulation, débats épistémologiques autour du standpoint, une méthodologie de recherche collective et interactive…

            De cette expérience d’ailleurs, j’ai tiré des leçons et me suis engagée à fond dans le développement et la consolidation des études en relations ethniques à l’Université de Montréal, par l’obtention en 1991 d’une Chaire et la création d’un Centre interdisciplinaire branché internationalement et sur le milieu. D’ailleurs cet objet de recherche n’est pas sans lien avec les études féministes. Il s’agit de saisir des rapports sociaux jadis occultés par les marxistes qui n’en reconnaissent qu’un, et par la majorité des chercheurs qui trouvent désuète toute approche axée sur les rapports sociaux. Je demeure une matérialiste non marxiste, me penchant principalement sur les rapports sociaux constitutifs des catégories ethniques, nationales et de sexe. Je tente d’articuler l’ensemble de ces rapports et d’échapper à ce que Stuart Hall appelait le réductionnisme horizontal et vertical.

            Deux dérives sont à éviter, l’essentialisme bien sûr, mais aussi un certain constructivisme qui flotte au-dessus des rapports sociaux. Les catégories sociales et leurs visées identitaires y sont appréhendées comme le fruit du libre-arbitre, qui s’exercerait en dehors des inégalités de pouvoir et des contraintes structurelles. La prégnance d’un discours philosophique qui oppose, à quelques exceptions près, égalité des individus et droit à la différence, accentue cette tendance.

L’on s’interroge sur la différence, on est pour ou contre sa prise en charge, mais l’on ne se demande jamais d’où elle vient, ni comment elle est construite. Et cela est dramatique. Car l’éloge de la différence culturelle sert alors à dissimuler les rapports inégaux et transnationaux constitutifs de minorités différenciées et à voiler d’autres rapports de pouvoir, ceux-là mêmes que les analyses féministes ont démasqués et espèrent éradiquer.

 


 
Quelques publications de l’auteure

Juteau, Danielle. La différenciation sociale : modèles et processus, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 2003, 300 p.

Juteau, Danielle. L’ethnicité et ses frontières, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 1999, 232 p.

Juteau-Lee, Danielle et B. Roberts. « Ethnicity and femininity: (d’) après nos experiences », Canadian Ethnic Studies/Études ethniques au Canada, vol. 13, no. 1, 1981, p. 1-23.

Juteau, Danielle et Nicole Laurin. Un métier et une vocation. Le travail des religieuses au Québec de 1901 à 1971, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, 1997, 194 p.

Juteau, Danielle. « Visions partielles, visions partiales : visions des minoritaires en sociologie ? » Sociologie et sociétés, vol. XIII, no. 2, 1981, p. 33-47.


Références bibliographiques

De Beauvoir, S. Le deuxième sexe, Paris, Gallimard, 2 vol., 1949.

Delphy, C. « L’ennemi principal », Partisans, nos 54-55, 1970, p.157-172.

Firestone, S. The Dialectics of Sex:  The Case for Feminist Revolution, New York, William Morrow, 1970.

Guillaumin, C. « Pratique du pouvoir et idée de nature : 1. L’appropriation des femmes », Questions féministes, no 2, 1978, p. 5‑30.

Guillaumin, C. « Pratique du pouvoir et idée de nature : 2. Le discours de la nature », Questions féministes, no 3, 1978, p. 3-30.

Juteau-Lee, D. et B. Roberts. « Ethnicity and femininity: (d’) après nos expériences », Canadian Ethnic Studies/Études ethniques au Canada, vol. 13, no 1, 1981, p. 1-23 (sous la direction de Juteau et Roberts).

Juteau, D. et N. Laurin. « L’évolution des formes de l’appropriation des femmes : des religieuses aux “mères porteuses” », Revue canadienne de sociologie et d’anthropologie, vol. 25, no 2, 1988, p. 183-207.

Mathieu, N.-C. « Notes pour une définition sociologique des catégories de sexe », Épistémologie sociologique, no 11, 1971, p. 19-39.

Millett, K. Sexual Politics, New York, Doubleday, 1970.

Mitchell, J. Woman’s Estate, New York, Pantheon Books, 1971.

Wollstonecraft, M. A Vindication of the Rights of Woman, réédité en 1967 par The Norton Library, New York, 1792.

Woolf, V. A Room of One’s Own, England, Hogarth Press, 1929.

Juteau, Danielle, Détentrice d’un doctorat en sociologie de l’Université de Toronto (1974), Danielle Juteau est professeure émérite au Département de sociologie de l’Université de Montréal. Aux universités d’Ottawa et de Montréal, elle a été à l’origine d’enseignements et de recherches sur les rapports sociaux de sexe, qu’elle articule aux rapports ethniques, à la construction des frontières ethnico-nationales et à la citoyenneté. De 1991 à 2003, elle a été titulaire de la Chaire en relations ethniques à l’Université de Montréal et fut Fellow de la Fondation Pierre Elliott Trudeau (2003-2006). Nommée membre de la Société royale du Canada en 1996, elle fut récipiendaire du Prix Marcel-Vincent de l’ACFAS en 2001.

  Notes

[i] Venue d’Ottawa assister à la rencontre de fondation du mouvement, on m’a dit que je pouvais aller me battre contre mon propre état.

[ii] Ce débat qui semble bien désuet dans un univers où le bébé du matérialisme fut jeté avec l’eau du bain marxiste ne s’était pas encore tout à fait éteint en 1991. Au colloque de L’AIS, Sylvia Walby, Colette Guillaumin et moi furent taxées d’essentialisme par Yuval-Davis, Anthias et autres féministes socialistes parce que nous parlions de classes de sexe.

[iii] Le premier sextuor comprenait, outre Marie-Andrée Bertrand (criminologue) et moi-même, Bettina Bradbury (historienne), Olivette Genest (théologienne), Louise Marcil-Lacoste (philosophe) et Marisa Zavalloni (psychologue). Voir à ce sujet le texte de Marie-Andrée Bertrand dans le présent volume.

 

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