labrys, études féministes/ estudos feministas
janvier/juin 2010 -janeiro/junho 2010

Quelle place pour les femmes âgées?

Regard sur les dynamiques d’exclusion et d’inclusion sociale

Michèle Charpentier et Anne Quéniart

 

Résumé

On l’entend partout, la population vieillit, mais paradoxalement, rarement parle-t-on de la majorité des citoyens âgés, les femmes âgées. Pourtant, la vieillesse est et sera un monde de femmes, particulièrement au grand âge où l’on dénombre 2 femmes pour 1 homme chez les plus de 80 ans, 5 pour 1 chez les centenaires (Statistique Canada, 2007; Conseil des aînés, 2007). Ainsi, «les p’tites madames», comme on se complaît encore à les désigner, s’avèrent plus résistantes face à la vie, mais aussi, comme nous le verrons, plus touchées par les inégalités dans les conditions de vie, les revenus et l’accès aux services et soins de santé. Compte tenu de cette supériorité numérique et des enjeux sociaux particuliers qui l’accompagnent, comment expliquer dès lors le peu d’attention accordée aux femmes âgées et à leurs réalités, sur la scène sociale et dans les recherches scientifiques?

Introduction

L’idée de cet ouvrage collectif sur les femmes âgées part du constat d’un manque d’écrits s’intéressant à elles, tant dans le domaine de la recherche en sciences sociales qu’au sein des études féministes. Cette quasi-invisibilité des femmes âgées était d’ailleurs le postulat de départ d’un premier livre publié en 1995, Condition féminine et vieillissement, lequel[AQ1]  fut réimprimé à deux reprises. Dans l’avant-propos traitant de cette «majorité silencieuse», on dénonçait le fait que «la recherche, l’intervention et la formation en gérontologie sont restées peu loquaces en ce qui concerne l’expérience féminine du vieillissement, surtout dans les écrits en français» et que «même les groupes de femmes ont donné peu écho à la voix des plus âgées» (Charpentier, 1995 : 14). Les choses ont-elles évolué? Un peu. Ainsi, nous sommes plus nombreuses à signer cet ouvrage et à mener des travaux de recherche sur les femmes et le vieillissement, notamment en France et au Québec. De plus, la Fédération des femmes du Québec vient de mettre sur pied son premier comité femmes aînées, lequel fait suite à plusieurs années de revendication de quelques membres et militantes grisonnantes.

Ces avancées, bien qu’encourageantes, nous apparaissent timides et c’est pourquoi il nous a semblé à la fois pertinent et essentiel d’inviter plusieurs auteures et chercheures à partager leurs travaux et leurs réflexions sur les femmes aînées. Qui sont ces femmes ayant de nombreuses années de vie – septuagénaires, octogénaires et même centenaires? Comment vivent-elles cet avancement en âge, dans leur intimité – leur rapport au corps, à la santé, à elles-mêmes et dans leurs rapports aux autres – à la société, aux institutions sociales. Ce sont là les questions à l’origine de ce projet de publication réunissant 14 de nos collègues du Québec, de la France et du Brésil, auxquelles Lise Payette a généreusement accepté de joindre sa voix et de signer la préface.

Plus qu’un livre sur les femmes et le vieillissement, cet ouvrage parle des femmes aînées. Cette nuance reflète notre intention d’aller au-delà des questions de l’âge, car en limitant notre analyse à celles-ci, il y a risque de taire d’autres facteurs importants dans les expériences des femmes aînées ou, à l’opposé, d’en accentuer les effets et de sombrer dans une lecture très négative. Ainsi, d’une part, reconnaissant la féminisation de la vieillesse et le fait que le genre influence l’expérience du vieillissement, notre réflexion s’inscrit dans les tentatives récentes de rapprochements théoriques et pratiques entre les études féministes et la gérontologie (Krekula, 2007; Membrado, 2002; Kérisit, 2000; Ray 1999 ; Quadagno, 1999; Gibson, 1996; Charpentier, 1995).

À cet égard, force est de constater que les inégalités de genre dans notre société patriarcale marquent la trajectoire de vie des femmes et entraînent des conséquences réelles sur leur vieillissement, et ce, non seulement sur le plan de leurs revenus (Rose) mais aussi, sur le plan de leur santé (Pérodeau, Dufort), de leur rapport au corps et à soi (Vannienwenhove ; Navarro Swain), de leur rapport aux autres (Pennec, Attias-Dunfut) et à la société. D’autre part, s’il nous semble essentiel de considérer la question du genre dans l’étude du vieillissement, il importe aussi de montrer comment d’autres facteurs sociaux et personnels, dont les inégalités socio-économiques, le fait d’être engagée et active dans sa communauté, etc., jouent un rôle majeur dans les parcours et les conditions de vie et de vieillissement des femmes. Il importe de ne pas camoufler les réalités et les inégalités vécues par certaines catégories de citoyennes âgées, pensons ici aux aînées lesbiennes (Chamberland), aux immigrantes ou réfugiées, aux militantes (Quéniart et Charpentier) ou celles qui souffrent d’un problème de santé mentale. Pour ces dernières, l’âge n’est probablement pas le principal marqueur de leurs réalités, de leurs identités et de leurs expériences.

Dans ce sens, l’approche intersectorielle a démontré qu’il faut comprendre l’expérience singulière des femmes à travers leurs multiples identités: sexuelles, culturelles, générationnelles, socio-économiques, etc. (Corbeil et Marchand, 2006; Yuval-Davis, 2006). Ainsi, nous sommes soucieuses de ne pas perdre de vue la diversité et la singularité des expériences féminines, car les visages des femmes âgées sont multiples : mariées, divorcées, célibataires, mères, grands-mères ou sans descendance, bénévoles, artistes peintres, handicapées visuelles, militantes, retraitées de l’enseignement ou de la restauration, etc. Les aînées d’aujourd’hui appartiennent à une génération de femmes qui ont ouvert de multiples portes et investi de nouveaux rôles et de nouveaux lieux, et conséquemment inventent de nombreux modèles de vieillissement (Charpentier et Quéniart, 2007).

Cette reconnaissance de la pluralité et de la diversité des femmes nous incite aussi à éviter les raccourcis faciles à leur égard. L’autre limite qui guette les écrits centrant leur analyse sur les effets croisés de l’âge et du genre est en effet, à l’opposé, d’accentuer les problèmes que vivent les aînées et ainsi sombrer dans une vision misérabiliste. Nous faisons référence ici aux stéréotypes de la «p’tite vieille» fragile et dépendante ou de la vieille dame «placée», seule, abandonnée et sans voix, que réfutent Grenier, Soulières et Charpentier.

Les postulats et mises en garde étant posés, nous entendons, dans ce texte introductif, présenter d’abord quelques données sur le phénomène de féminisation de la population âgée, pour ensuite mettre en lumière comment le fait de vieillir inscrit les femmes dans une dynamique complexe où s’opèrent des exclusions sociales (exclusion symbolique, identitaire, institutionnelle, etc.), mais aussi, et de plus en plus, des résistances, des inclusions et des solidarités, tant dans la sphère privée que dans l’espace public.

Les femmes aînées : des citoyennes nombreuses, plurielles mais effacées

Le vieillissement de la population est un des sujets de l’heure, trop souvent présenté comme un problème. Il s’agit pourtant d’une importante avancée et d’une belle occasion, à la fois individuelle et sociale, de réaliser de nouveaux projets. En effet, avec la «désinstitutionnalisation des parcours de vie» (Guillemard, 2008) et la possibilité de vivre plus longtemps et en meilleure santé, s’accroît le temps disponible pour s’adonner à des activités significatives, qu’elles soient personnelles, professionnelles, familiales, récréatives, artistiques, sociales, bénévoles ou politiques. Car cette longévité accrue, qui s’accompagne d’une augmentation de l’espérance de vie en bonne santé, reporte à plus tard le déclin inéluctable des dernières années de vie et peut devenir propice à de nouveaux et beaux moments pour soi et pour les autres. C’est au Québec d’ailleurs qu’on observe un des taux de vieillissement les plus élevés et les plus rapides au monde. Selon le Recensement de 2006[1], la proportion des personnes âgées de 65 ans et plus au Canada a atteint un niveau de 13,7 %, alors qu’au Québec, elle était de 14,3 %, un pourcentage qui, selon les projections, doublera d’ici 30 ans.

Ce vieillissement de la population s’accompagne d’un autre phénomène important, quoique moins nommé : sa féminisation. En effet, la majorité des Québécois âgés de 65 ans et plus sont des femmes (58 % par rapport à 42 % d’hommes), dans un ratio qui s’accentue avec l’âge, à raison de 2 femmes pour 1 homme chez les 80 ans et plus, et de 5 pour 1 chez les centenaires (Conseil des aînés, 2007). Les femmes bénéficient d’une espérance de vie accrue de cinq ans, soit 82,5 ans en 2004, comparativement à 77,7 ans pour les hommes, laquelle s’explique principalement par la présence de deux chromosomes X pour les femmes, plutôt que d’un (pour les hommes) (Meslé, 2004 ; Vallin, 2002 et 2000). Cet avantage biologique n’est pas le seul facteur à considérer puisque les conditions économiques et sociales peuvent annuler l’effet des chromosomes. En effet, les femmes qui vivent dans des conditions socio-économiques difficiles ou dans des pays dits en émergence ont une moindre espérance de vie (Charpentier et Billette, 2009). Enfin, deux autres facteurs qui contribuent à la longévité des femmes, mais dans une proportion plus minime, semblent être leur attitude et leurs comportements plus favorables à la santé, d’une part, et leur capacité d’adaptation aux stress et aux épreuves de la vie, d’autre part.

Or, dans une perspective sociale et démocratique, sachant que la vieillesse est un monde de femmes, se pose d’emblée la question de leur place et de leur participation citoyenne dans les diverses sphères de la vie privée et publique. Il est d’ailleurs étonnant, voire inquiétant, de constater le peu de cas dont font l’objet les femmes aînées, et ce, tant de la part de la gérontologie (dont la perspective est traditionnellement très masculine et centrée sur les questions de «retraite» et de «dépendance»), que du mouvement des femmes, qui a en quelque sorte exclu les aînées de ses préoccupations et de ses revendications. Cette omission des femmes aînées est l’une des multiples formes d’exclusion, souvent insidieuses, qui contribuent à entretenir des préjugés à leur égard et faire obstacle à l’exercice de leur citoyenneté pleine et entière. Ces exclusions constituent un ensemble de pratiques de mises à l’écart ou au rancart qui méritent d’être nommées, dénoncées, pour ensuite mieux les contrer.

Les diverses formes d’exclusion sociale vécues par les femmes vieillissantes

C’est au début des années 1990 que le concept d’exclusion sociale s’est imposé. L’étude des populations autrefois qualifiées de «pauvres» ou «marginalisées» réclamait une nouvelle terminologie moins étroite (Tsakloglou et Papadopoulos, 2002). Le concept d’exclusion sociale, d’abord réservé à l’exclusion du travail rémunéré, s’est alors étendu à divers domaines de la participation sociale et citoyenne (Bickel et Cavalli, 2002). Malgré les critiques à son endroit, nous croyons que ce concept reste un puissant révélateur (Soulet, 2004, cité par Billette, 2008) des inégalités et des mécanismes de discrimination présents dans notre société. D’ailleurs, il sert de cadre théorique de référence à notre équipe de recherche en gérontologie sociale[2]. Nous inspirant des travaux de Jan Vranken (2002), nous voyons l’exclusion sociale comme un processus de mise à l’écart de certains groupes de la population, ici les femmes âgées. Cette exclusion résulte des rapports de force et tensions entre différents groupes aux visions et intérêts divergents, pensons aux rapports de sexe, de classe, entre les générations, qui se manifestent tant sur le plan des ressources ou conditions matérielles et symboliques, que sur le plan des liens sociaux (Billette, 2008 ; Lavoie et Guberman, 2004).

Cette définition a la qualité de mettre l’accent sur les dimensions collectives de l’exclusion sociale, sur les facteurs sociaux, politiques et économiques qui la favorisent. Elle reconnaît aussi qu’il s’agit non pas d’un état, mais bien d’un processus complexe et dynamique, lequel donne lieu à de multiples situations d’inclusion/exclusion. Enfin, cette posture théorique implique une perception des femmes âgées comme étant des actrices engagées dans les rapports sociaux et non dans un rôle passif d’êtres de besoins. Elle reconnaît la possibilité d’être à la fois «dedans» et «dehors», de vivre des situations où l’on se retrouve «exclus de l’intérieur» (Castel, 2007 ; Bourdieu, 1993). En effet, être femme et âgée, dans nos sociétés obsédées par la jeunesse et la productivité, c’est être confrontée à de multiples préjugés âgistes et sexistes. Ces stigmates n’agissent pas de la même façon sur toutes les femmes, sur leur estime d’elles-mêmes et leur expérience du vieillissement. Cette réflexion nous amène à une conception multidimensionnelle de l’exclusion. Ainsi, nous avons identifié sept dimensions ou domaines d’exclusion qui peuvent se manifester dans autant de dimensions de la vie sociale (Billette, 2008; Lavoie et Guberman, 2004).

De l’exclusion symbolique à l’exclusion identitaire

L’exclusion symbolique se caractérise par les images et représentations négatives accolées au groupe d’appartenance ou encore par la négation de la place qu’occupe ce groupe au sein de la société et par son invisibilité. Pour ce qui est des femmes âgées, qu’on connaît peu malgré leur supériorité numérique, l’exclusion symbolique se traduit notamment par l’accent qui est mis sur les problèmes associés au fait d’être une femme et d’être âgée : veuvage, habitat en solo, précarité financière, taux d’institutionnalisation (Statistique Canada, 2007). Les images véhiculées à leur égard sont surtout négatives (Perrig-Chiello, 2001) et entretiennent l’idée qu’elles sont passives, un peu dépassées et sans pouvoir dans la société. Certaines recherches ont mis en évidence que les problèmes vécus par les femmes vieillissantes, bien que réels, en viennent à occulter les aspects de leur vie qui sont positifs et constituent des forces (Krekula, 2007; Chambers, 2004; Gibson, 1996).

La persistance de ces représentations négatives ont prise sur les femmes qui se voient vieillir, elles affectent et diminuent leur estime d’elles-mêmes. Il faut être bien forte pour y résister. L’exclusion symbolique des aînées dans notre société contribue à ce que les femmes entretiennent une relation pour le moins difficile et tendue avec le vieillissement. Il s’agit d’un sujet qu’on n’ose pas trop aborder avec elles. Il s’avère souvent délicat de demander son âge à une dame, même à une collègue ou à une connaissance. Et lorsqu’une femme le dévoile d’emblée, sa «révélation» est presque toujours suivie de remarques conditionnées socialement et perçues comme flatteuses : elle «ne fait pas son âge» ou elle «paraît si jeune pour son âge». Le malaise est aussi grand lorsque la personne renvoie la question : quel âge me donnez-vous? La stratégie adoptée est soit la fuite («oh, vous savez, je n’arrive jamais à deviner») ou le mensonge poli, lequel consiste à la rajeunir délibérément.

Pourquoi cet inconfort, voire ce tabou autour de l’âge des femmes, surtout celles de 50 ans et plus ? Pourquoi les femmes taisent-elles ou hésitent-elles à dire leur âge? Pourtant, la société fait montre davantage d’ouverture à la diversité et à la singularité des trajectoires personnelles; les individus affichent d’ailleurs beaucoup plus librement leur orientation sexuelle, leur origine ou appartenance ethnique, leur mode de vie ou arrangements matrimoniaux. Les symboles et les stigmates associés à «l’âge d’or» seraient-ils à ce point pénalisants pour les femmes qu’il vaille mieux pour elles s’en distancier, ne pas y être associées? Les ses signes apparents du vieillissement sur le corps des femmes seraient-ils perçus comme une menace, comme un risque d’exclusion sociale? L’impact de leur image corporelle est tel que la valeur sociale des femmes est bien souvent intimement reliée, même soudée, à leur apparence physique (Hurd Clarke et Griffin, 2007). Pour elles, le vieillissement devient un problème à traiter. Le cas de la ménopause et du recours à l’hormonothérapie illustre particulièrement bien cette tangente, le monde médical associant les transformations physiologiques normales des femmes à des symptômes à traiter, visant ainsi à «reconstruire» le corps des femmes en «perte de féminité» et d’identité, comme le démontrent Dufour et Navarro Swain.

À cet égard, les symboles et les stigmates associés à l’âge sont si forts pour les femmes aînées que l’âge lui-même devient un facteur d’exclusion, ce que certains nomment exclusion identitaire. L’exclusion est dite identitaire lorsque l’identité de la personne est réduite à un seul groupe d’appartenance, soit ici celui d’être une vieille femme; les multiples caractéristiques identitaires sont alors niées. Les femmes âgées en viennent à être appréhendées à travers le seul prisme de leur âge, reléguant au second plan ou même camouflant leurs identités multiples : amoureuse, bénévole, militante, artiste, enseignante, mère, etc.

De l’exclusion territoriale et institutionnelle à l’exclusion sociopolitique

L’exclusion territoriale des personnes âgées se caractérise une moindre liberté. Or, en vieillissant, les femmes sont plus nombreuses à vivre seule et pauvrement, et à être reléguées à des espaces isolés de la vie sociale quotidienne et/ou à être isolées par la perte de contrôle sur leur milieu de vie. C’est surtout au grand âge, alors que leurs capacités diminuent et que leur réseau social et familial s’effrite, qu’elles devront vendre ou quitter leur domicile pour aller vivre en centre d’hébergement ou en résidence avec services pour personnes âgées. L’institutionnalisation des personnes âgées est un phénomène plus typiquement féminin : les trois quarts des résidents en milieu d’hébergement sont des femmes (Soulières et Charpentier). Cette mise à l’écart ou exclusion territoriale des femmes âgées se traduit par l’absence ou la perte de réseaux de sociabilité significatifs et peut aller jusqu’au rejet de la part de ces réseaux.

L’exclusion institutionnelle, quant à elle, a trait à l’accès limité aux mesures de protection prévues par les institutions sociales et politiques. Ces barrières institutionnelles conduisent à une diminution et parfois même à une absence de ressources et de services, qui affectent durement les conditions de vie et de santé (Aronson et Neysmith, 2001). Les causes de ce manque d’accès sont multiples. Elles sont liées entre autres à la méconnaissance des services et des politiques chez les femmes aînées, mais aussi et surtout à une culture institutionnelle qui ne tient pas compte de leurs réalités, de leurs expériences et de leurs besoins. Plusieurs textes (Pérodeau, Dufour, Soulières et Charpentier, Grenier) illustrent ici comment les rapports entretenus dans le réseau de la santé et des services sociaux, tant au niveau de la consultation médicale individuelle que des pratiques hospitalières ou de soutien à domicile, se réduisent à des évaluations de perte d’autonomie et d’incapacités, et favorisent la dépendance des aînées .

L’exclusion institutionnelle puise aussi sa source dans la conception même des politiques et des conditions d’accès, qui s’avère d’emblée discriminatoire envers les femmes âgées. Nous pensons ici aux régimes de pension et de rentes de retraite qui privent de nombreuses femmes aînées, surtout celles qui vivent seules et n’ont pas occupé d’emploi rémunéré, des ressources nécessaires pour subvenir à leurs besoins de base (Charpentier, 1995), comme le montre Ruth Rose dans son texte. Cette exclusion institutionnelle et économique, qui a trop peu été dénoncée publiquement (FFQ, 2007), place nos mères et grands-mères au deuxième rang des personnes les plus pauvres au pays, juste après les femmes cheffes de famille monoparentale, et affectent leur droit de vivre et de vieillir en toute dignité.

Cette constatation nous amène à dénoncer l’exclusion sociopolitique dont sont victimes les femmes âgées, laquelle se caractérise par de multiples barrières à leur participation civique et politique, par un difficile accès aux espaces de participation citoyenne et d’influence auprès des instances décisionnelles. On peut parler ici d’une exclusion historique des femmes de cette génération à l’exercice du pouvoir collectif. Il est évident que les femmes de 65 ans et plus, malgré leur nombre, n’ont pas de poids politique.

Toutes ces formes d’exclusion sociale n’agissent pas de la même manière sur l’ensemble des femmes âgées, mais elles n’en demeurent pas moins présentes, interreliées et interdépendantes. Leurs effets peuvent se cumuler, ce qui, surtout pour celles d’entre elles plus durement touchées par la pauvreté, la maladie, l’isolement social et la marginalité, demandera des énergies et des ressources de résistance toujours plus grandes (Billette, 2008). Car il importe aussi de le reconnaître, les femmes aînées, malgré les dynamiques d’exclusion à l’œuvre et qui – nous insistons – appellent une dénonciation et des mesures collectives, ont développé de grandes capacités de résilience. Ainsi, l’analyse fondée sur le seul concept d’exclusion sociale, si elle est essentielle, ne suffit pas selon nous à rendre compte de l’ensemble de la vie et des expériences des femmes aînées. Il faut aussi, à notre avis, explorer les dynamiques d’inclusion sociale et de solidarité, notamment celles créées par les femmes âgées elles-mêmes.

Les dynamiques d’inclusion sociale et de solidarité créées par les femmes âgées

Il faut le reconnaître, les retraitées d’aujourd’hui possèdent plus de ressources que celles qui les ont précédées : elles sont plus instruites et, pour la majorité, ont été actives sur le marché du travail, et ont même été des pionnières dans plusieurs domaines. Plusieurs enquêtes, et ce, à travers le monde (Magarian, 2003), montrent que les personnes âgées, et surtout les femmes, sont aujourd’hui actives dans de multiples secteurs de la vie sociale[3], en plus de jouer un rôle déterminant dans les soins familiaux et le bénévolat (Warburton et McLaughlin, 2006). Par la diversité de leurs expériences de vie, par leur rapport différent au temps (plus libre, plus lent, plus essentiel), les aînées apportent beaucoup à leurs proches ainsi qu’à la société (Charpentier et Quéniart, 2007 ; Pennec 2004). Mais à part ces quelques données, on sait peu de choses sur ces dynamiques de solidarité et d’inclusion. C’est un champ de recherche et de questionnements en émergence, auquel nous voulons contribuer avec ce livre.

Les solidarités familiales

Lorsqu’on aborde la question des femmes âgées et de la famille, surtout sous l’angle des solidarités familiales, c’est d’abord à la grand-mère, la mamie, que l’on pense. Il y a lieu de mentionner que cette figure grand-parentale a pris beaucoup d’importance en raison des changements récents sur les plans démographiques et sociaux, de même que sur le plan des configurations familiales (Attias-Donfut). En outre, la plus longue durée de vie, la diminution du nombre d’enfants par famille, l’accentuation de l’autonomie individuelle font en sorte que les relations entre un plus grand nombre de générations sont plus longues, plus intimes, et aussi plus égalitaires (Gauthier, 2002; Attias-Donfut et coll., 2002 ; Rosenthal et Gladstone, 2000). La relation avec leur grand-mère, généralement associée à de très bons souvenirs, est souvent citée comme étant à l’origine de la décision de nombreuses personnes d’étudier et de travailler en gérontologie.

Toutefois, dans les publications sur le sujet, on note une forte tendance à assimiler sous le vocable «grand-paren» le rôle et les responsabilités du grand-père et de la grand-mère et à dissimuler ainsi les différences de genre dans la fréquence, la nature et la fonction de ces relations (Kostelecky et Bass, 2004; Langevin, 2002). Par contre, les stéréotypes de la «bonne grand-mère» qui tricote et fait des petits plats pour les autres, et celui plus récent de la supermamie dynamique, sexy et active, n’ont pas d’équivalent au masculin. Ces images illustrent encore une fois comment le genre conditionne l’expérience de la vieillesse et aussi celle de la grand-parentalité. Elles renvoient en effet à l’injonction de rester jeune et de bien vieillir, tout en restant disponible pour les autres, laquelle selon Gestin (2002 : 30) risque encore d’enfermer «les femmes dans un cumul traditionnel de rôles» qu’elles ont toujours joués au sein de la famille. L’incursion encore relativement récente des femmes dans le travail rémunéré expliquerait en partie le passage du modèle de la grand-maman traditionnelle, centré sur le soin des petits, à celui de la mamie moderne, active socialement et engagée (Charpentier, 1995; Langevin, 2002).

D’ailleurs, certaines femmes âgées occupent encore un emploi ou en recherchent un, alors que d’autres sont retraitées ou n’ont jamais travaillé. On assiste ainsi à une pluralité de parcours et de transitions entre travail et retraite : retraite précoce, préretraite (Quéniart, 2005, 2006 et 2007), maintien en emploi, réinsertion tardive ou post-carrière (Lesemann, 2007; Guillemard, 2007). Cette diversité module les trajectoires de vie des femmes aînées et leurs rôles sociaux, les écartant du cadre stéréotypé «d’un lien intergénérationnel uniquement familial et centré sur les savoir-faire domestiques et les soins d’hygiène corporelle coutumiers» (Langevin, 2002 : 15). Il y a donc lieu ici d’innover et de s’intéresser à ce que les femmes aînées transmettent non seulement à leur descendance (Attias-Donfut), mais aussi à leurs collègues, au sein de leur milieu de travail et des associations dans lesquelles elles s’impliquent.

Les solidarités amicales, sociales et communautaires

Si, traditionnellement, les femmes ont été confinées à la sphère domestique et privée, et exclues de la sphère publique et surtout politique, les aînées ont investi et investissent encore d’autres lieux et espaces de participation sociale (Charles, Quéniart et Charpentier, Pennec). La contribution des femmes âgées au tissu social et communautaire est considérable et est elle aussi trop souvent invisible et méconnue. Nos résultats de recherche sur les femmes aînées et l’engagement social et politique illustrent à quel point cette implication prend diverses formes et occupe beaucoup de place dans la vie des femmes, et cela s’exprime par la fréquence et l’intensité de leur participation. De plus, dans leur engagement social et leur action citoyenne, les femmes nouent des liens et développent de nouvelles amitiés. Ces relations créent un réseau social de solidarité qui vient compléter la famille immédiate, parfois très réduite ou éloignée, ou s’y substituer. L’amitié entre femmes n’a pas d’âge, et est un facteur de protection sociale et qui contribue au plaisir de vieillir. Avec leur espérance de vie accrue, la diminution du nombre d’enfants et la probabilité de vivre veuve durant plusieurs années, les femmes ont intérêt à investir dans leurs relations amicales. À cet égard, comparativement à leurs homologues masculins, elles possèdent un net avantage relationnel.

 

Quelle place pour les femmes aînées ?

Nous avons tenté dans ce texte d’introduction de dénoncer les mises à l’écart et les exclusions sociales vécues par les femmes âgées, mais aussi de reconnaître les stratégies inclusives, solidaires et de résistance qu’elles déploient pour les contrer et, ainsi, obtenir et conserver leur place. Cette dualité nous apparaît conforme à la réalité des femmes aînées, tout en sachant qu’elle se décline différemment et de façon singulière dans les parcours individuels de vie et de vieillissement. Toutes doivent faire face et composer avec des dynamiques d’inclusion et d’exclusion qui agissent sur elles et les affectent au niveau symbolique, identitaire, territorial, économique, institutionnel, économique, politique et dans leurs liens sociaux de proximité. Le paradoxe est frappant. D’une part, les femmes âgées, «les vieilles», constituent un groupe social négligé, sous-estimé, méconnu, victime d’inégalités, voire exclu socialement. D’autre part, elles (nos mères, grands-mères, belles-mères, collègues retraitées et préretraitées, copines dans des associations) sont des femmes belles, généreuses, complexes, engagées, et ont une place importante dans nos vies.

Comment dès lors passer de la reconnaissance individuelle et personnelle à la reconnaissance publique et politique? Par la connaissance, la réflexion, la recherche, la prise de conscience, et l’action collective. Cet ouvrage est notre façon d’agir.

 

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[2] L’équipe VIES (Vieillissements, exclusions sociales et solidarités) est une équipe de recherche en partenariat, subventionnée par le Fonds québécois de la recherche sur la société et la culture. Elle compte quatorze (14) chercheurs universitaires et d’établissements, et quinze (15) praticiens chercheurs, réunis au Centre de recherche et d’expertise en gérontologie sociale du CSSS Cavendish-CAU.

[3] À titre d’exemple, l’Enquête canadienne sur le don, le bénévolat et la participation, réalisée en 2004, révèle que 59 % des 65 ans et plus sont membres d’une association et qu’ils sont les plus nombreux, après les 15-24 ans, à participer plus d’une fois par semaine à des activités de leur association.


 [AQ1]On le laisse là?

Michèle Charpentier est professeure à l’École de travail social de l’Université du Québec à Montréal et directrice scientifique de Centre de recherche et d’expertise 01-Vieilles et apres Page 292 Mercredi, 19. août 2009 12:36 12 Notes biographiques 293 en gérontologie sociale (CREGÉS) du CSSS Cavendish. Ses travaux portent sur la place et les droits des citoyens âgés, avec un intérêt particulier pour la question des femmes et du vieillissement. Parmi ses publications récentes, mentionnons les ouvrages Vieillir en milieu d’hébergement : le regard des résidents et Pas de retraite pour l’engagement citoyen (dirigé avec Anne Quéniart) parus en 2007 aux Presses de l’Université de Québec.

Anne Quéniart est professeure titulaire au Département de sociologie de l’Université du Québec à Montréal. Ses recherches actuelles portent sur les questions de la transmission dans la famille et dans l’espace public, ainsi que sur les nouvelles formes d’engagement social et politique. Elle est l’auteure de nombreux articles et ouvrages, dont Apolitiques, les jeunes femmes ?, avec Julie Jacques, publié aux Éditions du remue-ménage et L’intergénérationnel. Regards pluridisciplinaires, avec Roch Hurtubise, paru aux Presses de l’École des hautes études en santé publique.