labrys, études féministes

numéro 1-2, juillet/décembre 2002

Être une jeune militante aujourd'hui: pourquoi et comment?

 Anne Quéniart et Julie Jacques

Résumé  

Pourquoi et comment être une jeune militante aujourd'hui? Telle est la question à laquelle les auteures se proposent de répondre dans ce texte, une question simple mais vaste par les dimensions qu’elle interpelle. La dimension du pourquoi renvoie bien sûr à l’examen des trajectoires menant au militantisme ainsi que des motivations à militer. La dimension du comment conduit à l’analyse des «manières de faire» c'est-à-dire à la façon dont les jeunes femmes militent et veulent militer. La réflexion est basée sur des analyses d’entrevues effectuées auprès d’une trentaine de jeunes militantes de partis politiques, d’associations et d’un groupe féministe. Il ressort essentiellement que les jeunes femmes militent pour changer les choses, sûres de détenir un pouvoir d’agir sur la société, une certitude transmise par leur famille et qui les a menées très tôt à s’engager socialement et politiquement.

Introduction

Pourquoi et comment être une jeune militante aujourd'hui? Telle est la question à laquelle nous nous proposons de répondre dans ce texte, une question simple mais vaste par les dimensions qu’elle interpelle. La dimension du pourquoi renvoie bien sûr à l’examen des trajectoires menant au militantisme ainsi que des motivations à militer. La dimension du comment conduit à l’analyse des «manières de faire» c'est-à-dire à la façon dont les jeunes femmes militent et veulent militer. Pour ce faire, nous nous appuierons sur les résultats d'une recherche[1] que nous avons menée sur le sens et les formes de l'engagement politique des jeunes femmes au Québec.

L’objectif général de l’étude était de comprendre ce qui pouvait amener des jeunes femmes à militer au sein d’associations diverses, de partis politiques et de groupes féministes, dans un contexte où l'on parle plutôt de dépolitisation de la jeunesse, de non participation des jeunes, et notamment des femmes, à la vie de la cité. Avant de présenter quelques-uns des résultats, il nous faut rappeler ce que l’on sait des jeunes femmes et de l’engagement politique. En fait, le bilan sera bref car peu d’études se sont attardées à observer la participation réelle, «en acte», des jeunes du moins au Québec, et aucune ne s’est penchée spécifiquement sur les jeunes femmes. Les études concernent surtout d’un côté le rapport des femmes au politique ou se penchent sur les élues, et donc de militantes plus âgées et de l’autre côté, la participation politique, notamment d’un point de vue électoral, des jeunes mais sans égard au genre.

Recension des écrits

Rappelons d’abord qu’au Québec, sur le plan de la représentation politique, nous ne pouvons parler d’égalité entre les hommes et les femmes, puisque tant l’Assemblée nationale (province de Québec) que la Chambre des communes (Canada) comptent moins de 25% de femmes (24.8% et 20.5% respectivement).[2]  Sur le plan municipal, ce n’est guère mieux, on parle d’une proportion de mairesses élues d’à peine 14%.[3]  Ces chiffres peuvent varier, mais de façon générale, la situation est la même un peu partout dans le monde, les femmes demeurant sous-représentées dans les instances démocratiques ( Sineau, 2001). La raison en est l’existence à la fois de contraintes privées qui pèsent sur l’engagement politique (Philipps, 2000) et d’obstacles liés au système politique lui-même et à l’histoire même de la constitution des démocraties (Tremblay, 1999; Sineau, 2001; Conseil du statut de la femme, 1994; Lamoureux, 1989). 

À cet égard, les femmes ont été exclues de la citoyenneté, un concept pourtant jugé universel, «dans le cadre même du système démocratique libéral né à la fin du dix-huitième siècle», (Cohen, 2000 : 87), et en raison de leur identité sexuelle. La citoyenneté est en fait différenciée selon le genre, de sorte qu’il s’agit d’un projet particulariste plutôt qu’universaliste (Walby, 2000) ou plutôt elle est basée sur une universalité abstraite qui pose en fait le masculin comme norme de référence (Pateman, 2000).  Pour pouvoir être incluses, les femmes devaient à la fois «se revendiquer dans l’individualisme abstrait qui est à la base de la figure du citoyen dans les démocraties occidentales modernes», mais aussi «remettre en cause cet individualisme abstrait puisque, par sa substance même, il les exclut.» (Lamoureux, 2000 : 24). 

Dans un autre ordre d’idées, les études sur les élus au Canada et au Québec font ressortir que les femmes et les hommes n’accèdent pas dans les mêmes conditions au pouvoir, et d’ailleurs ne l’exercent pas de la même façon (Tremblay et Pelletier, 1995). Les femmes se différencieraient de leurs homologues masculins pour ce qui est des échanges avec la population (Burt, 1986), et du temps qu'elles lui consacrent (Carey, Niemi et Powell 1998; Dodson et Carroll, 1991); elles seraient aussi plus présentes dans leur bureau de comté et auprès de leur communauté (Thomas, 1992) que les hommes.

La majorité des députées considèreraient faire de la politique de façon différente, faisant valoir la coopération et la médiation au lieu de la bataille (Tremblay, 1999), la préoccupation pour le détail et le quotidien, l’importance accordée aux échanges et à la discussion (Conseil du statut de la femme, 1994), plus de maturité, de raison, de sens du devoir et des réalités, le goût du concret (Belloubet-Frier, 1997).  À cet égard, des militantes de la Fédération des femmes du Québec disent avoir quitté des groupes mixtes entre autres parce qu’il y avait une inégale répartition du travail, une valorisation à l’excès des titres et de la hiérarchie, et en général, parce que les hommes y prenaient trop de place (Tardy, 1995).  En résumé, les constats tournent donc tous autour d’une pratique politique plus humanisée, des valeurs et des modèles de comportement que les femmes incarnent d’ailleurs dans la famille (Tremblay, 1999).

Leur pratique différente de la politique va de pair avec une conception différente du pouvoir. Ce dernier est habituellement défini comme «la capacité que possède une personne ou un groupe de personnes d’en obliger une autre à accomplir, ou ne pas accomplir un acte déterminé sous peine de sanction» (Lamoureux, Gélinas et Tari, 1993: 237) [4]; c'est donc un «pouvoir sur», et il s’agirait là d’une façon masculine de le concevoir. Or, «le pouvoir, c’est aussi la capacité d’agir, de décider, d’orienter «avec» quelqu’un» (Lamoureux, Gélinas et Taru 1993: 237), c'est «l’autonomie ou la capacité d’exercer des habiletés» (Tardy 1995), une conception davantage associée à une façon de faire des femmes. 

Les jeunes et leur rapport au politique

            Pour ce qui est des jeunes, on fait état en général de leur dépolitisation, de leur manque d’intérêt, bref de leur refus du politique, leur rejet des hommes et des partis politiques, leur désertion des scènes électorales. Au-delà de l’individualisme, qui est souvent identifié comme une des raisons de cette dépolitisation, on met plutôt l’accent sur les soucis propres à ce stade de leur vie. En effet, ils seraient préoccupés par le fait de trouver un travail, un logement et de fonder une famille. Une fois ces conditions établies, en fait lorsque la précarité diminue, «le désintérêt pour la «chose politique» traduit moins une quelconque incompétence qu'une distanciation critique à l'égard de la dimension adulte et triviale de la «politique politicienne» (CEVIPOF, 2000). Autrement dit, la participation politique des jeunes augmenterait en fonction de l’intégration aux mécanismes sociaux, notamment par le biais de l’insertion sur le marché du travail. (Hudon et Fournier, 1994).

Dans un autre ordre d'idées, plusieurs auteurs estiment que le désengagement des jeunes n'est qu'apparent et vient de la définition même donnée à l'engagement. Celui-ci, ne doit plus être vu comme un acte d'adhésion à une idéologie d'un groupe spécifique (un Nous) mais comme un acte mû par un intérêt personnel (un Je) pour une cause pouvant devenir collective, comme un geste conçu d’abord sur le mode personnel (Ion, 1997). Dans le même ordre d’idée, l’engagement aujourd'hui serait plus sectoriel et marqué par un processus d'individuation, celui-ci renvoyant non pas au repli sur soi, mais plutôt à des valeurs telles «la liberté, la dignité, l'épanouissement des individus, l'anti-autoritarisme» (Barthélemy, 2000 : 73), des valeurs associées aussi bien aux mouvements des années 60 et 70 qu'à ceux d’aujourd’hui.

C'est donc le modèle même de la citoyenneté qui connaîtrait une mutation: nous serions passé du modèle communautaire du citoyen engagé au modèle sociétaire de l'associé  (Ion, 1994). Les jeunes ne seraient donc pas dépolitisés mais ils seraient plutôt les acteurs de nouveaux schémas d'engagement, plus éclectiques et bricolés, ancrés plutôt dans le mouvement associatif que dans les partis ou les syndicats. Les jeunes seraient toujours prêts à agir pour défendre leurs idées et leurs intérêts (Borredon, 1997, Bréchon, 1998) mais ils refuseraient les étiquettes et les affiliations politiques ou idéologiques, préférant les actions sectorielles et qui portent fruit plus directement (Guay et Nadeau, 1994). Autrement dit, ce «qui se lit habituellement comme «dépolitisation» pourrait être une autre politisation» (Bouamana, 1993 : 156), l'affirmation d'un autre répertoire politique (Muxel, 2001).

Pour ce qui est des pratiques concrètes d'engagement ou de militantisme des jeunes, on les connaît peu, mais il existe tout de même certaines données.  Au Québec, Piché (1999) a étudié les jeunes filles provenant de milieux ouvriers, par le biais de leur participation dans un mouvement de jeunesse, la Jeunesse Ouvrière Catholique (JOC).  Elle a montré que pour ces jeunes filles, militer a représenté un moyen de s'affirmer socialement, d'acquérir une formation en organisation et en en gestion, de développer leurs capacités de leadership et d'animation, etc.  En fait, la JOC a constitué un espace social pour les filles des milieux ouvriers et a permis l’émergence d’un nouveau modèle de femmes engagées activement.

Toujours au Québec, une recherche-action de Quéniart et Lachance (1997) portant sur les jeunes membres (moins de 35 ans) de la Centrale d’enseignement du Québec (CEQ) a montré que les jeunes croient toujours au syndicalisme. Les raisons de s’impliquer varient : pour une meilleure compréhension du milieu de travail et de ses enjeux, pour défendre un dossier que l’on juge important, pour sensibiliser ses collègues, pour faire entendre le point de vue des employés, et parfois parce qu’il y a eu «recrutement» de la part de membres plus anciens. Ce que les jeunes apprécient le plus des syndicats c’est leur poids politique, la force collective qu’ils représentent, donnant du pouvoir aux employés et leur permettant de faire avancer leur cause. La visibilité des travailleurs, de même que la dimension de la «sécurité» sont aussi identifiées comme primordiales.  Les aspects les plus négatifs relevés sont le «maraudage», et aussi quelques effets pervers du syndicalisme, comme le principe d’ancienneté, qui préoccupe particulièrement les plus jeunes. Enfin, les auteures ont montré que si les jeunes sont moins nombreux dans les rangs des militants, c’est surtout parce qu’ils sont généralement moins nombreux dans les rangs des travailleurs syndiqués.

Aspects méthodologiques de la recherche

Sur le plan méthodologique, nous avons choisi les lieux d'engagement selon trois critères dont nous postulions l'influence sur le sens de l'engagement et la pratique militante soit: la mixité ou non du groupe, le fait qu'il soit réservé aux jeunes ou multi-générationnel et son degré d'institutionnalisation. Quant aux jeunes militantes, les critères d'échantillonnage étaient leur âge et leur implication: elles devaient avoir entre 18 ans (âge du droit de vote) et 30 ans  (cette catégorie correspondant à celle des principaux groupes jeunes ou des comités jeunes des groupes) et avoir des activités concrètes au sein d'un groupe.

Notre échantillon final est composé de 30 jeunes femmes: 10 militent à la Fédération des femmes du Québec (FFQ), une association non mixte, multigénérationnelle et avec un fort degré d'institutionnalisation, 10 dans deux partis politiques traditionnels, ceux qui alternent le plus souvent au pouvoir soit 5 au Parti Québécois (PQ), 5 au Parti Libéral du Québec (PLQ), des structures à la fois mixtes et multigénérationnelles en plus d'être aussi fortement institutionnalisées, et 10 dans des groupes mixtes et dont le degré d'institutionnalisation est variable selon les groupes et qui sont soit réservés aux jeunes (associations étudiantes, Forces jeunesse etc.), soit à forte présence de jeunes ou ayant des enjeux ralliant les jeunes  (opération SALami, groupes anti-mondialisation, etc.).

 Des entrevues semi-dirigées, d’une durée d’une heure trente en moyenne, ont été réalisées autour des grandes thématiques suivantes: 1) La trajectoire de l’engagement  (motivations, éléments déclencheurs, origines de l’intérêt pour le politique, etc.); 2) L'histoire de vie (parcours familial et scolaire); 3) Le sens de l'engagement (définitions, représentations, etc.); 4) La pratique concrète de l’engagement (description des activités quotidiennes ou ponctuelles); 5) La représentation du social (perceptions de la société québécoise, enjeux sociaux , etc.).

Les jeunes militantes que nous avons rencontrées sont  âgées de 18 à 30 ans, pour une moyenne d’âge de 22 ans. Leurs revenus varient de 57,000 dollars à aucun, la moyenne se situant à 20,000 dollars pour celles des partis politiques et de la FFQ.  Chez les répondantes des associations, la moyenne des revenus est d’environ 11 000$.  Celles qui ont les revenus les plus importants sont celles qui occupent un emploi à temps plein, ce qui explique en partie les écarts de salaire. Leurs situations résidentielles sont variées: avec conjoint, seule, avec des co-locataires, chez les parents. Presque toutes occupent un travail, ou sont aux études, mais la plupart combinent les deux en même temps. Deux de ces femmes ont un enfant. Certaines militent dans leur parti ou leur association depuis peu, d'autres depuis plusieurs années déjà. Outre des données sur leur statut socio-économique, nous avons voulu aussi recueillir des informations sur leurs parents. En résumé, nos répondantes ont presque toutes des parents qui travaillent à l’extérieur -seules quatre d'entre elles ont des mères qui sont au foyer.  Les occupations sont des plus variées, mais on remarque cependant une tendance : les mères occupent souvent des professions traditionnellement féminines (infirmières, enseignantes, secrétaires).

1.    Pourquoi militer?

1.1.                   Militer pour changer les choses…

Pourquoi militer? À cette question, il y a eu une réponse: pour changer les choses, pour faire bouger les choses. On s'engage d'abord pour passer à l'action. L'engagement a en effet pour ces jeunes femmes une dimension active, il implique «un passage à l'acte» (Perrineau, 1994), il représente un pouvoir d'agir pour un changement de société, un  pouvoir d'agir sur la société. En fait, chez toutes les répondantes, le moteur même de leur engagement est cette volonté d'agir, ce désir de changer les choses :

« L’avenir est vraiment loin d’être rose. C’est pour ça que je milite, parce que l’avenir est loin d’être rose, et j’aimerais ça l’éclaircir un peu. » (Olive, 20 ans, RAJ)

« J'irai en politique pour le pouvoir, le pouvoir de changer les choses, et pour la possibilité de réaliser quelque chose qui est nécessaire c'est-à-dire que les femmes prennent la place qui ne leur a jamais été donnée à leur juste mesure. » (Gabrielle, 26 ans, FFQ)

« J'ai toujours eu l’espoir d’un changement de société, ça fait que par l’entremise de ma militance, surtout au niveau de l'éducation, j’espère... au minimum que ce que je vais faire va amener vers un changement social. » (Geneviève, 21 ans, PLQ).

C'est d'ailleurs cette volonté d'action qui les a amenées très jeunes, dès leurs études primaires, à s'impliquer bénévolement au sein de divers comités d'école puis d'associations (au conseil de classe, au comité environnement, au journal étudiant, aux manifestations pour la paix, contre la hausse des frais de scolarité, etc.) et à faire bénévolat dans différents organismes. Toutes ces expériences sont décrites par les jeunes femmes comme des lieux de formation, d'apprentissage leur ayant «donné encore plus la piqûre d'être dans l'action».

Bref, elles croient au changement; il y a chez elles la certitude que si les gens, individuellement, se donnaient la peine de s’intéresser à l’actualité, de prendre la parole publiquement au lieu de dénoncer les insatisfactions dans le privé, un changement de société serait possible. Le changement collectif dépend selon elles des efforts de chacun et l’implication individuelle passe par un engagement personnel. C'est, disent-elles, à chacun et chacune d’agir pour un changement et ce, peu importe la forme ou le lieu. Cependant, pour que le «pouvoir d'agir» opère, la mise en commun est nécessaire. Autrement dit, elles soulignent la nécessité de se regrouper pour une action collective, pour un «agir-ensemble» (Neveu 2000).

« Si tout le monde prenait la peine de ne pas se décourager, de ne pas abandonner, si tout le monde se mettait ensemble, il y aurait moyen de faire quelque chose.  J’ai le sentiment personnel de me dire je critique la société, je ne suis pas d’accord avec ce qui se passe, mais je fais des choses pour essayer de la changer.  On ne peut pas s’impliquer partout, on ne peut pas être partout et dans une association étudiante, il y a moyen de faire des choses. » (Lydia, 22 ans, Association des étudiants-es de 1er cycle en sociologie de l’UQÀM).

Changer quoi?

Ce qu'elles veulent changer diffère selon le lieu où elles militent bien sûr. Ainsi, pour les militantes de la FFQ, l'engagement vise la transformation des relations hommes/femmes, afin de les rendre égalitaires. Il vise aussi à démystifier le féminisme auprès des jeunes et à inciter les jeunes femmes à venir s'impliquer, notamment celles «qui ont peur du mot féminisme» (Sophie, 27 ans, FFQ), et également à conscientiser ces jeunes aux inégalités hommes/femmes qui perdurent aujourd'hui. L'engagement est donc lié, chez toutes les femmes du comité Jeunes de la FFQ, à leur condition de femmes, il coïncide avec leurs aspirations les plus profondes qui donnent sens à leur action, il mobilise leur identité personnelle. Le féminisme constitue à cet égard pour elles un outil pour le changement; il est même défini comme un combat «pour la liberté de choix». Pour les jeunes femmes du Parti Québécois, on parle d’un engagement qui vise un changement collectif majeur : la quête de la souveraineté du Québec. Mais pour elles comme pour celles militant au PLQ ou dans les associations, s’engager c'est aussi travailler à amoindrir les inégalités de toutes sortes et, plus spécifiquement, à mener une action pour les jeunes, à faire une place plus grande aux jeunes.

En fait, au-delà des spécificités dans les objets de l'engagement, les 30 jeunes femmes interrogées s'attribuent une responsabilité dans le devenir de la société et ce, à différents niveaux. On retrouve d'abord chez elles la dimension prospective de la responsabilité, celle à l'égard des générations futures (Jonas, 1990) qui, posant la question de la durée, rappelle que l’engagement se définit sur le long terme. Il y a aussi chez les jeunes femmes la dimension de la responsabilité comme obligation envers les autres, envers la collectivité. L'engagement équivaut en effet à une responsabilité de citoyenne, un devoir de citoyen, celui de participer à la vie de la cité, à la vie sociale et politique. 

« La citoyenneté c’est comme une responsabilité que tu as face à la société dans laquelle tu vis.  Un comportement de citoyen est un comportement responsable. Oui je vais user de mon droit de vote, je vais utiliser mon droit de parole, je vais ramasser les cochonneries à terre qui traînent, peu importe je vais passer des paniers de Noël, c’est d’agir dans son milieu. »  (Annick, 28 ans, FFQ)

« C’est un devoir. Je le vois vraiment comme quelque chose que je dois faire en tant que citoyenne. » (Caroline, 22 ans, PQ)

« Je pense que tout le monde, d'après moi, a le devoir de réfléchir sur le monde qui l’entoure et le système dans lequel on vit. Pas juste une fois par quatre ans quand il va voter... parce que ça, c'est trop simple. C'est vraiment trop simple. » (Irène, 25 ans, SalAMI)

1.2. Militer parce qu’on a hérité d’un intérêt pour le politique

Si les trajectoires menant à leur militantisme sont variées, elles ont en commun d'abord  une forte socialisation familiale à l'engagement social ou politique. La plupart de nos répondantes ont en effet eu des pères et des mères très engagés sur le plan politique ou féministe. Ainsi, la plupart de celles militant à la FFQ se disent féministes de mères en filles, celles dans les partis et les associations parlent d'une piqûre pour le politique qui leur a été donnée très jeune par leurs parents. Elles affirment toutes avoir eu une famille qui les a ouvertes aux questions sociales, qui a fait d'elles de véritables citoyennes au sens d'individus impliqués dans sa collectivité, d'abord localement, puis plus globalement.

« Moi j’ai l’impression que c’est comme Obélix, je suis tombée dedans quand j’étais petite, ça a toujours fait partie de ma façon de penser, de voir les choses, ma mère est féministe et mon père aussi, c’était comme, ça allait de soi là dans la maison. Ils ont été des premières luttes, ma mère les premières cliniques d’avortement, centre de santé des femmes, puis des comités de citoyennes, des comités logements. Mon père s’est occupé des coop d’habitation, ils étaient bien présents tous les deux, son dossier au travail est chargé là, mais là elle est sur le C.A. de la FFQ. » (Cindy, FFQ, 26 ans)

« J’ai toujours aimé la politique depuis que j’ai 9 ans.  Mon père m’amenait toujours dans les réunions de comité du parti Libéral, j’ai commencé à aimer ça vraiment là, à mesure quand j’ai appris ça, j’ai fait comme let’s go, on y va. »  (Emmanuelle, 18 ans, PLQ)

« J’ai toujours été engagée. J’ai deux parents militants, les assemblées syndicales c’est vraiment dans mon background personnel.  […] mon père qui était militant dans les années 60 […] ma mère elle, elle a fait de la politique municipale, elle a travaillé sur l’emploi, l’économie, sur le monde du travail, c’est là que j’ai vu c’est quoi la vie en politique, je pense que ma mère m’a plus influencée là-dedans que mon père, même si ce que je fais est plus proche de mon père. » (Annie, 21 ans, Force Jeunesse)

1.3  Militer parce que le contexte s’y prêtait

Autre point commun à leurs trajectoires: elle ont toutes commencé à militer dans un contexte politique particulier. Ainsi, pour certaines jeunes femmes impliquées à la FFQ et pour quelques unes des associations, l’engagement s’est concrétisé à un moment bien précis dans le temps, soit celui de la Marche mondiale des femmes tenue à l'automne 2000. Cette Marche mondiale semble avoir joué un rôle de déclencheur, sinon de catalyseur de leur implication.

Moi je trouvais que c’était tellement un super projet et je me disais aussi que c’est unique, c’est historique peut-être que c’est la dernière fois dans l’histoire, que les femmes du monde entier vont se réunir, puis je trouvais ça absolument génial, pis comme j’étais au chômage, j’ai décidé de donner 2 mois de ma vie à ça, pendant 2 mois de ne pas faire de recherche d’emplois ou presque pas, pis vraiment participer à fond à la Marche. (Rébecca, 27 ans, FFQ).

Chez certaines militantes du PQ ou du PLQ, c'est aussi le contexte politique, celui qui prévalait lors de leur adolescence, qui semble avoir joué un rôle dans leur engagement concret, d'ailleurs plus précoce que celui des militantes féministes. Ainsi, l’Accord du Lac Meech, les évènements tenus à Charlottetown ainsi que le référendum de 1995[5] ont été des éléments déclencheurs importants pour leur passage à l'acte. Il en va de même pour plusieurs des répondantes des associations, certaines citant le référendum comme moment déclencheur, d'autres divers contextes comme «la semaine de la mondialisation».

« J’ai commencé mon implication un petit peu avant le référendum.  Ce qui me choquait c’était de voir que tout le monde disait «les jeunes font ci» bon toute la même affaire, moi ça ma choquait d’entendre ça.  Là j’ai dit « moi je ne pense pas ça pis je ne dois pas être la seule» parce que je me suis dit ça serait peut-être important justement que je le dise aux gens. » (Mélissa, 24 ans, PLQ)

« Durant la semaine de la mondialisation qu'y a eu lieu en octobre à Seattle, où qu'y avait plein de conférences, je suis allée à quelques unes, puis bien sûr, je suis allée à celle des femmes, ça m’intéressait beaucoup. Et puis tout le monde était le fun, et puis voilà, et y ont dit qu’ils aimeraient peut-être ça faire un comité permanent. C'est vraiment comme ça que je suis passée par tout ça, pis que finalement, on s'est retrouvées, une gang de filles, qu'on a eu le goût de faire un Comité Femme. »  (Irène, 25 ans, SalAMI)

Enfin, il faut souligner un dernier élément commun à leur trajectoire: pour beaucoup de jeunes femmes, c'est suite à une rencontre ou à l'invitation explicite d'un (e) militant (e) ou encore pour suivre l'exemple d’un (e) ami (e) qu'elles ont pris leur carte de membres. Au-delà de la famille, d'autres individus interviennent donc aussi dans le processus de socialisation au politique, viennent prendre le relais, notamment dans le temps de la jeunesse, où le rôle des pairs, partenaires ou amis, est particulièrement important.» (Muxel, 2001 : 76).

2.    Comment militer?

2.1. Militer pour une cause, au nom de convictions et non d’une idéologie

          Qu'en est-il maintenant des façons de faire, de leur pratique de militante? Par quoi se caractérise-t-elle? Essentiellement, pourrait-on dire, par le fait que l'on veut être libre de penser, on refuse les attaches trop fortes: bref on veut défendre ses convictions et non une ligne de parti. Leur engagement, même s'il passe par un groupe, n'est pas synonyme d'une adhésion complète à celui-ci ou à une idéologie «en bloc». Les jeunes militantes tiennent à leur indépendance d'esprit, refusent une pensée unique. Ce qui est important pour elles c'est d'abord la cause plus que le groupe, de même que les aspects pratiques de la politique, le travail de terrain, plus valorisé chez elles que les grands discours des politiciens, considérés comme de la politique en vase clos ou encore que la défense des grandes idéologies.

« Les grandes causes, les grands discours, j’embarque pas beaucoup.  Je suis très terre à terre, très pragmatique, bon il y a un problème, réglons-le, […] Pourtant je sais que c’est important, il y en a qui le font, et c’est tant mieux, ça n’en prend.  (Fanny, 21 ans, PLQ)

« Nous autres, la façon qu’on travaille, on va directement parler au monde, c’est vraiment des contacts directs, c’est toujours avec les jeunes par les jeunes, c’est beaucoup plus social. »  (Marion, 23 ans, JOC)

Même à l'intérieur de partis ayant de grandes orientations, on préfère donc se mobiliser sur des objectifs limités mais qui peuvent avoir une large portée. Sous cet aspect, nos répondantes ne se démarquent pas des jeunes en général, pour qui c'est souvent la volonté de faire quelque chose de concret qui prime (Muxel, 2001; Boy et al., 1994). C'est pourquoi, dans toutes les entrevues, l'importance de ce que les jeunes femmes appellent «le travail de terrain» revient comme un leitmotiv.  Ces jeunes femmes se situent donc plus du côté de la défense de causes au nom de convictions que de celui de l'adhésion en bloc à l'idéologie d'un parti ou d'une association.

On peut qualifier leur engagement de distancié, au sens où il implique des «mobilisations ponctuelles sur des objectifs limités pour une durée déterminée», et privilégie «l’action directe et l’efficacité immédiate même restreinte» (Ion, 1997: 100). En fait, même celles qui militent dans des structures traditionnelles, n'y adhèrent pas au sens traditionnel du terme: elles s'y associent, au sens où «il y a reconnaissance d'un lieu mais où on laisse possible une distance.» (Ion, 1994: 36). Comme le dit l’une d’elle, «Il y a moyen d’avoir des valeurs et de croire à des choses quand même, de ne pas perdre son individualité au nom d’une ligne de parti» (Célia, 20 ans, PLQ).

Le refus d'une certaine unification de la pensée, le besoin de liberté de parole, cette absence, pourrait-on dire de fidélité absolue au parti, tout cela traduit bien les changements de sens de l'engagement politique, notamment chez les jeunes: il signifie en effet «la contestation d'une parole d'organisation irréductible à l'expression spécifique des adhérents considérés individuellement. La langue de bois ne faisait en principe jamais que dire l'accord; on sait aussi qu'elle impliquait en fait le "nous" tout entier.»  (Ion, 1994: 33).

Ce qui est revendiqué aujourd'hui, c'est que le "Je" soit prédominant au sein du "Nous" et qu'il puisse même se désaffilier, sortir du "Nous". Bref, l'engagement des jeunes femmes illustre bien l'émergence de formes nouvelles de subjectivité dans le champ politique. C'est ce que Dubar (2000) appelle l'«identité pour soi», à savoir celle qui découle d'une

«  [...]conscience réflexive qui met en oeuvre activement un engagement dans un projet ayant un sens subjectif [...] C´est par exemple, l´engagement politique dans un mouvement  choisi par conviction et qui constitue une  «passion». C'est l'unité du Je qui est ici concernée, sa capacité discursive à argumenter une identité revendiquée et unificatrice, une identité réflexive »(Dubar, 200: 11)

2.2. Militer au féminin

Leur pratique militante se caractérise aussi par la revendication de valeurs et de façon de faire féminines, différentes de celles des hommes. En fait, selon plusieurs, le rapport des femmes et des hommes au politique de même que leurs pratiques concrètes de la politique active présenteraient des différences fondamentales. Les femmes seraient plus sensibles, elles auraient aussi tendance à adopter des comportements maternalistes, caractérisés par le souci d’aider les autres, de les comprendre, d’accorder de la reconnaissance aux autres membres du parti ou du groupe.

De plus, elles ne se reconnaîtraient pas dans la dynamique «guerrière», de confrontation, qui prévaudrait en politique. Leur propos rejoint ceux relevés dans plusieurs enquêtes faites auprès des élus qui montrent que les caractéristiques propres aux femmes seraient la coopération et la médiation au lieu de la bataille (Tremblay, 1999), la préoccupation pour le détail et le quotidien, l’importance accordée aux échanges et à la discussion (Conseil du statut de la femme, 1994), le goût du concret (Belloubet-Frier, 1997).  En résumé, les constats tournent tous autour d’une pratique politique plus humanisée, des valeurs et des modèles de comportement que les femmes incarnent d’ailleurs dans la famille (Tremblay, 1999).

« Je pense que l’on est différente des hommes.  On a tendance à prendre beaucoup de choses au plan personnel, les échecs, les critiques nous affectent beaucoup, mais je pense que, d’un autre côté, on a notre place, il faut la prendre elle nous revient, je pense que l’on peut apporter une dimension plus humaine, pas moins rationnelle, essayer de voir ça sous un autre angle, un angle plus attendri, plus de compromis. »  (Célia, 20 ans, PLQ)

« C’est clair que la façon des femmes et des hommes, c'est différent, parce que c'est pas... c'est pas le même genre de vision, surtout au niveau de la coordination. Je ne te parlerais même pas au niveau du contenu, on est beaucoup plus «maman», là. […] C’est une autre différence ça entre les gars puis les filles, quand on s’implique, on s’implique totalement, on est toute là, on est là corps, esprit, c oeur.  Je pense que ça vient nous chercher plus quand il y a quelque chose qui ne marche pas.  Parce qu’on veut tellement, je pense qu’on se donne plus. » (Émilie, 24 ans, PQ)

2.3. Militer comme jeunes

Enfin, plusieurs ont souligné que leurs pratiques militantes différaient de celles des générations précédentes. Les jeunes seraient plus ouverts aux diversités culturelles du Québec que leurs parents qui vivaient selon elles dans une société monolithique de ce point de vue. De plus, ces jeunes femmes étant les enfants du divorce de leurs parents, voir même les enfants, ont dit certaines répondantes, que leurs parents ont sacrifié pour leur carrière, elles accorderaient aujourd'hui beaucoup d'importance aux valeurs familiales, et à la vie privée en général.

« Les hommes qui sont là présentement, ce sont les hommes  de l’ancienne génération ou la génération des divorcés, ceux qui ont créé le divorce, ceux qui l’ont vécu, qui se sont divorcés, parce que justement ils ont sacrifié leur famille, ils ont accordé beaucoup d’importance à leur carrière.  Et nous, parce que l’on est plus jeune, on a vécu ces situations et l’on revient beaucoup aux valeurs familiales, autant les gars que les filles » . (Célia, 20 ans, PLQ)

Conclusion

Que retenir du pourquoi et du comment des jeunes femmes sont militantes dans des groupes aujourd'hui? Tout d'abord, pour la plupart c'est une conjugaison de facteurs personnels, familiaux et historiques qui mène au militantisme. C'est souvent un contexte socio-politique particulier, soit la Marche mondiale des femmes, le référendum sur la souveraineté du Québec, ou encore la tenue de Sommets économiques, qui a déclenché le désir de militer activement. Toutefois, ce dernier ne peut se comprendre sans mentionner les facteurs qui tiennent à l’histoire personnelle et familiale de chacune des répondantes. Ainsi, la trajectoire de nos répondantes révèle un intérêt précoce pour le social, pour le collectif, se traduisant par des implications dans différents milieux. Cet intérêt a pour origine en partie le contexte familial dans lequel elles ont vécu, notamment l'affirmation, chez leurs parents, de valeurs politiques et féministes. Enfin au-delà de tous ces facteurs, l'engagement politique ou féministe s'explique aussi et d'abord, par leur croyance, leur foi, pourrait-on dire, en l'idée que chaque action individuelle peut changer les choses, agir sur la société dans son ensemble.

À cet égard, il faut aussi retenir aussi que le recours à une définition traditionnelle du militantisme et de l’engagement politique contribue à projeter l’image d’une jeunesse dépolitisée et non-participante, alors que la réalité est autre.  En effet, les quelques études existantes confirment que les discours sur le désengagement des jeunes ne tiennent qu’en se fondant sur une conception étroite de l’engagement référant au modèle traditionnel et qu’il convient de prêter attention à d’autres formes d’inscription civique (Ion, 1997: 89). D'ailleurs, les jeunes militantes que nous avons rencontrées ont toute une conception active de la citoyenneté et surtout qui ne se limite pas à l'engagement politique strict. Être engagée, disaient certaines jeunes militantes interrogées, c'est une façon d'être, un mode de vie qui implique que l'on pose des gestes cohérents au quotidien, que l'on vive en accord avec ses idéaux.

 

Références

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Biographies

Anne Quéniart est professeure agrégée au département de sociologie de l’université du Québec à Montréal. Elle a obtenu un PhD en 1987 pour une thèse portant sur l’expérience de la maternité, publiée aux Editions St-Martin sous le titre Le corps paradoxal. Regards de femmes sur la maternité. Depuis plus de dix ans, elle partage ses activités d’enseignement et de recherche entre la méthodologie et les domaines de la famille, des rapports sociaux de sexe et de l’engagement politique. Elle a publié de nombreux articles sur les représentations de la paternité et de la maternité, sur les aspects socio-juridiques du divorce, sur le désengagement paternel et, plus récemment, sur le militantisme des jeunes femmes.

Julie Jacques est étudiante au doctorat en sociologie à l’université du Québec à Montréal. Elle vient de terminer un mémoire de maîtrise sur le sens et les formes de l’engagement politique chez les militantes de deux partis politiques. Elle travaille comme assistante de recherche au sein du groupe de recherche sur l’engagement politique, dirigé par Anne Quéniart.



[1] Recherche en partenariat avec le service aux collectivités de l’UQAM, la Fédération des femmes du Québec et l’Alliance de recherche IREF/relais-femmes.

[2] Résultats en date du 14 novembre 2001

[3] Résultats en date du 4 décembre 2001. Source : Site Web du Parlement du Canada www.parl.gc.ca et de l’Assemblée nationale : www.assnat.qc.ca

[4] Les auteures réfèrent à C. Marion (1988).

[5] Tous ces événements renvoient à la question de la place du Québec au sein du Canada.