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Les violences faites aux femmes
Fatou Diouf
Résumé :
Mots-clefs : violence, associations féminines, Sémégal 1 - Les violences faites aux femmes Qu’est ce que la violence ? Elle est définie dans le dictionnaire Larousse comme une contrainte exercée sur une personne par la force ou l’intimidation. Elle suppose un rapport de force entre celui qui l’exerce et la personne qui la subit. La violence faite aux femmes est constituée par tout acte de violence fondé sur l’appartenance au sexe féminin causant ou susceptible de causer aux femmes des dommages ou des souffrances physiques, sexuelles et psychologiques. Cette définition peut être rapprochée de celle donnée
par le comité pour l’élimination des discriminations à l’égard des femmes
dans sa recommandation N°19 adoptée à sa onzième session en 1992, de la
violence fondée sur le sexe, exercée contre une femme parce qu’elle est
une femme ou qui touche spécialement la femme. Elle englobe les actes
qui impliquent des tourments ou des souffrances d’ordre physique, En effet, la société africaine en général, sénégalaise en particulier, étant une société patriarcale, c’est à dire fondée sur la prédominance de l’homme sur la femme et les enfants, légitime le droit pour les hommes d’être violents envers les femmes et explique la tolérance de la violence masculine aussi bien sur le plan individuel que sur le plan institutionnel La violence à l’égard des femmes découle essentiellement du statut inférieur accordé à la femme dans la famille et la société. Toutes les formes de violences physiques psychologiques ou sexuelles, exercées dans les foyers ou dans la société sont liées au pouvoir ,aux prérogatives et à l’autorité que détiennent les hommes. Elles sont encouragées par l’ignorance ,par les normes religieuses et culturelles, l’absence de moyens éducatifs et ,financiers permettant de s’attaquer à ses causes.
2 .Les formes de violences les femmes subissent différentes formes d’oppression et d’exploitation dans les quelles ,on trouve : 2.1 - L’oppression maritale :Les femmes supportent les co-épouses qu’on leur impose, ainsi que les sautes d’humeur de leur mari. Elles acceptent en silence d’être battues et humiliées. 2.2 - L’oppression de la maternité :Les femmes subissent des gestations répétées qui usent leur corps, souffrent les affres d’une stérilité éventuelle qui ferait d’elles des parias sociaux. Selon Ahmadou kourouma « ce qui sied le plus à un ménage, le plus à une femme :l’enfant, la maternité, qui sont plus que les riches parures, plus que la plus éclatante beauté. A la femme sans maternité, manque plus que la moitié de la féminité. » 2.3 - L’oppression culturelle :les femmes doivent tout accepter de leur mari,(caprices ,brimades..)pour soit disant avoir des enfants bénis, des enfants qui réussiront dans tous les domaines ¨ Les femmes peuvent être répudiées à tout moment livrées à elles-mêmes sans soutien ni revenus.¨ Elles subissent les sarcasmes des intégristes à travers les radios, les conférences religieuses. 2.4 - L’oppression économique :Elles sont exploitées dans les usines où elles n’ont accès qu’aux postes subalternes et aux emplois non qualifiés. L’agro-industrie, les conserveries de poisson sont les secteurs ou elles constituent une main d’œuvre bon marché, comme journalières ou saisonnières. Elles sont exploitées en tant que domestiques ou prostituées, surexploitées en tant que paysannes travaillant à longueur d’années sans jouir une reconnaissance sociale de leur travail, exploitées en tant que femmes ménagères responsables sans être payées pour ces basses besognes, mais indispensables à la survie et à l’équilibre budgétaire de la famille. Les causes profondes de leur oppression et de leur exploitation, s’expliquent par l’aliénation des femmes elles-mêmes ,à qui on a fait accepter que leur statut d’être inférieur ,était normal. 2.5 - La domination patriarcale :le patriarcat est un système idéologique qui a fondé ,structuré et banalisé la domination des hommes sur les femmes. Cette domination a été codifiée par les coutumes, les traditions, les lois, et les tabous .Elle se transmet par l’éducation ,la culture et la division du travail selon le sexe, qui spécialisé chacun dans un domaine précis d’activités et de comportements. Ainsi toutes les relations entre les hommes et les femmes tant au niveau privé (famille) qu’au niveau public (société) sont régies par ces normes. 3 - Les types de violences 3.1 - Les violences conjugales :ce sont des violences qui s’exercent entre époux dans le cadre du ménage. les enfants peuvent être perturbés sur le plan psychologique(délinquants, échecs scolaires..) 3.2 - Les mariages précoces :les femmes
portent parfois des grossesses à 3.3 - Les violences économiques :très fréquentes au Sénégal ,les hommes délaissent leurs femmes au mépris d’un devoir. Il s’agit de l’abandon de famille, de l’abandon d’une femme enceinte, du refus par une personne de payer la pension alimentaire, de l’abandon moral. Les sénégalaises subissant ces violences ,relèvent les défis en pratiquant des activités génératrices de revenus(commerce, artisanat, maraîchage) pour subvenir à la gestion familiale. 3.4 - Les violences physiques :Ce sont des atteintes à l’intégrité physique occasionnant des dommages corporels visibles ou non. Elles sont les formes de violence les plus fréquentes et les plus connues. 3.5 - Les mutilations génitales féminines :ce sont des pratiques sur l’appareil génital de la fillette, de la jeune fille .la forme la plus connue au sénégal est l’excision. D’ailleurs l’état sénégalais a sorti un décret pour réprimander les exciseuses (l’article 299 bis du code pénal prévoit contre le coupable une peine d’emprisonnement de six mois à 5 ans) 3.6 - Les violences morales et psychologiques :une femme stérile ,qui ne procréé pas, subit des violences verbales de la part de son mari, de sa belle-famille. Ces tourments et ces souffrances d’ordre psychique la poussent à fréquenter des charlatans, des marabouts, la médecine traditionnelle, moderne, appuyée en cela soit par sa mère, soit par une amie. 3.7 - Le harcèleemnt sexuel :Il n’est pas reconnu au sénégal car difficile à prouver. Pourtant ,les femmes le vivent sous des menaces, de paroles ,de contraintes pour obtenir des faveurs dans leur lieu de travail. 4 - Les barrières socioculturelles les pratiques coutumières et religieuses reconnaissent la primauté de l’homme. les conséquences liées à ce fait sont préjudiciables à la femme à bien des égards. la soumission de la femme mariée ,à son époux étant la règle, on ne saurait parler de viol conjugal, dans la mesure ou il n’est pas reconnu à la femme le droit de refuser d’avoir des relations sexuelles avec son époux. Selon le « Coran , vos épouses sont pour vous un champ de labour, allez à votre champ comme et quand vous voulez et œuvrez pour vous-même à l’avance »Sourate 3 verset 223 Un droit de correction du mari sur la femme existe dans le Coran. « les femmes vertueuses sont obéissantes et protègent ce qui doit être protégé ,avec la protection d’Allah et quant à celles dont vous craignez la désobéissance ,exhortez les ,éloignez-vous d’elles dans leurs lits et frappez les » sourate 4,verset 34 Selon certains, il faut frapper sans blesser, sans faire mal, et les interprétations religieuses sont toujours en faveur des hommes. Un proverbe wolof dit « jigeen soppal té bul woolu »,aime la femme mais ne lui fais pas confiance. Au Sénégal, le mariage est considéré pour la plupart des
femmes comme une fin en soi, un facteur de valorisation indispensable
pour elles, une forme de sécurité sociale .la femme voulant préserver
son ménage est prête à Le mariage sénégalais ne concerne pas seulement le couple (comme on dit Madame et Monsieur),mais toute la belle-famille. En général, ce sont les beaux-parents qui font et défont les mariages. Et l’épouse pour être considérée doit offrir des cadeaux à ses belles sœurs, sa belle-mère, aux amis, aux oncles du mari , à chaque cérémonie familiale(baptêmes, décès). Un gaspillage, un sacrifice que doit effectuer la mère de l’épouse, quitte même à s’endetter, à s’appauvrir davantage. Les violences conjugales sont considérées comme un question d’ordre privé, un problème intime et interne au couple qui doit être réglé au sein de la famille. Des violences conjugales ont eu à tourner au drame, par exemple : . une femme battue à mort par son mari, de surcroît son cousin , . une femme percée par des coups de ciseaux par son mari, . des co-épouses, deux à six femmes se partageant un mari, s’entre-déchirent, se lacèrent, s’ébouillantent, . une fillette de 12 ans mariée ,à son cousin de 29 ans ,décède pendant la nuit nuptiale. Même les femmes intellectuelles subissent les barrières socioculturelles, qu’elles vivent sous silence. Le sénégal, connu comme un pays de droit où la constitution garantit l’égalité à tous les citoyens, peut-on se permettre d’étouffer et régler des problèmes de crimes, des problèmes de viol entre familles, ou chez le délégué de quartier ? Peut-on se permettre d’encourager la femme abandonnée , humiliée par son mari de tout supporter , afin d’être payée par Dieu ? Certes, certains crimes ,viols ont été décriés par des associations féminines ,(le Rassemblement Sénégalais pour le Bien Etre de la Femme entre autres) ,et portés au niveau de la justice. Cependant, le cas le plus humiliant et le plus impopulaire, est celui de Coumba Rose, une prostituée, assassinée d’une vingtaine de coups de couteaux par son dernier client, et pourtant aucune association n’a réagi pour dénoncer ce fait. Pourquoi ? parce qu’elle était prostituée, et n’était pas considérée comme femme. Pour conclure, je dirai que les femmes sont les produits de leur culture, de leurs valeurs, de leur histoire, et les relations entre les sexes sont essentiellement des relations de pouvoir. Actuellement, au Sénégal, des femmes se mobilisent pour lutter contre la violence sous toutes ses formes ,et que des mesures publiques sont entrain d’être prises pour s’attaquer tant aux conséquences, qu’aux causes de la violence. Pour ce faire, il faudra favoriser la conquête de l’autonomie et de l’indépendance par les femmes qui, pour leur grande majorité, vivent dans un niveau d’oppression qui leur interdit toute expression personnelle. C’est pourquoi, la question de leur participation ne peut être séparée de celle de la conquête du pouvoir économique et du savoir par les femmes, car la misère et l’ignorance demeurent les principaux obstacles à l’émancipation des femmes. Références: Rapport Général du Séminaire de Dakar sur les Violences faites aux femmes et l’Etat de Droit (23-24 25 février1998) Dakar, Sénégal , juillet 1998, UNIFEM. Note biographique : . Fatou Diouf est présidente du Rassemblement sénégalais pour le bien être d ela femme(ra se bef) Sénégal. Médiatrice pédagogique , présidente du rassemblement sénégalais pour le bien être de la femme, une association qui milite en faveur des femmes en situation difficile (femmes battues, prostituées, séropositives, filles mères, droguées, femmes excisées) « je milite dans des associations nationales que régionales(conseil sénégalais des femmes « cosec » ; 'association des femmes contre le sida "swaa". Je suis fonctionnaire au ministère de la jeunesse. Je suis une confidente aussi bien des jeunes que des adultes. J'ai une approche facile au niveau des marginalisés.Présidente du Rassemblement sénégalais pour le Bien être de la femme « RA SE BEF » Site internet : http://www.famafrique.org/nosvoix/index.html
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