labrys, études féministes/ estudos feministas
janeiro/ junho 2016 - janvier/juillet 2016

 

Pour une transformation du champ symbolique

Nadine Plateau

 

Résumé :

Cet article retrace le combat de l’association Sophia pour l’intégration structurelle des savoirs féministes dans les universités belges. Fidèle à la tradition féministe de critique des savoirs androcentrés et tout autant soucieuse d’efficacité, Sophia s’est assuré le soutien des administrations et politiques chargées de l’égalité des femmes et des hommes. Ce soutien lui a permis de mener trois projets ponctuels de 2000 à 2011 qui ont joué un rôle décisif dans la prise en compte effective par les pouvoirs publics et les autorités académiques de la question non seulement de la recherche et de l’enseignement en études de genre mais aussi de la promotion des femmes dans les universités. L’action de Sophia a dégagé un nouveau terrain de combat féministe, l’université, désormais investi par de jeunes doctorant-e-s et assistant-e-s.

Mots-clés: Sophia, savoirs féministes, égalité, études de genre, promotion des femmes, universités.

 

 

«Si on se place au point de vue de l’espérance et de la volonté du féminisme comme mouvement politique au sens le plus large du terme, il ne peut y avoir de transformation des rapports sociaux sans une transformation du champ symbolique.» (Collin, 1999 : 18)

 

Introduction

L’objectif que Sophia, réseau bicommunautaire de promotion des études de genre en Belgique[1], s’était fixé lors de sa création en 1989, vient d’être atteint en Flandre et devrait l’être bientôt dans la partie francophone du pays: un master en genre et diversité a été officiellement institué dans les universités flamandes en 2014 et les négociations actuelles en Communauté française devraient aboutir à la mise sur pied d’un master interuniversitaire dès 2017. Il aura donc fallu un quart de siècle pour inscrire de manière durable les savoirs féministes dans le monde académique. Un quart de siècle de travail continu et d’engagement obstiné d’un petit groupe de chercheuses et militantes féministes des deux communautés linguistiques qui avaient créé l’association Sophia après que le premier colloque européen de women’s studies (expression de l’époque traduite par études-femmes en français) leur en eut démontré la nécessité et insufflé l’énergie.

 Ce colloque, organisé par les Cahiers du GRIF avec l’aide de la Commission européenne, ne s’était pas contenté de dresser un état des lieux des women’s studies en Europe et de susciter un échange de vues sur l’objet et les méthodes de ce champ de recherche, il avait adressé à la Communauté européenne et aux gouvernements nationaux des recommandations afin de développer des stratégies de promotion de ces études (Albert, 1989). Ces recommandations prévoyaient un grand nombre de mesures extrêmement concrètes aussi bien au niveau national qu’européen afin d’établir un cadre institutionnel qui devait assurer aussi bien la promotion de la perspective féministe dans les études, la formation et la recherche que la parité à tous les niveaux dans les institutions d’enseignement supérieur et de recherche.

C’est dans cet esprit que Sophia a mené un double combat, dirigé à la fois contre le sexisme des institutions et contre le sexisme des savoirs produits au sein de ces institutions. L’association a toujours soutenu et parfois initié le combat des femmes pour l’égalité au sein des universités même si elle a essentiellement œuvré à institutionnaliser les savoirs féministes. Cette priorité s’explique par le contexte spécifique de la Belgique et particulièrement de la partie francophone au sud du pays, à la fin des années 80 : la pensée féministe y était bien vivante mais elle se situait en marge des institutions universitaires et ne bénéficiait que d’un faible rayonnement (Plateau, 2005 : web).

L’enjeu était donc pour les militantes de Sophia, de développer et diffuser le corpus féministe au sein même de l’Alma Mater, d’y assurer son ancrage structurel et par conséquent son accessibilité aux générations futures. L’exposition des étudiantes -comme d’ailleurs des étudiants- aux savoirs féministes leur apparaissait comme la condition d’une prise de conscience qui serait libératrice et initierait des changements entre les sexes.

 

Le triangle de velours

Si le cap vers lequel navigue Sophia n’a pas changé depuis 1989, le statut de l’association, par contre, ses moyens et ses stratégies ont considérablement évolué au cours des deux dernières décennies. A l’origine, petit groupe informel, composé de chercheuses et de militantes enthousiastes et bénévoles, très soucieux de faire le lien avec le mouvement des femmes et de jeter des ponts entre les deux communautés linguistiques, Sophia se caractérise par une totale indépendance par rapport aux institutions -l’association ne dispose pas de subsides-, et par la dimension critique de toutes ses activités. Quant l’élan révolutionnaire des premières années retombera et que des opportunités de collaboration avec les pouvoirs publics se dessineront, Sophia passera à une pratique plus institutionnelle.

En effet, sous la pression des Nations Unies puis de la Communauté européenne, la Belgique s’est dotée de structures gouvernementales formellement chargées de promouvoir le statut et les droits des femmes. Depuis 1985, une politique publique d’égalité des chances entre les femmes et les hommes s’est implantée au niveau fédéral, avec une Secrétaire d’Etat -qui deviendra Ministre- disposant d’un budget et d’une administration propres. Désormais les revendications féministes arrivent à l’agenda politique, pas toutes et pas n’importe lesquelles, mais le développement des études-femmes en fait partie car elles s’avèrent nécessaires pour inspirer et soutenir les politiques d’égalité.

C’est dans ce contexte de reconfiguration de l’Etat que Sophia va adopter de nouvelles stratégies, qui comme le souligne Sophie Stoffel dans le bulletin de Sophia,

«[...]ne relèvent pas uniquement de décisions internes, indépendantes du contexte, mais sont au contraire à appréhender dans le cadre des interactions de l’association avec d’autres agents issus du monde académique, du monde politique et du monde associatif, eux-mêmes en reconfiguration.» (Stoffel, 2004 : 12).

Effectivement, l’association signe en 1995 une convention avec la Ministre chargée de l’Egalité des chances qui marque le commencement de son processus d’institutionnalisation. Elle peut dès lors engager deux collaboratrices à mi-temps, l’une francophone, l’autre néerlandophone, pour assurer la réalisation d’un bulletin trimestriel. C’est le début d’une pratique de relations et de collaborations informelles et formelles entre trois types d’actrices en vue d’intégrer de manière pérenne les études-femmes dans les universités: les membres du Conseil d’administration de Sophia, les enseignantes et chercheuses des études-femmes dans les universités et les femmes travaillant dans les structures politico-administratives des appareils chargés de la promotion des femmes.

Dans son étude de l’évolution du mouvement des femmes dans le cadre des politiques d’égalité au niveau international, Alison Woodward analyse les interactions entre ces trois pôles d’une figure qu’elle nomme triangle de velours : «Le mot velours renvoie au fait que quasi tous les acteurs sont des femmes dans un environnement essentiellement masculin. (…) Les pôles du triangle sont occupés par des fonctionnaires et politiciennes féministes (appelées fémocrates), des universitaires de confiance et des voix formellement organisées du mouvement des femmes.» (Woodward, 2000 : 285 ; ma traduction). Tout en montrant l’efficacité du système, l’auteure souligne les risques de normalisation et d’homogénéisation des revendications des mouvements de femmes contraints de répondre aux priorités des instances politiques.

Le triangle de velours a plus ou moins bien fonctionné en Belgique selon les domaines concernés. En matière de violence à l’encontre des femmes, ce fut un succès : les demandes du mouvement des femmes furent entendues par la Ministre qui commanda des recherches dans les universités afin de récolter des données lui permettant de concevoir une politique et d’amener le législateur à réprimer la violence conjugale, le harcèlement sexuel etc. De même en politique, l’action conjuguée des trois pôles du triangle aboutit à une loi imposant des quotas sur les listes électorales.

Pour ce qui est de l’enseignement supérieur, le possible conflit de compétences entre ministres de l’égalité et de l’enseignement a toujours pesé sur le travail des actrices concernées. A quoi s’ajoutent la longue tradition d’indépendance (appelée liberté académique) des universités vis-à-vis du politique et la méfiance de celles-ci pour tout organe non académique. Heureusement, et en cela Sophia occupe une place particulière dans le triangle de velours, l’association qui fait partie du mouvement des femmes compte parmi ses membres de nombreuses académiques ce qui la situe dans deux des trois pôles du triangle. Ce profil singulier, ancrage universitaire allié à l’engagement féministe, va donner forme aux actions et aux projets de Sophia en vue de l’intégration des savoirs féministes dans les universités.

Dès 1995, l’association voit son expertise en matière d’études féministes reconnue puisqu’elle va bénéficier de subsides publics d’abord via des conventions puis en 2000 grâce à un subside récurrent de l’Institut fédéral pour l’égalité des femmes et des hommes (IEFH). Bien qu’il ait été raboté en ces temps de crise, ce subside permet toujours d’assurer le financement de deux personnes qualifiées à mi-temps pour coordonner les activités. C’est en grande partie grâce au soutien des politiques d’égalité fédérales que Sophia a pu tout au long de ces 20 années, accroître sa visibilité et sa légitimité vis-à-vis des responsables politiques de l’enseignement et des autorités universitaires pour en arriver à l’intégration structurelle du genre dans un cursus académique.

 Les politiques s’étaient jusque là peu soucié-e-s d’égalité dans le domaine de l’enseignement supérieur tandis que le monde académique vivait dans l’inconscience des discriminations réelles qui se produisent en son sein. Sophia allait bouleverser ces certitudes, problématiser ce qui ne l’était pas ou relevait d’une évidence non interrogée comme la faible reconnaissance des savoirs féministes dans les universités et la sous-représentation des femmes aux fonctions élevées de la hiérarchie.

 

La chaire féministe (2001 à 2003)

Depuis sa création, Sophia travaille à la promotion des études féministes en organisant des colloques qui dressent l’état des lieux de ces études et en publiant un bulletin qui recense les cours, publications et mémoires dans ce domaine. Au seuil du deuxième millénaire, le nouveau statut de Sophia lui permet de concevoir et de réaliser des projets plus ambitieux mais il lui faudra tenir compte à la fois du contexte spécifique à chaque communauté linguistique et des compétences limitées au fédéral de la Ministre chargée de l’égalité.

En 2001, le paysage des études féministes diffère fortement au Nord et au Sud du pays. En Flandre, des enseignements relatifs aux théories et méthodologies féministes sont dispensés dans diverses facultés de plusieurs universités alors que dans la partie francophone du pays, une seule université propose un ensemble de cours à option intégrant la question du genre. L’écart entre les deux communautés renvoie aux contextes politique et idéologique radicalement différents d’une communauté à l’autre dans lesquels surgit la nouvelle vague féministe des années 70.

Du côté flamand, la tradition conservatrice et chrétienne, sensible à la question de la différence sexuée, permet la prise en compte d’une catégorie femmes ayant des intérêts spécifiques. Des commissions femmes existent dans les partis et les syndicats avec lesquelles les groupes féministes indépendants établiront des liens dès 1972 au sein d’un large réseau toujours actif à l’heure actuelle. A cela s’ajoute le soutien politique de la Secrétaire d’Etat puis Ministre de l’Egalité fédérale (flamande et démocrate-chrétienne) qui a déclenché le processus d’institutionnalisation des études féministes en Flandre.

En effet, les financements octroyés à la recherche orientée vers la décision politique ont permis aux centres d’études féministes flamands d’assurer leur fonctionnement en l’absence de soutien des autorités académiques et de mettre sur pied des cours d’initiation aux études féministes ainsi qu’une formation de troisième cycle, la «Voorgezette Academische Opleiding (VAO) Vrouwenstudies».

Rien de pareil en Communauté française qui, majoritairement socialiste et laïque, profondément attachée à l’universalisme, accorde la priorité à l’égalité sociale censée entraîner celle des sexes. Cette conviction a pesé lourdement sur les commissions femmes des partis rendant difficiles les contacts avec les groupes féministes nés dans l’après 68 antiautoritaire et anti-institutionnel.

L’incompatibilité entre femmes dans et hors institutions a empêché la création comme en Flandre d’un réseau rassembleur disposant d’un certain pouvoir de changer les choses. Quant à la réflexion féministe, elle existe bel et bien mais en dehors des universités qui ne proposent aucun programme de cours complet en études féministes ni de cours obligatoire dans ce domaine.

Les premiers centres d’études féministes n’apparaîtront qu’à la fin des années 80, les quelques recherches commanditées par la ministre flamande n’ayant pas eu les effets multiplicateurs avérés en Flandre. Il faut attendre 2003 pour qu’un état des lieux de la place des femmes dans les universités soit réalisé à la demande de l’Union européenne (Henau & Meulders, 2003) alors que des chercheur-e-s flamand-e-s avait déjà effectué plusieurs enquêtes sur ce sujet en Flandre (Vanherck et al., 1991 ; Van Haegendoren et al, 2000).

Quand, en 2000, une Ministre fédérale francophone se voit attribuer la compétence égalité, Sophia saisira cette opportunité pour lui soumettre un projet de chaire féministe dans les universités francophones en arguant du retard de la Communauté française par rapport à la Flandre. C’est donc par le biais d’une «action positive» destinée à combler l’écart entre les communautés que Sophia obtiendra le financement de son projet.

En ce qui concerne la conception et la mise en œuvre de la chaire féministe, Sophia adopte une approche essentiellement pragmatique. La stratégie se construit par paliers successifs, en fonction des opportunités : la bonne volonté de la ministre et surtout la présence dans son cabinet d’une conseillère entretenant de bonnes relations avec les responsables de Sophia. En fonction des contraintes également car les délais sont courts (une année) et le budget modeste (les honoraires d’une dizaine de conférencières invitées et quelques frais de secrétariat).

 Sophia dont l’atout principal et la seule véritable expertise réside dans la connaissance des réseaux d’études féministes, assume, dès le début, une fonction de coordination. Lors d’une première phase, l’association réunit ses contacts (représentantes de groupes formels ou informels existants dans le domaine des études féministes dans les universités visées) et constitue un petit groupe qui en un mois mettra au point un projet réaliste (peu coûteux et facile à organiser rapidement) dont voici les grandes lignes.

La chaire porte le même nom partout, à savoir «chaire en études de genre» et traite du même thème général, le travail (la Ministre chargée de l’Egalité étant également Ministre de l’Emploi et du Travail). Une seule formule s’applique dans toutes les universités : un module de dix heures donné par un-e professeur extérieur-e à l’université, spécialiste d’un sujet relatif à la thématique générale s’intégrera au titre de cours obligatoire dans le cours de professeur-e-s pouvant inscrire ce sujet dans leur enseignement et donnera lieu à une évaluation. Pour le reste, toute latitude est laissée aux universités. En permettant d’inviter des personnes étrangères à l’Université, la chaire en études de genre palliait le problème de l’absence d’expertise en études féministes au sein des universités.

La deuxième phase, celle de la mise en œuvre du projet, fut précédée d’un événement symbolique, la rencontre des parties signataires de la convention au cabinet de la Ministre. Etaient présents non seulement la Ministre, les professeurs responsables des chaires dans les différentes universités et Sophia (les trois pôles du triangle de velours décrit plus haut) mais aussi les recteurs que la Ministre avait invités afin de les concerner et de les convaincre de poursuivre l’expérience. Une telle invitation illustre bien le rôle joué en Belgique par les autorités politiques dans le processus de reconnaissance de la légitimité des études féministes au sein du monde académique.

Officiellement chargée de la coordination de la «chaire en études de genre», Sophia a organisé, au cabinet et pendant les heures de bureau (professionnalisation oblige), des réunions avec les représentant-e-s des universités. Si ces réunions ont permis l’organisation pratique des modules (échanges d’informations, mise au point des programmes etc.), elles remplissaient une fonction plus essentielle à long terme, à savoir renforcer le réseau de personnes engagées dans les études féministes tant à l’intérieur des institutions qu’entre celles-ci. Le projet «chaire» a d’ailleurs suscité la création de groupes ou réseaux inter-disciplinaires et inter-facultaires dans chaque université comme le FER ULg (Femmes, enseignement, recherche, ULg) à l’université de Liège.

Parallèlement au développement des réseaux internes aux universités, Sophia poursuivait un objectif à plus long terme car il était clair que le financement ne serait pas reconduit. L’association espérait constituer un véritable réseau inter-universitaire, capable de se mobiliser pour une ou plusieurs actions. Or, si les nombreuses  réunions avaient renforcé les liens interindividuels, elles n’avaient pas permis d’élaborer un projet commun. La capacité d’extension du réseau s’était avérée limitée et la volonté d’action restreinte au projet de chaire féministe. Il n’a pas été possible d’arriver à un consensus sur le type d’institutionnalisation des études féministes souhaité.

Outre les problèmes de concurrence entre institutions universitaires qui tendent à freiner la coopération, les réseaux internes ne se sentaient pas toujours assez forts pour investir dans de l’inter-universitaire. Ainsi le projet de création d’un troisième cycle inter-universitaire en études de genre, auquel la ministre de l’Enseignement était favorable, a-t-il été jugé prématuré, les collègues estimant dans leur majorité qu’il fallait attendre une demande de la part des étudiant-e-s ainsi que la présence de professeurs compétent-e-s en la matière. De même, l’idée de rédiger un projet commun concernant les études de genre, étayé d’une argumentation solide, de manière à défendre le dossier auprès de la ministre, n’a pas plus abouti.

Au total, le projet de chaire féministe a donné aux études féministes plus de visibilité et de  légitimité. Il a contribué à sensibiliser un certain nombre de personnes (étudiant-e-s entre autres et enseignant-e-s). Une dynamique s’est enclenchée mais sans garantie de continuité. La chaire avait certes mobilisé les énergies mais une fois le financement tari et étant donné la fragilité des réseaux et la faiblesse du soutien institutionnel, le découragement et/ou la passivité risquaient de se réinstaller. La poursuite de la chaire impliquait donc que l’octroi de subside passe du fédéral au communautaire, une hypothèse réaliste car l’investissement financier n’était pas énorme.

Mais, ni le Ministre de la Communauté française chargé de l’Egalité, ni la Ministre de l’Enseignement supérieur n’ont accédé à la demande de Sophia. Les responsables de la chaire n’ont pas fait de proposition alternative et après la fin de non recevoir des ministres de la Communauté française, Sophia s’est tournée une fois de plus vers le fédéral en déposant un nouveau projet rentrant cette fois dans les compétences de la Ministre.

 

Le projet de gender mainstreaming (2003)

Au début des années 2000, la politique d’intégration transversale de la problématique de l’égalité dans toutes les politiques, connue sous le nom de «mainstreaming de genre,» qui avait été importée en Belgique par les institutions internationales, s’était imposée aux yeux des décideurs comme l’instrument le plus adéquat pour réaliser l‘égalité effective entre femmes et hommes. Changeant alors délibérément d’angle d’attaque, Sophia s’approprie le concept en vogue pour mettre à l’épreuve non plus les savoirs académiques mais les institutions de production de ces savoirs.

 La stratégie choisie par Sophia intitulée «mise en œuvre d’une approche de mainstreaming de genre dans les institutions universitaires » belges visant à combattre les inégalités entre les femmes et les hommes dans les carrières universitaires, tombait parfaitement dans les cordes de la Ministre fédérale de l’égalité qui avait aussi l’emploi dans ses compétences.

La convention signée entre Sophia et la Ministre diffère du projet précédent, en ce que l’association dispose cette fois d’une grande liberté d’action et d’un budget qui  lui permet d’engager deux travailleuses à mi-temps pendant un an mais elle perd la caution académique que lui conféraient les signatures des recteurs. Le monde universitaire a disparu de la convention alors même qu’il est l’objet du projet puisqu’il s’agit d’intégrer l’égalité entre les femmes et les hommes dans les politiques des universités.

 La mission confiée à Sophia par la Ministre s’avérait donc délicate étant donné l’intrusion de l’associatif dans le monde académique et sa politique du personnel. La mise en œuvre du projet gender mainstreaming, qui comprenait une journée d’étude internationale, des sessions d’information et de formation dans les universités et une table ronde fédérale-, exigeait davantage encore de pragmatisme que pour le projet de chaire féministe. Il fallait en effet trouver les relais (surtout du côté francophone), agir dans un laps de temps très court (de février à novembre), et s’adapter à des contextes très différents d’une communauté à l’autre.

En Flandre, le Conseil interuniversitaire flamand (VLIR) comptait déjà un groupe «Egalité des chances» en son sein et l’université de Louvain (KULeuven) avait intégré une politique d’égalité entre les femmes et les hommes dans la gestion des ressources humaines alors que rien de tel n’existait en Communauté française.

Le travail s’est organisé autour de deux axes, la sensibilisation à la question de l’égalité professionnelle des personnes travaillant au sein d’institutions universitaires et la mise en réseau de groupes, commissions et personnes concernées par cette question. Divers instruments de sensibilisation furent mobilisés : la diffusion d’un «Appel pour l’égalité des femmes et des hommes dans les universités» via les publications universitaires et le fichier d’adresses électroniques de l’association ; une journée d‘étude «A quand l’égalité f/h ? Plaidoyer pour une autre université» qui a rassemblé une centaine de participant-e-s ; des sessions d’information à propos des politiques d’égalité dans les universités ciblant les autorités académiques d’une part et les membres des divers personnels d’autre part. Aux autorités académiques (recteurs, personnes des conseils d’administration), Sophia avait proposé une séance d’information avec deux expertes internationales en matière de gender mainstreaming mais la séance prévue avec le sommet du Conseil Interuniversitaire flamand (VLIR) fut annulée faute d’inscriptions suffisantes.

Quant au Conseil des recteurs francophones (CREF), il justifia son refus par la surcharge causée par la réforme de Bologne. Ce double échec est significatif non seulement du manque d’intérêt manifesté par les recteurs pour la question de l’égalité mais aussi de l’absence de pression de la part de la communauté universitaire pour que cette question soit prise en compte. Par contre, les sessions d’information sur le mainstreaming de genre adressées aux différents personnels des universités, furent largement suivies et rassemblèrent des publics émanant des facultés, y compris de facultés de sciences et de médecine, ainsi que des administrations.

Le résultat le plus positif de ce projet est sans conteste l’élargissement du domaine où se pensait la question de l’égalité à des espaces non traditionnellement concernés par les études féministes. Les réactions à l’information furent fort diverses eu égard au type de personnes réunies : les scientifiques se rengorgeant de ce que leur «diagramme en ciseaux» serait moins discriminant qu’en sciences humaines ou les médecins satisfaits du pourcentage élevé d’étudiant-e-s, promesse, selon eux, d’égalité future.

 En dépit de variations, les séances de sensibilisation ont fait apparaître un certain nombre de traits communs. Tout d’abord, la cécité au genre (chez nous il n’y a pas de problèmes ; cela va s’arranger «naturellement» avec le temps). Ensuite, le rejet de la responsabilité (nous ne sommes pas responsables, c’est la société, ou ce sont les femmes elles-mêmes car elles n’ont pas envie de faire carrière). Enfin, une tactique étonnante consistant à éluder la question en en posant une autre : et la discrimination des garçons à l’école ? Et la féminisation de l’enseignement ?

En ce qui concerne le deuxième axe, la mise en réseau, Sophia a concentré ses efforts d’une part sur la constitution d’un réseau interne aux universités, ensuite sur celle d’un réseau fédéral. Les résultats furent mitigés, soit que ces réseaux existaient déjà (en Flandre) soit qu’ils n’apparurent pas partout (en Communauté française). En réalité, les institutions universitaires flamandes n’avaient besoin de Sophia ni pour sensibiliser les autorités académiques —c’est la fonction du groupe Egalité des chances au sein du Conseil interuniversitaire flamand— ni pour intégrer le mainstreaming de genre car une vision «moderniste» de l’université y prévaut, prônant un management novateur en lutte contre les rigidités du monde académique et l’actuel gaspillage de talents, dont ceux des femmes (Plateau, 2006).

 Du côté francophone par contre, les initiatives de Sophia ont servi de catalyseur dans le contexte universitaire permettant que de nouvelles catégories de personnel soient sensibilisées tant du côté académique que du côté scientifique ou administratif. Les universités qui ne comportaient que des centres ou des groupes d’études féministes ont quasi toutes créé des commissions égalité. Une volonté d’agir s’est donc manifestée dans l’ensemble des institutions universitaires francophones.

Cette asymétrie des deux communautés se retrouve dans la séance de clôture du projet, une table ronde sur le thème «Initiatives pour promouvoir plus d’égalité dans les universités», qui a surtout fait connaître les réalisations flamandes aux francophones. Par contre le souhait de Sophia de susciter un réseau bicommunautaire pour l’égalité au niveau fédéral n‘a pas rencontré d’écho. Visiblement les communautés ne perçoivent et peut-être même objectivement ne trouvent aucun intérêt à travailler ensemble comme cela sera confirmé lors du troisième projet de Sophia.

 

L’étude de faisabilité d’un master 2009-2011

En 2006, la suppression en Flandre de la formation complémentaire en genre citée plus haut[2] provoqua dans le milieu des études féministes un électrochoc qui réveilla les énergies et stimula la mobilisation. Par son expérience et ses objectifs, Sophia incarnait au mieux la figure capable d’organiser la riposte à ce défi.

L’association pouvait cette fois défendre les études de genre en élargissant son champ d’action au pays tout entier puisque désormais, les deux communautés linguistiques partageaient la même précarité liée à l’absence d’institutionnalisation de ces études: insécurité professionnelle, fragilité des recherches et des enseignements qui ne survivent que grâce à l’engagement personnel et au bénévolat de celles et ceux qui les assument.

Le triangle de velours fonctionna à plein régime avec l’objectif de faire pression sur les autorités académiques. Associations et académiques étant sur la même longueur d’onde, il restait à convaincre la ministre de l‘Egalité de financer un projet d’intégration pérenne des savoirs féministes.

En 2008, la Ministre ayant marqué son accord, Sophia rassembla autour d’une table ronde des enseignant-e-s et chercheur-e-s en études de genre appartenant à toutes les universités des deux communautés pour réfléchir à la question de l’institutionnalisation de ces études. De cet échange, il ressortait que la priorité allait à l’instauration d’un master. Celui-ci apparaissait comme le meilleur outil pour transmettre largement les savoirs de genre et doter d’un bon bagage théorique les futur-e-s chercheur-e-s en genre.

C’est dans cet esprit que Sophia conçut et réalisa avec le soutien de l’Institut pour l’Egalité des Femmes et des Hommes (IEFH) une «étude de faisabilité d’un master bicommunautaire et interuniversitaire en genre» (Sophia, 2011). Pour mener à bien cette tâche, Sophia s’appuya sur des groupes de travail et un comité de pilotage réunissant des personnes actives dans le domaine du genre, des représentant-e-s des deux Ministres de l’enseignement et des conseils interuniversitaires des deux communautés linguistiques.

Tous les acteurs et toutes les actrices concerné-e-s étaient donc réuni-e-s dans une structure coordonnée par Sophia qui elle-même assumait un rôle multiple, effectuant la recherche, organisant les groupes de travail, mettant en réseau des personnes issues d’univers étanches (politique, administration, corps professoral, décideurs académiques, etc.) et donnant une impulsion de contenu via des propositions pour le master. Il fallait montrer preuves à l’appui que la création d’un master ne relevait pas de l’utopie, n’aurait pas un coût démesuré et répondait à un besoin.

De là les quatre paramètres analysés dans l’étude. Le cadre légal tout d’abord afin de déterminer quels types de formation de deuxième cycle, quelles procédures de création de ces formations, quelles législations linguistiques étaient le plus favorables à l’établissement d’un master en études de genre par delà les frontières linguistiques.

 Déjà à ce stade, la difficulté majeure signalée par l’étude réside au niveau de la co-diplomation en raison des différences de législations entre les deux communautés linguistiques. Ensuite, deuxième paramètre, l’offre existante d’enseignement en études de genre a été recensée, de même que le degré d’institutionnalisation de celles-ci ainsi que les thématiques abordées dans les deux communautés. Une offre existe bel et bien partout mais actuellement éparpillée, que la création d‘un master pourrait valoriser.

Pour dégager les paramètres institutionnels, une étude de marché a été menée auprès d’étudiant-e-s et d’acteurs et actrices du monde du travail pour évaluer l’attrait et l’intérêt d’un master en études de genre. Cette étude a fait apparaître une demande forte de la part des étudiant-e-s qui se plaignent d’un manque cruel de formation et se voient souvent contraint-e-s d’aller chercher un enseignement ou un encadrement de qualité à l’étranger.

Le monde du travail quant à lui a exprimé le besoin de cadres formé-e-s, d’expert-e-s capables de travailler avec une perspective de genre dans les entreprises, la politique ou le secteur social. Enfin, quatrième paramètre, les bonnes pratiques inspirées de la brochure «Tuning» sur les études de genre (Athena, 2010) qui atteste de l’existence au niveau européen de nombreux masters interuniversitaires dans ce domaine.

Pour conclure, l’étude de faisabilité décrit un projet de master aisément réalisable, fondé sur la création d’un tronc commun de cours sur le genre (cours théoriques et méthodologiques inexistants à l’heure actuelle) et sur l’offre de cours existants sous la forme d’un module de spécialisation. Cette formule devait permettre à des étudiant-e-s issu-e-s d’un large éventail de disciplines, sans nécessairement de connaissances préalables en genre, d’acquérir les fondements théoriques et méthodologiques nécessaires pour interroger leur discipline et l’articuler à d’autres.

L’étude publiée en 2011, fut présentée à l’Institut pour l’Egalité des femmes et des hommes en la présence des ministres respectifs de l’enseignement supérieur et … en l’absence des recteurs qui s’étaient contentés d’envoyer des représentant-e-s. Une absence tristement révélatrice de l’enjeu que représentent les études de genre pour les pouvoirs académiques. Pourtant, la réception du projet Master avait de loin dépassé les attentes des membres de Sophia. Frileux au départ, le groupe de pilotage avait pris les choses à cœur, les Ministres de l’enseignement supérieur promettaient un soutien non négligeable. Restaient donc les recteurs… 

Du côté flamand, ils accueillirent favorablement les rencontres d’enseignant-e-s en vue d’un master. Les structures Egalité en place au sein du Conseil interuniversitaire flamand (VLIR) permirent à un petit groupe d’académiques militantes de peaufiner le projet Sophia et de réaliser un travail de concertation et de collaboration fructueux entre les différentes universités flamandes. Ce travail fut approuvé par le comité d’accréditation des instances officielles et aboutit en février 2014 à la création d’un Master interuniversitaire en études de genre et diversité, enterrant définitivement le projet initial de Sophia d’un master interuniversitaire bicommunautaire.

Du côté francophone, il faudra à nouveau des initiatives  politiques et un changement d’angle d’attaque pour mettre les autorités académiques en demeure d’agir pour l’égalité entre les femmes et les hommes et par ricochet pour l’intégration des études de genre. En 2014, le Ministre de la fonction publique débloque un subside permettant de nommer des personnes contact genre dans les universités.

Leur mission consiste à dresser un état des lieux de la place des femmes et des hommes dans les carrières académiques et à promouvoir les études de genre. Suite au déblocage causé par cette intervention  ministérielle, Sophia a pris l’initiative d’organiser en février 2014 une ultime réunion afin de relancer la question de la création d’un master en Communauté française.

Lors de cette rencontre qui rassemblait des académiques, les personnes contact genre des universités, les représentant-e-s des ministres fédéraux et communautaires de l’égalité, de la fonction publique et de l’enseignement supérieur, toutes les personnes présentes ont plaidé d’une seule voix pour une mise à l’agenda aussi rapide que possible d’un projet de création de Master complémentaire interuniversitaire et interdisciplinaire en études de genre, à l’instar de la Flandre.

Finalement cette année, c’est au tour du Ministre de l’enseignement supérieur de décider par décret d’inscrire au sein du plus haut organe de décision en matière d’enseignement supérieur (ARES) le «Comité femmes et sciences» qui a pour objectif de promouvoir et d’améliorer la participation équilibrée des femmes et des hommes aux carrières scientifiques et académiques. Les politiques étant acquis, un certain nombre d’acteurs et d’actrices universitaires convaincu-e-s et engagé-e-s, la dynamique enclenchée, Sophia en tant que mouvement associatif n’a plus de rôle à jouer dans le processus, désormais sur les rails, d’institutionnalisation des études de genre en Communauté française.

 

Sauver l’université ?

La réussite que constitue la création d’un master en genre et diversité en Flandre et celle prochaine d’un tel master en Communauté française auxquelles Sophia a fortement contribué, ne représente qu’une goutte d’eau dans la mer. Ou plutôt dans l’océan de ce champ symbolique que le féminisme tente de transformer pour qu’advienne enfin une culture commune des femmes et des hommes.

Et pourtant que d’efforts, que de temps, que d’obstination et d’imagination il a fallu déployer pour atteindre ce modeste objectif. Et si c’était précisément là le propre de l’activisme féministe que d’assurer modestement mais obstinément et souvent secrètement la continuité, la permanence d’un travail de sape et d’invention dans un double mouvement de fidélité à la conscience critique et politique de femmes en lutte contre le système patriarcal et d’appropriation des règles du jeu institutionnel sans laquelle il est illusoire de penser que l’on peut rendre meilleure la vie réelle des femmes.

Si Sophia n’avait pas été pragmatique, réformiste et opportuniste en nouant des collaborations avec les institutions politiques et administratives chargées de l’égalité des chances entre les femmes et les hommes puis en modulant ses revendications en fonctions des priorités politiques, il est probable que le projet de master serait resté dans les limbes.

Quelque critique que l’on puisse être vis-à-vis des instances publiques d’égalité, elles-mêmes soumises à des injonctions extranationales, elles ont constitué en fin de compte le facteur le plus puissant de changements profonds dans les mentalités et pour la vie des femmes les vingt dernières années et, dans le cas des études de genre, elles ont fonctionné comme un véritable levier en imposant la problématique du genre de manière transversale dans les autres administrations.

L’apport de Sophia a consisté à mobiliser un réseau et à imaginer les contours et le contenu d’une formation en genre en s’appuyant sur le corpus de connaissances critiques produit lors de ses colloques et dans ses publications. Mainstream et marginalité ne s’excluent donc pas nécessairement, au contraire, si Sophia fait avancer la cause des femmes, c’est en gardant cette tension vive et en la travaillant continuellement.

L’épilogue heureux du projet master ne met toutefois pas un terme à l’activisme des membres de Sophia dont la composition a, elle aussi, changé au cours de ces 25 années. En effet, le nombre de femmes issues du monde associatif qui représentaient près de la moitié des effectifs en 1989, a diminué au profit de femmes (et quelques hommes) plus jeunes et professionnellement actives dans le milieu universitaire, aujourd’hui largement majoritaires y compris dans le Conseil d’administration de l’association.

Une nouvelle génération de jeunes doctorant-e-s ou assistant-e-s devenues féministes au contact des études de genre, est apparue au sein de Sophia. Contrairement aux idées véhiculées par les médias, il m’apparaît que les espaces de lutte du féminisme, loin de se réduire, se sont multipliés dans des lieux jusque là non touchés.

Les inégalités de toutes sortes produites au sein de l’université sont longtemps restées invisibles parce que, pris dans l’urgence du combat contre les violences et les inégalités économiques, le féminisme belge s’est, à l’origine, peu préoccupé de l’androcentrisme des savoirs ou du plafond de verre dans les universités. L’arrivée d’une relève à Sophia marque l’investissement de ce nouveau «terrain», l’université, par la lutte féministe, cassant par là le cliché de la fracture entre un féminisme théorique censé régner dans les facultés et un féminisme concret de terrain puisque ce qui se joue sur la scène académique est un vrai combat citoyen dont l’enjeu est capital pour la transformation des rapports sociaux de sexe.

Le néo-libéralisme n’épargnant pas les universités, le potentiel contestataire de Sophia est plus que jamais d’actualité comme l’affirme la coordinatrice francophone de Sophia dans un article intitulé «Plaidoyer pour un master en études de genre» (Wallemacq, 2012). L’auteure y dénonce de ce qu’elle appelle la «forteresse université» qui a oublié sa fonction de service à la société en bradant le contenu des formations pour attirer plus d’étudiant-e-s, en encourageant les filières qui proposent des débouchés concrets et rentables et en faisant pression sur les chercheur-e-s tenu-e-s à une production soutenue de publications.

 Elle y défend l’idée que les études de genre peuvent sauver l’université en crise car leur engagement politique pour la libération des femmes implique une dimension socialement subversive. L’action de Sophia pourrait alors, poursuit-elle, s’articuler avec celle des personnes et associations qui résistent à l’emprise néo-libérale sur les universités et à la marchandisation actuelle des savoirs, comme les mouvements de « slow science » qui prônent - à l’instar de la « slow food » pour une alimentation durable - un savoir qui prend le temps de se former et privilégie la qualité à la quantité ou encore comme ces chercheur-e-s et enseignant-e-s d’une université bruxelloise qui appelaient à une « désexcellence des universités ».

La mission de Sophia n’a donc rien perdu de sa pertinence : il est plus nécessaire que jamais de maintenir l’espace de liberté des études féministes comme le définissaient déjà en 2000 deux chercheuses de Sophia qui, reprenant des termes chers à Rosi Braidotti, en appelaient à «cultiver un ‘centre de résistance’, un ‘lieu de liberté’, où une ‘réflexion critique’ et une ‘éducation à la compréhension’ puissent se développer sur des problèmes qui ‘n’ont pas forcément de valeur commerciale’.» (Bracke & Puig, 2000 : 410).

 

 

Références

Albert, Karin. 1989. «Concepts et réalités des études féministes en Europe», Chronique Féministe, n°32 (juillet-août).

Athena. 2010. Tuning. Tuning Educational Structures in Europe. Reference Points for the Design and Delivery of Degree Programmes in Gender Studies, Universidad de Deusto, Bilbao.

Bracke, Sarah & Puig, Maria. 2000. «Etudes féministes et politiques d’égalité des chances… quells rapports?», Actes du colloque Etudes féministes en Belgique : 1997-2000- Akten van het colloquium Vrouwenstudies in België, Sophia, Bruxelles. 

Henau, J. de & Meulders, D. (2003). Alma Mater, Homo Sapiens. Quel genre pour la recherche universitaire ?, Bruxelles, Dulbea.

Plateau, Nadine. 2006. «Parcours de femmes dans les universités. Etat de la recherche en Belgique», in Ollagnier, Edmée et Solar, Claudie (dir.), Parcours de femmes dans les universités. Perspectives internationales, L’Harmattan.

Plateau, Nadine. 2005. Penser, c’est déjà changer: A propos de la réflexion féministe en Belgique francophone (1970-2005). Labrys - études féministes, www.labrys.net.br/labrys7/fem/nadine.htm, article consulté le 7 juillet 2016.

Sophia asbl, 2011. Etude de faisabilité relative à la création d’un master interuniversitaire en études de genre en Belgique. Rapport final, Institut pour l’Egalité des Femmes et des Hommes.

Stoffel, Sophie. 2004. «Sophia, un enjeu à la croisée des militantes et des institutions», Bulletin de Sophia n°40 (4e trimestre).

Van Haegendoren, M., Valgaeren, E.  & Noelanders, S. (2000). Gezocht : Professor (V). Een onderzoek naar vrouwen in academia, LUC & Ministerie van de Vlaamse Gemeenschap, Gelijke Kansen in Vlaanderen.

Vanherck, R.,Van Haegendoren, M., Van Houte, J., Theunisse, H. & Verbrugge, P.  (1991). Vrouwen aan universiteiten. Verklaring van de achterstelling van het vrouwelijk personeel aan Vlaamse universiteiten, UIA, Vrouwenstudies, Brussel, Kabinet van Staatsecretaris voor maatschappelijke emancipatie M. Smet.

Wallemacq, Catherine, 2012, «Plaidoyer pour un master en études de genre. De son intérêt sociétal à son apport à une université en crise», Chronique Féministe, n° 110 (juillet-décembre).

Woodward, Alison. 2000. «The Macdonaldization of the International Women’s Movement : Bad Aspects of Good Practices», Actes du colloque Etudes féministes en Belgique : 1997-2000- Akten van het colloquium Vrouwenstudies in België, Sophia, Bruxelles.

 

Note biographique

Nadine Plateau

Co-fondatrice de Chronique féministe, revue de l’Université des femmes, en 1982.

Fondatrice et administratrice de Sophia, réseau belge d’études de genre.

Présidente de la commission enseignement du Conseil des femmes francophones de Belgique, commission pluraliste qui a pour objectif d’intégrer une approche de l’égalité dans tout le système éducatif.

A mené des recherches sur l’intégration de politiques publiques d’égalité dans l’enseignement et la formation et plusieurs projets pilotes dans le domaine de la formation initiale et continuée des enseignant-e-s à l’égalité.

Ecrit aussi régulièrement des articles concernant le genre et l’enseignement.


 

> [1] Telle est  l’appellation actuelle mais à l’origine, Sophia fut baptisée «réseau belge de promotion des études féministes».

> [2] Le nouveau Ministre de l’Egalité a estimé que la VAO qui était principalement financée par le Ministère de l’Egalité devait être prise en charge par les universités elles-mêmes.

 

 

labrys, études féministes/ estudos feministas
janeiro/ junho 2016 - janvier/juillet 2016